L’Actualité YOUNÈS GRAR, EXPERT EN TIC

“Il faut une stratégie nationale de cybernétique”

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Farid BELGACEM Publié 06 Octobre 2021 à 10:34

© D.R
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Liberté : Comme nous l’a montré le rapport de Securelist de Kaspersky et les récentes attaques du Maroc, les cyberattaques représentent une réelle menace pour l’Algérie. Comment appréhendez-vous cette menace ?

Younès Grar : On a déjà vécu ces guerres électroniques entre les USA, la Chine, la Russie, l’Iran, etc. L’Algérie n’est pas exclue de cette guerre électronique. Elle est ciblée par cette guerre ! Notamment à cause des conflits régionaux. L’Algérie n’a pas que des pays amis, elle a également des pays ennemis et qui veulent lui faire du mal en s’attaquant à ses systèmes d’information pour la déstabiliser. 
On reçoit beaucoup d’attaques pour désactiver les services de numérisation et les rendre inaccessibles, mais aussi instaurer la méfiance chez les citoyens. De l’autre côté, on a vécu l’affaire du logiciel Pegasus d’espionnage avec le Maroc qui s’est attaqué à des personnalités algériennes à travers le téléphone et les applications utilisées sur le smartphone. Cela démontre que l’Algérie est bien ciblée. Maintenant, il s’agit d’organiser une riposte à travers des antivirus et des systèmes anti-intrusion et instaurer une nouvelle culture électronique pour se prémunir de ces attaques. 
Cela dit, il faut savoir que ce sont tous les pays qui sont attaqués, pas uniquement l’Algérie ! Il ne faut pas s’alarmer. Au contraire, il faut se préparer scientifiquement et techniquement parce que c’est l’affaire de toute notre vie. Aujourd’hui, c’est le Maroc, demain, ce sera un autre pays.

Les mails constituent une forme sévère d’attaques et de vols de données, selon le même rapport, notamment via les spams et le hameçonnage. Comment peut-on défaire les parades des cybercriminels ?

Les mails sont les outils les plus utilisés du point de vue professionnel et de la périodicité d’usage pour recevoir des messages et des données, mais aussi pour accéder aux réseaux sociaux. C’est un outil très ciblé par les cybercriminels. La méfiance est de mise et à charge de l’utilisateur d’être vigilant quant à la fiabilité des données et des liens qu’il reçoit. Cette culture, il faut l’inculquer au citoyen dès le bas âge, c’est-à-dire dès le niveau élémentaire de l’élève. Tout le monde est concerné par cette culture. Aussi, il faut solliciter l’assistance et l’accompagnement des spécialistes pour résoudre les problèmes liés à ces mails indésirables. Il faut former le citoyen à la sécurité numérique. Mais, en amont, ce sont les décideurs qui sont le plus concernés, que ce soit dans les entreprises, les administrations ou encore les secteurs stratégiques où les données ont une importance primordiale. Il y va de la vie privée du citoyen jusqu’à l’intégrité de l’État.

Que préconiseriez-vous pour assurer une immunité contre les formes d’espionnage  auxquelles fait face l’Algérie, notamment de la part de nos voisins de l’Ouest ?

Il faut une stratégie nationale de cybernétique pour protéger notre réseau pour qu’il ne soit pas ciblé par des attaques récurrentes et qui pourraient provoquer des dégâts inestimables sur les systèmes d’information du pays. Il faut être sur le qui-vive et déployer des experts du domaine pour mettre en place cette stratégie qui touchera tous les secteurs sans exclusive. Parallèlement, il faut sensibiliser et former à tous les niveaux. Car les retombées d’une attaque sont souvent désastreuses pour un pays. Aussi, l’Algérie a beaucoup plus besoin d’outils et d’équipements électroniques de sécurisation des données pour se prémunir contre les attaques similaires à celles perpétrées par nos voisins (Maroc, ndlr). 
Du reste, il ne faut pas se contenter d’une seule entreprise ou d’un seul pays pour acquérir ces solutions, sinon, on tombera sous le coup d’une dépendance ou d’injonctions de leurs gouvernements. Il faut les accompagner avec des entreprises locales pour limiter cette dépendance. Enfin, je préconise la création d’une structure pour analyser les données et les attaques, comme celles du logiciel Pegasus du Maroc. C’est cette structure qui prendra les décisions adéquates, y compris les poursuites judiciaires aux tribunaux internationaux.

 

Entretien réalisé par : F. BELGACEM

 

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