Liberté : Comment est la situation épidémiologique actuellement ?
Dr Halima Zerguine : Cela fait quelques jours que le nombre d’enfants consultant au niveau du pavillon des urgences pédiatriques du service de pédiatrie du CHU Touhami-Benflis de Batna va crescendo. Je pense que c’est la tendance constatée au niveau de tous les hôpitaux du pays.
En effet, même si les cas ne sont pas graves, la situation commence à devenir inquiétante. Pour la symptomatologie respiratoire et ORL, présentant des tableaux de viroses des voies aériennes, les consultations sont de plus en plus fréquentes.
Pour ce qui est des enfants hospitalisés, le nombre de cas n’a pas beaucoup augmenté.
Il est à noter aussi qu’actuellement, par expérience, certains parents cachent même la présence d’un tableau Covid-19 familial afin d’éviter l’isolement de leurs enfants.
Les enfants sont généralement asymptomatiques, cependant ils peuvent constituer un danger de contamination pour les adultes. Comment peut-on prévenir les contaminations en milieu scolaire ?
Les enfants sont asymptomatiques pour le Delta, cependant, pour l’Omicron, ils peuvent être touchés comme les adultes et du coup présenter des symptômes et des signes généraux tels que de la fièvre, des courbatures, des céphalées, des maux de gorge, etc.
Même si ces signes ne sont pas dangereux, ils peuvent constituer des réservoirs de contamination pour les adultes, notamment au niveau des établissements scolaires, d’où la nécessité de veiller au respect des gestes barrières et des mesures de prévention, à savoir le port du masque à partir de l’âge de la scolarité, le lavage fréquent des mains et la distanciation en classe et dans la cour d’école.
Faut-il vacciner les enfants ou les élèves à partir d’un certain âge ?
Pour la vaccination des enfants, le dossier est entre les mains des membres du comité scientifique. À mon avis, il n’y a pas d’intérêt à vacciner les enfants. Il ne faut pas vacciner les enfants maintenant pour deux raisons : premièrement, parce qu’ils ne sont pas beaucoup touchés par le variant Omicron et, deuxièmement, parce qu’il ne faut pas vacciner en plein pic de la pandémie. En effet, d’ici deux à trois semaines, nous serons en plein pic et nous ne pourrons pas assurer la vaccination des deux doses avant cette période, donc il vaut mieux ne pas y penser actuellement. Cela reste du ressort du comité scientifique qui a plus de données pour se prononcer et prendre une telle décision. Je peux insister sur la nécessité de renforcer les mesures de prévention et mettre davantage le focus sur la vaccination des adultes.
Le variant Omicron s’installe et, contrairement à Delta, il peut toucher les enfants. Comment doit-on faire face à une éventuelle flambée ?
En effet, nous sommes très inquiets quant à une éventuelle propagation de la pandémie parmi nos enfants car ces derniers sont très concernés par l’infection. Nous devons nous préparer davantage pour affronter un éventuel pic afin d’éviter la saturation des services et unités dédiés à la Covid-19 pédiatrique.
Qu’en est-il de l’hospitalisation à domicile ou de la prise en charge en ambulatoire ?
En cas de hausse du nombre d’enfants atteints de Covid-19 et de saturation des unités Covid-19, nous assurons les admissions pour les enfants présentant des infections nécessitant des soins en milieu hospitalier, les autres seront suivis en ambulatoire. D’ailleurs, c’est ce que nous faisons actuellement et ça a donné de bons résultats. Nous ne gardons que les enfants avec altération de l’état général, refus d’alimentation, déshydratation… Si on reçoit deux ou trois frères, on garde le plus petit, le plus déshydraté ou celui qui a une fièvre importante afin d’éviter les convulsions et nous assurons un suivi quotidien des autres enfants à la maison.
Entretien réalisé par : FAOUZI SENOUSSAOUI