L’Actualité hirak

Ça marche encore

  • Placeholder

Souhila HAMMADI Publié 20 Mars 2021 à 00:05

Marche du hirak, hier, à Alger. © Sofiane Zitari/Liberté
Marche du hirak, hier, à Alger. © Sofiane Zitari/Liberté

Tenaces,  les  partisans   du  Hirak  continuent  de  battre  le  pavé  dans plusieurs villes du pays en ce quatrième vendredi depuis la reprise des manifestations.  Ils  ne  lâchent  pas  la  revendication  du  changement démocratique.

À 13h30, des éléments des forces  anti-émeutes  forment un cordon, bloquant les accès au marché Meissonnier et au Sacré-Cœur. À cet instant, des clameurs s’élèvent du lieu de culte : “Dawla madania, machi 3askaria”.

La marche hebdomadaire démarre, comme d’habitude, avec le slogan phare de l’insurrection citoyenne, engagée dans sa troisième année. La foule bigarrée grossit au fur et à mesure qu’elle progresse rue Didouche-Mourad en direction de la Grande Poste. Le dispositif de sécurité est plutôt léger.

Les policiers, en uniforme ou en civil, surveillent le cours de la manifestation sans intervenir. Pourtant, des irréductibles du Hirak avaient craint des velléités de répression après l’interpellation d’une dizaine de retraités de l’ANP vers midi.

Le groupe voulait donner le coup d’envoi à l’action de rue précocement. Dès l’entame de la manifestation, des hirakistes tentent de prendre son contrôle par des mots d’ordre se référant à la décennie noire et à la stigmatisation des Services de renseignement.

Le cortège  qui  arrive  de  Belcourt, d’El-Harrach  et  de  la  place du 1er-Mai parvient à les imposer relativement tout le long de la rue Hassiba-Ben Bouali. Mais les voix perdent de l’intensité au contact de la foule dense, affluant de la rue Didouche-Mourad et de Bab El-Oued.

Sur différents axes de l’“épicentre” du Hirak dans la capitale, les protestataires expriment  des  revendications  politiques  plus  en  phase  avec  l’esprit  du soulèvement  populaire : changement  du  régime ; primauté  du  civil sur le militaire ; période de transition, rejet des élections législatives anticipées du 12 juin 2021.

Pendant plus de trois  heures,  “Makach  intikhabat m3a el-3issabate”  (pas d’élections avec le gang) ; “Période de transition, souveraineté populaire” ; “… Le peuple s’est libéré, c’est lui qui décide, État civil” ; “Restituez le pouvoir au peuple”… ont résonné dans les rues d’Alger-Centre.

Se démarquant de l’agression dont ont été victimes des journalistes le vendredi précédent, de nombreux manifestants scandent à tue-tête : “Sahafa hourra, 3adala moustaqilla” (presse libre, justice indépendante)…

“Honneur aux journalistes qui rapportent la vérité telle qu’elle est. Honte aux journalistes qui la déforment”, a écrit une jeune femme sur une pancarte. “Je suis un fidèle du Hirak, je sors surtout pour une justice indépendante, fondement de la démocratie.

Il faut déboulonner ce système, sinon nous n’avancerons pas”, souligne le Dr Boudiba, médecin généraliste, rencontré à quelques encablures de la place Audin.

Sur des  écriteaux  ou  par  les  slogans, des  manifestants  revendiquent la démission du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, probablement à cause d’une note controversée adressée, l’avant-veille, aux représentants du ministère public.

À l’amorce de la rue Asselah-Hocine, le Dr Djamaleddine Oulmane attendait de pied ferme la procession de Bab El-Oued. Il porte une banderole représentant le sorcier Gargamel en train de poursuivre les Schtroumpfs avec une urne en bois.

“Je conçois une nouvelle banderole chaque vendredi”, révèle-t-il, soulignant que la rue est devenue une tribune d’expression libre, car les canaux conventionnels (médias notamment) sont contrôlés par l’État. “Le Hirak n’est pas encore une révolution, mais un bouillon de cultures révolutionnaires”, commente-t-il.

C’est  ce  qui  explique, de  son point  de  vue, le foisonnement de slogans politiques  et  idéologiques  différents,  parfois  contradictoires.  Il  regrette l’étouffement des revendications sociales, alors que des pans entiers de la population s’enlisent dans l’indigence.

“Le jour où les manifestants  feront la jonction  entre  la  demande sociale et politique, nous serons engagés dans un processus révolutionnaire”, épilogue-t-il. La mobilisation se poursuit jusqu’à 17h, dans une atmosphère détendue, sans incidents majeurs. 
 

Souhila H.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00