L’Actualité Kamel Daoud au salon du livre de Boudjima

“La répression est un suicide politique”

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Kouceila TIGHILT Publié 23 Mai 2021 à 22:43

Kamel Daoud (au centre) à la clôture du salon du livre de Boudjima. © Liberté
Kamel Daoud (au centre) à la clôture du salon du livre de Boudjima. © Liberté

“Être  journaliste  et  écrivain  au  temps du Hirak” a  été  le  thème  de la conférence animée par les écrivains et  journalistes  chroniqueurs  Kamel Daoud et Adlène Meddi, avant-hier, à la clôture de la 6e édition du Salon du livre de Boudjima.

“En tant que journaliste chroniqueur et Algérien, je me suis toujours demandé comment je pouvais être utile pour faire avancer les choses parce qu’on est à un carrefour où, soit on est dans une sorte d’entêtement héroïque et admirable mais qui est, pour moi, politiquement stérile, soit on est dans la réflexion sur ce qu’on peut faire et sur les limites de notre mouvement” a, d’emblée, affirmé Kamel Daoud devant un nombreux public.

Tout en défendant jusqu’au bout, dira-t-il, le droit de tout Algérien de manifester et d’affirmer ses convictions, Kamel Daoud a estimé que la répression, constatée sur le terrain, est un suicide politique pour ceux qui en professent la solution. “Cela ne mènera ni à un consensus futur ni à la construction d’un pays sur des convictions plus ou moins négociées entre les différentes parties”, a-t-il soutenu. 

“En tant que journaliste, ma réflexion n’est pas tournée sur la situation telle qu’elle est mais, plutôt, je me demande pourquoi nous sommes arrivés à une telle faiblesse après avoir été en position de force. Qu’est ce qui a changé ?” s’est interrogé Kamel Daoud pour qui la répression contre les manifestations du vendredi qui sont interdites, résulte plutôt des rapports de force qui ont changé.  

“Si nous étions aussi nombreux sur la balance du poids, la situation aurait été autre. Ma réflexion, depuis juillet 2019 je me suis demandé comment on peut construire avec ce mouvement car, manifester c’est bien, mais manifester pour moi n’est pas un programme politique”, a-t-il développé, tout en affirmant encore que manifester n’est pas une chose sur laquelle on peut construire.

“Manifester est une passion. La passion est essentielle pour faire éclater la vérité mais, elle n’est pas suffisante pour construire un pays”, a-t-il noté, avant de mettre en garde contre un “nihilisme politique”. “J’ai toujours pensé qu’à partir de juin 2019, il fallait s’organiser. Le vis-à-vis était faible et quémandeur d’une négociation. À un moment, il fallait aller imaginer l’avenir plutôt que d’être dans une position de confrontation qui est admirable”, a estimé Kamel Daoud.

“L’héroïsme est admirable, les gens qui vont en prison sont des gens admirables. Je n’ai pas leur courage. Seulement, le courage et le martyre ne suffisent pas pour construire un programme politique”, a-t-il poursuivi, tout en se demandant “comment nous n’avons pas pu imaginer autre chose que la confrontation qui, finalement est au bénéfice de l’autre”.

“Le Hirak n’a pas su imaginer l’avenir. Ce mouvement qui a trop duré sans réflexion sur l’avenir est tombé dans ce que j’appelle le parti unique démocratique”, a conclu Kamel Daoud en affirmant pratiquer un journalisme de proposition, de solution et de pousser à une réflexion. “J’essaye de concevoir la chronique comme une réflexion prospective sur nos erreurs et nos faiblesses”, a-t-il dit. 

Commentant la presse et le Hirak, le journaliste  Adlène Meddi a estimé que la presse algérienne a raté son virage numérique à partir des années 2000. “Cela a permis à des sites internet qui n’étaient pas professionnels et sans identité, de créer un nouveau écosystème des médias qui est souvent bâti sur de l’argent, les intérêts et les accointances avec le système”, a affirmé Adlène Meddi pour qui, cette situation brouille la lecture du paysage médiatique.

“En même temps, on a la presse elle-même, soit la presse papier, qui a subi à la même période, une guerre administrative et judiciaire terrible afin d’affaiblir les rédactions et les faire rentrer dans la maison de l’obéissance”, a-t-il déclaré. 
 

K. TIGHILT

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