Les deux anciens Premiers ministres impliqués désormais dans presque tous les dossiers liés à la corruption traités par la justice se sont vu confirmer les peines prononcées contre eux par le tribunal.
La cour d’Alger a confirmé hier les peines infligées aux deux anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal par le tribunal de première instance dans l’affaire GB Pharma, du groupe Condor appartenant à la famille Benhamadi, qui les a condamnés à 10 ans de prison et à un million de dinars d’amende, avec la saisie de tous leurs biens.
Fin novembre, les deux anciens responsables de l’Exécutif, sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika, avaient été condamnés pour “octroi de privilèges injustifiés” au groupe Condor, pour la construction d’une usine et l’importation de produits pharmaceutiques, et “abus de pouvoir” lié à leurs fonctions à l’époque des faits.
Ce que les deux mis en cause ont nié en bloc, chargeant l’Agence nationale de développement de l’investissement (Andi) et le ministère de la Santé, estimant aussi que s’ils devaient être poursuivis en justice, ce serait pour leur responsabilité politique et non pas pénale.
Outre l’accès aux crédits bancaires, dont cette filiale de Condor a bénéficié, BG Pharma a obtenu un terrain de plus de 18 000 mètres carrés, dans la Nouvelle ville de Sidi Abdellah, à l’ouest d’Alger, pour la construction de son usine de médicaments, bénéficiant aussi d’avantages fiscaux et douaniers.
Poursuivie en justice, BG Pharma a été mise sous scellés et devait être liquidée. Mais la cour a prononcé l’annulation de sa mise sous scellés et sa liquidation, vu que son cas est toujours en instruction au niveau du tribunal de première instance de Sidi M’hamed.
Toutefois, les biens de cette entreprise resteront sous scellés en attendant la fin de l’enquête, a précisé la juge lors de la lecture du verdict de ce procès en appel, qui a eu lieu dimanche dernier. Toujours concernant ce procès en appel dans le dossier Condor, la cour d’Alger a prononcé la culpabilité de M. Sellal dans l’affaire du marché public de téléphonie entre le groupe des Benhamadi et l’entreprise publique Mobilis.
Le troisième volet de ce procès intenté contre les Benhamadi et impliquant les deux anciens Premiers ministres, mais aussi l’ancien ministre des Transports et des Travaux publics, Abdelghani Zaâlane, est celui du financement occulte de la campagne électorale, qui n’a jamais eu lieu, de l’ex-président de la République Abdelaziz Bouteflika.
Poursuivis pour l’ouverture de deux comptes de campagne, où étaient versées les contributions financières des soutiens à M. Bouteflika, MM. Sellal et Zaâlane ont finalement été acquittés par la cour.
Pour rappel, la famille Benhamadi a versé quelque 5,8 milliards de centimes de contribution à la campagne de M. Bouteflika pour un cinquième mandat.
MM. Sellal et Zaâlane, en tant qu’anciens directeurs de campagne de Bouteflika, se sont toujours défendus d’avoir touché à l’argent déposé dans ces deux comptes, affirmant que leur rôle était plutôt politique et que c’était le défunt sénateur Chaïd Hammoud qui s’occupait du volet financier.
Lyès MENACER