L’Actualité Karim Younès

Fin de médiation !

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Mohamed MOULOUDJ Publié 19 Mai 2021 à 09:58

© D.R
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À la surprise générale, le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a mis fin, hier, aux fonctions du médiateur de la République, Karim Younès, et nommé à sa place Brahim Merad. Celui qui fut président du panel du dialogue s’est distingué tout récemment par son discours conciliant. Il n’ira pas au bout de sa mission.

Karim Younès n’est plus ministre d’État, médiateur de la République. Le président Tebboune a décidé, hier, de mettre fin à ses fonctions et de désigner Brahim Merad, ancien wali et chargé des zones d’ombres comme nouveau médiateur de la République. 

Ce départ inattendu d’un proche du chef de l’État signe la fin de mission à un homme dont la tonalité dans le discours tranchait singulièrement avec le discours officiel. Indice de nouveaux rééquilibrages au sein du sérail ? Si l’on ignore pour l’heure les raisons de son limogeage, il n’en demeure pas moins que depuis qu’il est sorti “indemne” d’une tentative de bâillonnement, il poussait la rhétorique jusqu’au fait de se poser comme un “résistant” contre une orientation partagée par tous. 
Un bref aperçu de son parcours depuis son rappel pour présider aux destinées de la commission de dialogue en 2019 démontre qu’il s’est parfois positionné sans trop se soucier des équilibres fragiles au sein du pouvoir. 

Son retour a été ponctué par son rôle prépondérant au sein du panel de dialogue et de médiation qu’il a drivé pour préparer le terrain à l’élection présidentielle de décembre 2019. Une mission qui n’a pas eu les résultats escomptés pour le régime : d’abord, en ne réussissant pas à convaincre nombre de figures d’adhérer à la démarche et ensuite, compte-tenu de la situation politique d’alors marquée par la persistance du mouvement populaire qui s’était opposé à la feuille de route du pouvoir, à savoir le retour à la légitimité constitutionnelle. 

L’initiative a été lancée, pour rappel, au temps fort du défunt Ahmed Gaïd Salah. Ce dernier avait refusé tout préalable à un quelconque dialogue comme le réclamait pourtant Karim Younès. 
Premier couac pour l’ancien président de l’APN qui avait posé des conditions pour mener à bien sa mission. Il avait préconisé de faire des résultats des consultations “une feuille de route” à laquelle les candidats à la présidentielle de décembre 2019 devaient se référer. 

Il avait exigé des mesures d’apaisement, comme l’arrêt des arrestations, le respect du droit à la manifestation, la levée des entraves à l’exercice politique, l’ouverture des médias et la levée des barrages pour l’entrée à Alger. Du coup, Karim Younès s’était révélé comme “l’unique” porte-parole du pouvoir d’autant que le contexte était marqué par une présidence intérimaire. 
Une sorte de médiation qu’il avait entamée avant l’heure. En février 2020, il sera officiellement nommé médiateur de la République. Il entame aussitôt son travail, mais sans avoir les moyens nécessaires pour réaliser ses engagements et partant, ceux du chef de l’État. 

En 14 mois à la tête de l’instance, Karim Younès aura réussi la prouesse de mettre un médiateur dans chaque région, même si les nominations dans les wilayas laissaient à désirer, des sources soutenant qu’il “ne détenait pas le pouvoir de nomination”. Il y a quelques mois, il avait évoqué l’existence “d’entraves” à l’action du chef de l’État dans l’administration, gangrénée selon lui, par la corruption. Plus récemment, il a établi un rapport accablant sur la corruption et la bureaucratie, en plaidant “le nécessaire dialogue” pour trouver des solutions à la crise multidimensionnelle que traverse pays. 
Il a prôné des solutions de consensus à la crise, en appelant à la mise sur pied d’un front national de solidarité. 
Le départ de ce proche du président Tebboune signifie-t-il qu’il a été soumis à une terrible pression ? Ou s’agit-il d’un vœu d’un homme qui dit-on sait quitter la table quand le consensus est desservi pour paraphraser une chanson d’Aznavour, comme il l’avait fait en 2004 ? Ou paye-t-il ses “incartades” ? Son départ en tout cas à une période pleine d’incertitudes ouvre la voie à toutes les supputations.  

Mohamed Mouloudj

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