Pour protester contre les injustices dont ils sont victimes, les fonctionnaires de la santé publique ont entamé, hier, une grève de deux jours à l’appel de la Coordination nationale des fonctionnaires de la santé affiliée au Syndicat autonome des fonctionnaires de la santé publique (Safap).
Après plusieurs sit-in, ils décident de radicaliser leur protesta pour se faire entendre par leur tutelle. Mais celle-ci refuse d’engager des pourparlers. “Le débrayage dans sa première journée a enregistré 70% de taux de suivi”, nous a confié Koulaïbi Badreddine, coordinateur national du Syndicat qui regroupe tout l’effectif médical et des corps communs de la santé.
“Il est inadmissible d’être ainsi ignorés”, s’écrie Koulaïbi, poursuivant : “Pour nous, c’est une grève blanche, qui est l’expression même d’un mécontentement général sans pour autant paralyser le secteur. En toute bonne foi, nous avons opté pour un arrêt de travail de 8h à 12h, tout en assurant le service minimum.”
Un choix qui ne semble pas porter ses fruits.Le syndicat profère alors de nouvelles menaces : “Par son silence méprisant, notre tutelle nous pousse à radicaliser nos actions. Une telle attitude ne va certainement pas nous décourager, bien au contraire.
Les fonctionnaires de la santé publique sont indignés et demandent à paralyser les hôpitaux et toutes les autres structures de santé, et il serait déplorable d’arriver à un tel blocage car cela se ferait au détriment des patients qui déjà ont du mal à se faire soigner dans de bonnes conditions.”
“Cette situation nous affecte autant qu’elle peut affecter les malades, mais nous n’avons guère le choix. Le malaise est profond et nous ne pouvons pas continuer à nous taire sous prétexte de la situation épidémique du pays. La crise sanitaire nous a justement obligés à surseoir à toutes nos actions aussi longtemps que possible, mais là, nous n’en pouvons plus, surtout que le ministre refuse de nous recevoir, malgré plusieurs sollicitations”, regrette-t-il.
Les doléances du Safap concernent, en priorité, “ la sortie de la fonction publique (passer à la fonction hospitalière)”, estimant que “cette appartenance n’a rien apporté de positif au secteur de la santé”. Le syndicat réclame aussi la révision du régime indemnitaire et la révision du statut particulier, restée figée depuis 88, qui ne permet aucune progression professionnelle.
L’organisation revendique, par ailleurs, l’instauration de la prime Covid en tant que prime permanente (prime de contagion). “Nous prenons des risques au quotidien et nous méritons que cette prime Covid-19 devienne une prime permanente”, a expliqué Koulaïbi. Et d’insister : “95% du personnel médical a contracté la Covid-19, y compris moi-même.
Il n’y a qu’à consulter la Cnas et vous verrez que le nombre de personnes affectées est ahurissant. Nous comptons aussi beaucoup de pertes dans nos rangs (décès) et pourtant, nous avons poursuivi nos tâches estimant que c’est un devoir, plus qu’un travail. Mais maintenant, et cela suffit, la coupe est pleine.”
Nabila SAÏDOUN