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HADJ MILIANI, UN CÉLÈBRE ORANAIS, UN IMMENSE ALGÉRIEN

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Samir OULD ALI Publié 02 Juillet 2021 à 23:25

© D. R.
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Hadj Miliani a  quitté  ce  monde  à  l’âge de 70 ans  au  terme d’un demi-siècle de recherches et de transmission du savoir dans  les domaines littéraire,  musical  et  cinématographique  qu’il  affectionnait  tout particulièrement.

La nouvelle est tombée, hier, tel un couperet. Hadji Miliani  est mort.  L’homme qui promenait son chapeau panama aussi  bien  dans les événements culturels que dans les marches du Hirak a rejoint l’Éternel dans la nuit de jeudi à vendredi, quelques jours après avoir contracté la Covid-19.

“Il pensait qu’il s’agissait d’une simple grippe avant d’être admis à l’hôpital Nedjma où l’on a découvert qu’il avait été contaminé par le coronavirus”, rapporte un de ses amis et voisins, interloqué par la nouvelle de son décès. “Il était pourtant très pointilleux sur le port de la bavette, la distanciation physique et l’usage du gel hydro-alcoolique. Il refusait même de serrer la main”, continue notre témoin qui dit avoir régulièrement croisé le défunt dans l’un des marchés de fruits et légumes de l’USTO.

Hadj Miliani a quitté ce monde à l’âge de 70 ans au terme de quelque cinquante années de recherches et de transmission du savoir dans les domaines littéraire, musical et cinématographique qu’il affectionnait tout particulièrement.

Titulaire d’une licence de littérature (1978) et d’un magistère en littérature maghrébine (1989) à l’université d’Oran, le défunt a commencé à dispenser son savoir à l’université de la ville qui l’avait vu naître le 21 mars 1951.

En parallèle à sa charge d’enseignant à Sénia, Hadj Miliani multipliait les activités dans les arts et la culture   et prenait part à toutes les initiatives visant à la promotion culturelle à Oran. Dans les années 1990, il avait même initié la “Convention du rap”, une tentative de sortir de l’ombre les rappeurs qui foisonnaient à cette époque-là et les faire connaître au grand public.

Au fil des années, Hadj Miliani se forgera une solide réputation dans le monde de la littérature et de la culture en Algérie. Ses travaux et recherches sur la musique raï et L’aventure du raï, livre coécrit avec le chercheur Bouziane Daoudi, en feront une des “références” de ce genre musical.

En 1997, il obtient son doctorat en littérature à l’université Paris 13 et continue ses travaux académiques sur les arts : il produira de nombreuses publications, participera à des ouvrages collectifs et dirigera plusieurs projets de recherches. Beurs’ mélodies… (2003), Art et trans-culturalité au Maghreb (2007), Alger-Beyrouth, capitales de la couleur (2010), Des louangeurs au home cinéma (2010), Histoire et institutions du champ culturel en Algérie (2014)… et d’autres travaux braqueront les projecteurs sur la culture algérienne, mais aussi sur d’autres cultures en France et ailleurs.

Son apport est tel qu’il est régulièrement sollicité pour animer, voire diriger des événements culturels : on se souvient, notamment, qu’il fut l’un des organisateurs du Festival de la chanson oranaise et sollicité pour présider l’un des jurys du 6e Festival d’Oran du film arabe. 

Travailleur acharné, il était professeur de littérature maghrébine à l’université de Mostaganem, chercheur associé au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), membre de plusieurs conseils scientifiques dont celui, algéro-français, du Réseau de langue française et expressions francophones (La FEF), et du Centre d’études maghrébines en Algérie.

Il faisait également partie des comités de lecture des revues Insanyat, Synergie-Algérie et Résolang… Ce “révolté” de la Culture (avec un grand C) qu’il voulait vivante et passionnante ne pouvait pas rester insensible à la formidable explosion du 22 Février 2019.

Il fut tout naturellement l’un de ces milliers de marcheurs du vendredi qui arpentèrent une année durant les avenues d’Oran en revendiquant une Algérie multiculturelle, plurielle assumée. Hadj Miliani a fait sa dernière apparition publique la semaine passée au siège de l’association féministe Fard, à l’occasion d’une rencontre autour du dernier livre de Mohamed Mebtoul Covid-19. La mise à nu du politique.

En privé, le défunt avait déploré l’inexistence d’une manifestation livresque à Oran et émis l’idée de la création d’un salon du livre. Hadj Miliani a été inhumé, hier, au cimetière d’Aïn El-Beïda, en présence d’une foule d’amis et proches atterrés par sa soudaine disparition. 
 

S. OULD ALI

 

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