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Yasmina Khadra Publié 24 Juin 2021 à 09:08

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Par : Yasmina Khadra
Écrivain

Que savons-nous de l'Histoire lorsque les enjeux du présent nous échappent ? Le mensonge supplante la vérité tous les jours, sous nos yeux, et la rumeur dame le pion aux hymnes les plus nobles. Le monde n'est que manipulations, fake news, intox et photoshop. Gardons-nous de perdre de vue nos repères. Nous sommes les faiseurs de demain. L'Histoire ne dit pas tout, elle dit ce qu'elle veut nous faire croire et entendre lorsque nous aurons cessé de croire en nous et de nous entendre.  

On ne s’improvise pas historien sur un coup de tête, mais on peut s’improviser pionnier sur un coup de cœur. Nous avons un pays à relever de ses décombres, une nation à guérir de ses vieux démons, une jeunesse à protéger de nos dérives. Il est grand temps de nous éveiller à nos vertus, à nos qualités, à nos compétences et à nos potentialités, car nous en avons à ne savoir où les engranger. Quant à nos défauts, nous les connaissons par cœur et nous en avons fait le tour des millions de fois. Il ne sert à rien de remuer le couteau de la discorde dans les plaies de notre mémoire. 

Nos blessures sont encore béantes et nos peines trop vives. Nous avons besoin de nous poser quelque part et panser nos fractures ouvertes tout en les “pensant” à tête reposée. Toutes les nations ont connu des hauts et des bas, à nous de réapprendre à gravir les montagnes pour être proches des prières de nos morts et proches des étoiles de nos enfants. Des empires ont été érigés à partir de rien, tandis que nous avons tant de choses à faire et tant d'autres à conquérir. La vie est si simple qu'une fausse donne risque de la compliquer. Pourquoi la compliquer alors ? C'est dans la simplicité que réside la force de toute conviction. Celui qui a une pierre à apporter à l'édifice ne doit pas l'utiliser pour lapider ses propres espérances. Celui qui veut être fier, au lieu de n'être que susceptible, doit comprendre que la fierté ne se réfère pas forcément à ce qui nous “préserve” des autres comme des pestiférés mais à ce qui nous rend précieux et utile aux autres. 

Lorsque je vois toutes ces haines chimériques entre frères jumeaux s'inscrire dans un projet de société, à l'heure où les autres nations s'unissent en dépit de tout ce qui les sépare historiquement, idéologiquement, religieusement, je ne peux m'empêcher de trembler. Nous nous engouffrons allègrement dans l'abîme et nous ne nous rendons pas compte de la noirceur en train d'enténébrer nos lumières, d'obscurcir nos horizons, jusqu'à notre présence d'esprit. 

Que nous arrive-t-il ? Nietzsche disait : “Lorsque la paix règne, l'homme belliqueux se fait la guerre à lui-même”. Eh bien, laissons-le dire. Nous avons nos proverbes, nos adages, nos poètes et les mises en garde de nos mères. Il nous suffit d'écouter l'appel de nos lendemains pour rattraper le temps perdu et, avec un peu de chance, le dépasser. L'Algérie mérite d'être aimée autrement, c'est-à-dire avec raison lorsque le cœur ne sait plus cadencer son pouls.

 

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