L’Actualité CHU KHELLIL-AMRANE DE BÉJAÏA

70% du personnel soignant contaminés

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Kamal OUHNIA Publié 26 Janvier 2022 à 11:17

Bien que le nombre de contaminations et de décès dus à la Covid-19 soit en baisse à Béjaïa, les professionnels de santé, qui sont toujours sur le front, continuent de souffrir en silence, parfois au péril de leur vie. Éprouvés par cette pandémie qui n’a que trop duré, les personnels de santé n’échappent pas à cette quatrième vague, marquée par l’apparition du variant Omicron, qui apparaît très contagieux. En effet, pas moins de 70% des personnels médical et paramédical du centre hospitalo-universitaire Khellil-Amrane sont contaminés au coronavirus, nous a affirmé, hier, le coordinateur des activités paramédicales, Hafid Boudrahem. 

“Moi-même, je viens d’être testé positif à la Covid-19, confirmé par un test PCR, mais je continue à travailler, dès lors que je suis asymptomatique. Fort heureusement, j’ai fait ma troisième dose de vaccin anti-Covid-19. D’ailleurs, nombre de médecins et d’infirmiers testés positifs continuent à assumer pleinement leurs nobles missions”, nous a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : “Toutefois, on éprouve parfois des difficultés dans l’élaboration du tableau de gardes pour les 9 services Covid-19 ouverts au niveau de nos trois unités hospitalières.” 

Selon notre interlocuteur, l’une des contraintes majeures que rencontre le personnel soignant est le comportement “irresponsable” de la majorité des proches, parents et accompagnateurs de malades qui ne respectent pas les gestes barrières et les règles de prévention. Même son de cloche chez le professeur Derradj Boulanouar, du service de médecine du travail. Il affirme que de nombreux professionnels de la santé sont effectivement infectés par ce virus Corona qui, selon lui, “est très contagieux, mais moins virulent que le Delta”. “Nous avons enregistré beaucoup de cas de contaminations parmi nos personnels de santé, auxquels nous prescrivons des traitements ambulatoires. Autrement dit, la majorité d’entre eux ne souffrent pas vraiment de signes graves. Rares sont ceux qui sont confinés chez eux. C’est vous dire que nous assistons à une nette réduction des cas graves ces derniers jours.” 

À noter que les médecins et paramédicaux que nous avons rencontrés, hier, lors de notre visite à l’unité Frantz-Fanon, n’ont pas hésité à nous faire part de l’état d’épuisement professionnel (burn out) dont ils souffrent après deux longues années de labeur et de sacrifices. Ils se plaignent, en outre, du manque d’équipements de protection individuelle (masques, gants, surblouses…). 

Le Pr Ikhlef Madani, chef du service ophtalmologie et secrétaire général de la section du Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) à Béjaïa, assure que son personnel est contaminé à la Covid-19. Selon lui, l’occupation d’une chambre de malades par des médecins assurant les gardes Covid a fini par provoquer la contamination de la quasi-totalité du personnel de son service. “Outre les deux infirmiers de garde sur les trois en exercice, qui sont infectés par ce maudit virus, nos trois ophtalmologistes sont également positifs. Nous n’avons pas cessé de solliciter l’intervention des responsables concernés en vue de nous libérer cette chambre d’hospitalisation destinée aux malades et procéder à la désinfection de notre service qui reçoit majoritairement des sujets âgés”, a-t-il expliqué. Et d’ajouter qu’”en réalité, tout le personnel soignant est épuisé. Ce dernier est soumis à une surcharge de travail, d’où ce sentiment de fatigue intense. C’est le cas notamment de nos médecins résidents et nos assistants qui assurent des gardes à la fois dans le service ophtalmologie et dans les unités dédiées à la Covid-19”.

Notre interlocuteur nous a fait savoir, par ailleurs, le report de la réunion du conseil scientifique du CHU, qui devait avoir lieu en présentiel, hier, compte tenu des conditions sanitaires actuelles et par mesure de précaution. En première ligne dans la lutte contre ce satané virus depuis deux longues années, le Dr Abdelmadjid Hamitouche, médecin coordonnateur des services Covid à l’unité Frantz-Fanon, se dit “prêt à mourir” pour son travail et ceux qui méritent un tel sacrifice. “En dépit de tous les aléas et des risques du métier, je me suis engagé à être au chevet des malades jusqu’à mon dernier souffle. Ma femme est contaminée, mais je n’ose pas baisser les bras face à ce maudit virus.

Je dois m’acquitter de mes obligations envers les patients quel que soit le prix à payer. Mais non pas pour des privilèges, et surtout pas pour ceux qui ne fournissent aucun effort afin d'éviter ce qui est évitable”, a-t-il assuré. D’après le Dr Hamitouche, beaucoup de ses collègues sont aujourd’hui contaminés. Certains d’entre eux présentent des formes légères et continuent d’ailleurs à exercer leurs fonctions respectives, tandis que les cas jugés plus ou moins graves sont pris en charge à domicile. “Une façon de laisser les places à l’hôpital pour les patients qui souffrent de formes sévères, telles que les dyspnées, ainsi que pour les immunodéprimés”, a-t-il soutenu.

 


KAMAL OUHNIA

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