De très nombreux Algériens se sont déplacés hier en début d’après-midi à la place de la République Paris, pour célébrer l’an II du Hirak. À l’origine, une marche était prévue jusqu’à la place de la Bastille. Mais la préfecture de police de Paris a refusé de délivrer une autorisation aux organisateurs. “Le coup de fil de Macron à Tebboune explique tout”, ironise Yasmine Si Hadj Mohand, figure emblématique du Hirak parisien.
Pendant plusieurs jours, la jeune militante a sonné l’appel des troupes en demandant aux Algériens de la diaspora d’inonder la place de la République. “Nous devons créer un véritable tsunami”, a-t-elle martelé sur les réseaux sociaux. Hier, elle a donné de la voix comme des centaines de manifestants, en revisitant les slogans les plus populaires de la révolution du sourire.
L’emblème national était également omniprésent, couvrant des épaules ou flottant haut dans le ciel parisien, qui a pris les couleurs d’un printemps précoce. “Il faisait tout aussi beau le 17 février 2019, lorsque nous avions organisé notre premier rassemblement ici”, se remémore Abdellah, étudiant à la Sorbonne.
Ce jour-là, l’affluence des manifestants était tellement importante qu’elle avait surpris les organisateurs. Faïza Menai du “Collectif Debout l’Algérie”, se souvient du restaurant où elle avait préparé le rassemblement avec une poignée de militants. Depuis, son engagement est resté infaillible. Les mots d’ordre inchangés : “Yetnehaw gaa. Dawla Madania machi askaria”.
“Le système que nous avons combattu il y a deux ans n’a pas disparu. Il s’est maintenu grâce à des élections illégitimes et à un tripatouillage de la constitution. Après une longue absence en Allemagne, Tebboune revient avec l’intention de continuer à nous embobiner.
Il a tort de penser qu’il peut empêcher la reprise du Hirak avec des annonces grotesques sur le remaniement du gouvernement et la dissolution de l’APN”, explique Madjid, un militant. Il accuse le pouvoir de vouloir absolument s’approprier le Hirak pour le vider de son sens et le réduire à néant.
“Pour nous, le Hirak, ce ne sont pas des commémorations mais une révolution qui se poursuit”, souligne Malika, une mère de famille qui a rejoint les manifestants de la place de la République, avec ses enfants. Plusieurs collectifs de la diaspora ont participé à l’organisation du rassemblement d’hier.
Dans un communiqué rendu public, il y a quelques jours, ils ont fait savoir que la mobilisation de la diaspora, “à l’instar de toutes les initiatives annoncées un peu partout en Algérie et à l’extérieur du pays, se veut une illustration parfaite de l’attachement des Algériens à leur revendication de base quant à l’amorce d’une véritable période de transition pour aller vers un Etat démocratique et des libertés, un Etat de droit et de loi, entièrement débarrassé des pratiques d’un système corrompu et mafieux, ou les intérêts suprêmes du pays et de son peuple sont préservés”.
Les organisateurs ont également tenu à rappeler la sincérité de leur engagement au profit du changement politique ne Algérie.
“Nous rappelons à l’adresse de ceux qui ne cessent de brandir le spectre du complot de l’étranger et de la menace extérieure, que l’Algérie n’est ciblée que par le désir ardent de ses enfants intègres et patriotes dans le seul but de la propulser vers le panthéon des nations libres, prospères et stables”, souligne le communiqué.
Samia LOKMANE-KHELIL