Le secteur public marchand a connu plusieurs réformes qui ont été accompagnées d’opérations d’assainissement financier et de plans de redressement et de développement, pris en charge par le Trésor et les banques publiques.
Cependant, les différentes opérations de restructuration engagées dès le début des années 1980 n’ont pas obtenu les résultats escomptés. Elles n’ont pas permis l’émergence de véritables entreprises économiquement viables et financièrement équilibrées. Intervenant lors de la rencontre gouvernement-walis, le ministre de l’Industrie a indiqué que “le secteur industriel public fait face, dans le contexte économique actuel, à de nombreuses difficultés.
D'où la nécessité d'une révision de ses mécanismes en vue d'activer son rôle dans l'économie nationale, particulièrement l'industrie”. Le ministre a fait état d'une batterie de mesures, notamment la généralisation des contrats de performance et l'obligation de résultat pour les dirigeants.
Il s'agit, également, d'accorder davantage de flexibilité aux responsables dans la gestion des entreprises publiques économiques tout en libérant l'esprit d'initiative, a ajouté M. Zeghdar. Pour le professeur d’économie, Mourad Goumiri, “il faut analyser les maux dont souffrent les entreprises publiques, de manière à trouver des solutions radicales et de les inscrire dans les contrats de performance et dans l'obligation de résultats”.
Selon lui, “sans autonomie réelle de l'entreprise et notamment aujourd'hui avec le retour de la tutelle ministérielle via les sociétés de gestion des participations (SGP), comment voulez-vous qu'elles puissent agir et réagir pour être performantes ?”. L’économiste évoque les prix relatifs qu'on impose à certaines entreprises publiques (eau, électricité, gaz, carburants...). Il pointe le suremploi que les sociétés publiques subissent, par injonction.
Mourad Goumiri cite, aussi, les sujétions de service public qu’elles sont obligées d'accepter, sans compensation de l'État. “Les entreprises publiques affichent des déficits, doublés de frais financiers subséquents que l'on retrouve dans les comptes bancaires, qui grèvent l'équilibre bilanciel des banques publiques qui, elles-mêmes, sont aussi obligées de les financer, à chaque exercice... C'est la quadrature du cercle”, relève l’économiste.
Pour ce dernier, “il faut donc introduire de la transparence et de la responsabilité pour que chaque acteur (Trésor, ministères, banques, syndicat...) joue son rôle et prenne ses responsabilités sinon, chacun rejettera la responsabilité sur l'autre, et en bout de course, c'est le contribuable qui paiera”. Mourad Goumiri n'attend “rien des décisions annoncées, tant que les problèmes de fond ne sont pas solutionnés”. Et la solution est claire pour tout expert, estime-t-il.
C’est le retour aux réformes économiques et à l'autonomie des entreprises mises en œuvre dans les années 80 et qui ont été vidées de leur substance depuis. “Même si vous injectez l'excellence managériale, dans la situation actuelle, vous n'obtiendrez aucun résultat probant”, soutient Mourad Goumiri.
Meziane RABHI