L’Actualité Mohammed Harbi à propos du 17 octobre 1961

La France doit “reconnaître un massacre d’État”

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Samir OULD ALI Publié 17 Octobre 2021 à 11:06

La France ne peut pas faire l’économie de la reconnaissance des tueries du 17 Octobre 1961 comme un massacre d’État. C’est ce que l’historien Mohammed Harbi a affirmé, hier, dans un entretien accordé au journal Le Monde, alors que le président français, Emmanuel Macron, était attendu dans la commune de Colombes où il devait rendre hommage aux centaines d’Algériens tués et noyés par la police de Maurice Papon, il y a 60 ans, lors de manifestations pour l’indépendance. “Il faudrait qu’il (Emmanuel Macron) reconnaisse le massacre d’État. On ne peut pas éviter cela. Il faut reconnaître la crise”, a soutenu l’historien qui reconnaît au président français d’avoir “eu le courage d’ouvrir le chantier” dans un pays où “d’autres problèmes barrent la route à celui qui veut se livrer à ce travail de reconnaissance”, a encore indiqué Mohammed Harbi en évoquant, notamment, les “tenants du parti nostalgique”, probablement en référence au Front national.

Interrogé sur la “réconciliation mémorielle” proposée par Benjamin Stora dans son rapport de janvier 2021, l’historien algérien aurait préféré une approche différente de la problématique de l’apaisement des mémoires. “Je pense qu’il aurait fallu aborder les choses sous l’angle ‘vérité et justice’ avec, en particulier, la reconnaissance des massacres”, a-t-il indiqué en s’interdisant, toutefois, de mépriser le type d’ouverture proposée par Benjamin Stora, même s’il doute de son aboutissement parce qu’elle morcelle la solution. “Le problème, ce n’est pas la réconciliation, c’est la justice. C’est la justice qui va apporter la réconciliation et non l’inverse”, a-t-il encore expliqué. Spécialiste reconnu de l’Algérie et du Maghreb, Benjamin Stora a également été interrogé sur les événements d’Octobre 1961 par les médias français et, comme Harbi, il appelle à reconnaître un crime d’État. “Ce n'est pas un seul discours d'excuses et de repentance qui réglera une blessure mémorielle profonde. C'est un chantier qui s'ouvre”, a-t-il encore dit.

Dans son interview au journal Le Monde, Mohammed Harbi s’est, par ailleurs, exprimé sur la situation du Hirak en expliquant que ce mouvement constitue l’entrée en politique d’une nouvelle génération qui fait, en ce moment, l’expérience de la répression. “Il en sortira des militants qui n’ont rien à voir avec les anciens”, assure-t-il en dénonçant la répression des autorités et leurs tentatives de “casser les fortes têtes et susciter un désespoir propice à toutes les aventures”. L’historien, qui affirme qu’en politique les résultats ne sont pas immédiats, semble, malgré tout, optimiste pour l’avenir de l’Algérie qui “s’est mise à refaire la société avec le mouvement du Hirak”. C’est pour cela qu’il faut avoir le courage de réécrire l’histoire de l’Algérie sérieusement. “Dire ce qu’on a fait, comment on l’a fait et pourquoi ça a dérivé (…) Il faut lever l’obstacle du scepticisme et du fatalisme qui entravent le mouvement populaire”, a-t-il conclu.


S. Ould Ali

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