L’Actualité à la veille du mois de ramadhan

La mercuriale en folie

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Lyes MENACER Publié 11 Avril 2021 à 23:19

© Billel Zehani/Archives Liberté
© Billel Zehani/Archives Liberté

Les  années  se  suivent  et  se  ressemblent.  À quelques heures  du début du  mois  sacré, la  mercuriale  s’affole.  Dans  les marchés de  fruits et légumes de la capitale,  les prix  de  certains  produits, dont  le consommateur pourrait  bien se  passer  en  ce  moment, donnent le tournis.

Les  mains  dans  une cagette  de  haricots  verts, “khalti”  Fatma, la soixantaine consommée, l’air  pressée, commande  au  marchand  de  légumes 2 kg de ce produit, dont le prix se situait hier à 300 DA le kilogramme. 

Trop cher, peu de commerçants se sont aventurés à en garnir leurs petits étals au marché d’Aïn Naâdja, moins animé  que d’ordinaire à la veille du Ramadhan. “Khalti (ma tante) Fatma, elle  est de bonne qualité”, lui lance Djalal, en lui tendant un sachet noir avant  de se  tourner  vers  une autre cliente, encore hésitante devant le poivron affiché à 100 DA le kg. 

“Je fais le plein de haricots pour tout le Ramadhan, parce que j’ai peur que son prix augmente encore demain (aujourd’hui, ndlr)”, explique khalti Fatma, pas vraiment étonnée par l’augmentation des prix ces derniers jours, une pratique toujours en vogue à la veille et durant la première semaine du mois de Ramadhan, malgré les assurances des autorités quant à la garantie de réguler le marché des fruits et légumes, et à la disponibilité en quantité suffisante des produits qui connaissent une forte demande durant cette période de l’année.

Installé dehors, à l’entrée du marché d’Aïn Naâdja, sous une pluie fine, Habib vante la qualité de l’oignon et de l’ail à, respectivement, 75 et 40 DA le kg, un sachet noir dans la main, prêt à servir des clients surpris par les prix de certains légumes de large consommation, alors qu’au marché de Bachedjarrah, à vingt minutes d’ici, l’oignon coûte 50 DA, tandis que l’ail est cédé à 35 DA. 

Il en est ainsi de la tomate qui a atteint les 150 DA, comme si les commerçants s’étaient tous donné le mot pour la céder à ce prix dans les marchés populaires de la capitale. Tout comme, d’ailleurs, la laitue vendue, elle aussi, à 150 DA au marché d’Aïn Naâdja ou encore à celui de Bachedjarrah et où il faut faire preuve de beaucoup de patience pour y accéder en voiture.

Si le prix de la pomme de terre au marché de Bachedjarrah ne dépasse pas les 65 DA, contrairement aux 70 ou 75 DA affichés par les marchands d’Aïn Naâdja, les consommateurs la fuient ou se contentent d’acheter 1 kg ou deux du précieux tubercule, très utilisé par les amateurs de dolma (pomme de terre farcie à la viande) et de gratins. Il y a quelques jours à peine, la pomme de terre coûtait seulement entre 35 et 50 DA dans les marchés populaires. 

La courgette est cédée à Aïn Naâdja entre 80 et 100 DA, contre 60 et 80 DA à Bachedjarrah, alors que le piment est vendu entre 100 et 150 DA dans ces deux marchés, parmi les plus fréquentés de la capitale, avec celui de Birkhadem, fermé hier, et celui de la cité du 8-Mai-1945 (Sorecal) de Bab Ezzouar où les prix ont également flambé depuis près d’une semaine déjà, pour s’aligner, eux aussi, sur ceux des autres marchés couverts d’Alger.

Au marché d’Aïn Naâdja, le prix de la carotte passe parfois du simple au double par rapport au marché de Bachedjarrah où elle se situe entre 40 et 50 DA, demeilleure qualité en plus. Mais les consommateurs au pouvoir d’achat assez érodé, dans un contexte de pandémie qui a mis au chômage des milliers de personnes, semblent prendre de nouvelles habitudes en achetant l’essentiel et en quantités réduites, en attendant des jours meilleurs. 

“J’ai fait deux fois le tour du marché pour comparer les prix. Certes, ils sont meilleurs que dans les autres marchés, mais je n’ai finalement acheté qu’un peu de pommes de terre, de carottes, une livre de poivrons et de courgettes”, énumère Asma, ébahie devant le prix de l’escalope de poulet à 600 DA le kilogramme, dans le rayon boucherie du marché de Bachedjarrah, alors qu’une cuisse de poulet est cédée à 200 DA et que le kilogramme des ailes de poulet est passé ces derniers jours de 150 à 250 DA. 

Le kg de poulet s’est stabilisé autour de 320 et 340 DA, a-t-on constaté dans les deux marchés. Affiché, il y a quelques jours seulement à 1 200 DA le kilogramme, le kg de viande de mouton a grimpé jusqu’à 1 400 DA chez certains bouchers à Bachedjarrah où les clients ne daignent même pas demander les prix, persuadés que leurs bourses leur permettent à peine de s’approvisionner en quelques légumes et autres produits essentiels pour ce deuxième Ramadhan qui intervient en pleine pandémie de coronavirus.

Pour écouler une “montagne” de pommes de terre, fraîchement cueillies, un marchand à Bachedjarrah propose le kg à 50 DA pour ceux qui veulent acheter 3 kg. “J’en veux bien pour ce prix, mais j’ai encore d’autres choses à acheter aujourd’hui et demain, et il me reste encore une dizaine de jours avant de percevoir ma retraite”, explique Âami Ahmed qui vit avec une modeste pension de 22 000 DA. 

“Il vaut mieux l’acheter aujourd’hui que demain”, suggère Mounir, le marchand de pommes de terre, convaincu que les prix vont encore augmenter dans les jours à venir, au moins pendant la première semaine du Ramadhan.

Cette ambiance dans les marchés de fruits et légumes contraste, toutefois, avec celle de certains magasins d’alimentation générale où c’est la ruée sur les produits  conditionnés (thon, maïs, champignons, olives, beurre, fromages, etc.), à la  consommation  quasi  généralisée  ces  dernières années, résultat d’un matraquage publicitaire permanent sur les chaînes culinaires satellitaires et sur internet.
 

Lyès MENACER

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