L’Actualité Les professionnels appellent à tirer profit de la relocalisation des marques mondiales

Franchise contre l’informel

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Ali TITOUCHE Publié 31 Octobre 2021 à 10:51

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Des marques mondiales projettent de relocaliser certains ateliers dans le pourtour méditerranéen. L’Algérie pourrait être une destination de choix pour peu que la réglementation en vigueur soit révisée pour permettre à cette activité, présentée comme une alternative à l’informel, d’exister.

Avec l’ampleur de l’informel dans l’économie, les franchisés estiment avoir un rôle à jouer dans cette lutte annoncée contre les circuits invisibles de l’économie. D’abord, à l’image de la grande distribution, les franchises “évoluent dans une traçabilité totale : bancaire, fiscale et sociale, et constituent un important levier de contrôle de l’activité commerciale. Pour peu que celles-ci soient aidées à travers un cadre réglementaire clair”, estime, d’emblée, Mustapha Nia, franchisé et représentant algérien de plusieurs marques mondiales. Selon lui, les franchisés algériens ne sont pas moins ambitieux que les autres industriels et/ou sous-traitants et nourrissent le rêve d’usiner en passant de la grande distribution des marques à la production. 

L’objectif d’usiner anime plus d’un franchisé algérien, d’autant que les coûts des franchises deviennent de plus en plus insoutenables, entre impositions, coûts de fret et de transport, ainsi que la double imposition de l’étiquetage, sans parler des coûts bancaires et des mesures administratives qui, souvent, pénalisent les franchisés algériens au profit des fournisseurs. Selon Mustapha Nia, responsable du groupe Nia, détenteur de plusieurs franchises, de nouveaux projets naissent chez les marques mondiales : ceux de relocaliser certains ateliers dans les pays du pourtour méditerranéen. 

“Des pays comme l’Éthiopie, le Pakistan et le Bangladesh ont commencé avec la sous-traitance pour devenir ensuite les ateliers du monde. L’Algérie peut, elle aussi, tirer  profit de cette volonté des grandes marques mondiales de relocaliser dans les pays de la Méditerranée qui offrent des avantages comparatifs et non des moindres. Pour peu qu’il y ait une stabilité juridique et un cadre réglementaire facilitant l’évolution des franchises”, estime notre interlocuteur. 

À cause du phénomène de l’instabilité juridique qui a caractérisé les lois régissant l’importation ces dernières années, leurs coûts sont à la hausse pour les franchises, ce qui ralentit leur essor, alors que, de l’avis des franchisés rencontrés à Alger, la grande distribution constitue une meilleure parade à l’informel. Si et seulement si elle réussit à se développer en harmonie avec la nouvelle volonté de remettre de l’ordre dans la filière de la vente en l’état. “Notre souhait est que les autorités se penchent sur la réorganisation de la vente en l’état avec la consultation des opérateurs”, espère le responsable du groupe Nia, estimant qu’il est temps de “reconnaître la franchise comme étant un outil et non des moindres pour le développement de l’économie et de la doter d’un cadre juridique permettant son évolution dans un environnement stable et transparent”. 

Ambitions versus restrictions
L’avantage de la franchise, selon Mustapha Nia, est qu’elle évolue dans une parfaite traçabilité sur l’ensemble des maillons de la chaîne : la bancarisation de son activité et de ses profits, la contribution à l’impôt et aux cotisations sociales. Que ce soit sous forme de contribution directe au budget de l’État et aux initiatives de bancarisation des activités économiques ou d’opération marketing qui permet de référencer l’Algérie à l’international, les franchises représentent, selon les franchisés, un instrument pouvant aider à assainir la vente en l’état, à condition que cet outil jouisse de l’attention des autorités qui, depuis quelques mois, œuvrent à mener à bon port les réformes entreprises dans le domaine du commerce extérieur. 

“Avec cette volonté clairement affichée de remettre de l’ordre dans les activités du commerce extérieur, le gouvernement doit débureaucratiser, privilégier les filières créatrices de richesses et d’emplois et inciter les entreprises à investir localement dans les réseaux de grande distribution, ainsi que dans la production. C’est une orientation à grande valeur ajoutée pour l’économie nationale”, estime Mustapha Nia. Plombée par l’absence d’un dispositif juridique spécifique et par l’instabilité des lois régissant la vente en l’état, les franchises algériennes battent de l’aile et branlent dans le noir faute de perspectives. 

“Les réformes actuelles présentent une meilleure opportunité afin d’assainir la situation et de permettre ainsi à la grande distribution et aux franchises de contribuer pleinement à de meilleures organisation et traçabilité des activités commerciales”, conclut notre interlocuteur. Face à l’ambition des franchises de transformer leur modèle, les difficultés se sont accumulées ces dernières années, plongeant cette activité dans l’incertitude. Les restrictions qui ont affecté les activités de l’importation ont affecté les franchises. Entre la hausse des coûts bancaires et fiscaux qui, souvent, avantagent les fournisseurs au détriment des opérateurs algériens, l’instabilité juridique et la concurrence déloyale menée par les importations “sauvages” dont l’origine et la qualité ne sont pas souvent vérifiées, les franchises se retrouvent triplement pénalisées.  

 


A. T.

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