L’Actualité Son avocat a déposé plainte

Abdelwakil Blamm, l’autre victime de la violence policière

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Kamel GHIMOUZE Publié 27 Février 2021 à 00:05

Abdelwakil Blamm.. © D. R.
Abdelwakil Blamm.. © D. R.

Une plainte conjointe à  une  demande  d’intervention  adressée  au procureur  général  près  la  cour  d’Alger  a  été  déposée  par  Me Abdelghani Badi au nom de la victime.

Point  de  trêve  pour  la  machine répressive  déployée contre les  activistes pacifistes du Hirak, journalistes et militants politiques  opposants  au régime. Abdelwakil Blamm, hirakiste et non moins directeur du journal électronique Awras.com a fait, à son tour, les frais d’attitudes zélées de policiers en charge de la sécurisation de la marche célébrant le deuxième anniversaire du Hirak à Alger. 

C’était lundi dernier que d’aucuns ont qualifié non seulement de journée de commémoration de l’avènement du sursaut populaire du 22 février 2019 mais surtout de résurrection du Hirak après onze mois d’arrêt imposé par la pandémie de Covid-19. 

Une plainte conjointe à une demande d’intervention adressée au procureur général près la cour d’Alger vient, en effet, d’être déposée par Me Abdelghani Badi au nom de Abdelwakil Blamm suite aux exactions subies par ce dernier hors et dans les locaux de la 9e sûreté urbaine d’Alger.

Il s’agirait selon l’intitulé de la plainte qui nous a été transmise par la victime, de mauvais traitements, torture, atteinte à la dignité des personnes, menaces et coups et blessures volontaires.

Dans son récit des faits, Abdelwakil Blamm raconte qu’au moment de son interpellation par trois policiers en civil, lundi 22 février vers 10 heures, il était en train de filmer à l’aide de son smartphone, la procession des manifestants au boulevard Belouizdad en plein centre d’Alger. 

“Ils m’ont d’abord arraché le téléphone de la main, puis ils m’ont poussé violemment vers l’entrée d’un immeuble. J’ai cru un instant qu’il s’agissait de voleurs, mais ils ont aussitôt commencé à proférer des insultes à mon endroit.

Dès que j’ai su que j’avais affaire à des policiers, j’ai essayé de protester contre leurs injures et la manière avec laquelle ils m’ont apostrophé.

L’un d’eux m’a immédiatement asséna un violent coup de poing au visage et j’ai senti le sang couler sur mes lèvres. Je les ai alors traités de lâches et ils ont redoublé de férocité en me menottant et en me promettant de m’engrosser, en d’autres termes me violer, avant de me conduire au commissariat”, raconte le journaliste.

À l’intérieur du commissariat, les dépassements des fonctionnaires de police ne se sont pas arrêtés.  

“Sur place, les intimidations se sont poursuivies jusqu’à 14 heures, quand j’ai été prié de parapher le procès-verbal d’audition pour être relâché. Ce que j’ai refusé de faire en exigeant d’être consulté par un médecin sur place.

Une demande qui ne sera satisfaite que vers 19 heures”, ajoute-t-il. Il affirme avoir été ensuite emmené à l’hôpital Mustapha à la demande du médecin à cause des soupçons de lésion grave à la mâchoire. 

“Je n’ai été relâché qu’après 20 heures et le lendemain je me suis dirigé au service de médecine légale de l’hôpital Issad-Hassani de Beni Messous”, indique-t-il. Un certificat attestant de la présence d’une blessure, “une plaie simple superficielle de 0,5 centimètre au niveau de la lèvre supérieure à gauche non suturée”.

Un certificat qui atteste aussi d’une incapacité totale de deux jours. Des griefs qui légitiment la plainte déposée par Me Badi Abdelghani qui s’est fondé sur l’esprit de l’article 2 de la convention onusienne contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, paraphée par l’Algérie. 

De même, la plainte s’appuie sur l’esprit des articles 236, 263 bis, 298 bis et 284 du code pénal traitant d’injures, menaces et sévices corporels. Sur cette affaire, l’universitaire Adel Abderazak qui est également membre et activiste dans le comité contre la torture et les conditions carcérales estime que “non seulement il faut dénoncer ces comportements de la police qui, au nom de la gestion sécuritaire, est en train de piétiner toutes les règles du droit et des droits depuis le début du Hirak”.

“Nous allons prendre en charge cette affaire et nous allons nous informer sur ses moindres détails et recueillir les témoignages comme nous allons le faire pour tous ceux qui ont subi des tortures physiques, sexuelles et qui ont vécu des sévices. Nous avons l’intention d’aller le plus loin possible pour que ces appareils de sécurité ne fonctionnent plus en dehors de la loi”, assure l’universitaire. 

Pour l’avocat Amor Alla qui s’est toujours porté volontaire pour défendre les détenus du Hirak, la position du ministère de la Justice reste pour le moins intrigante face à tous ces dépassements. “Je me pose des questions sur cette inertie face à la multitude d’aveux des victimes et de l’écho médiatique de toutes ces affaires de torture et de maltraitance des détenus.

À l’heure actuelle, le ministère de la Justice demeure inaudible et on n’arrive pas à prendre acte de sa position réelle face à ces agissements ce qui nous pousse à nous poser d’autres questions, à savoir, qui est derrière cette situation car ce ne sont plus des cas isolés. Nekiche ou Blamm ont eu le courage de dire ce qu’ils ont subi mais combien d’autres victimes qui, par crainte, n’ont pas osé révéler ce qu’elles ont pu endurer ?”   
 

Kamel GHIMOUZE

 

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