L’Actualité LA JEUNESSE S’EMPARE DE SES OEUVRES ET DE SA MÉMOIRE

LA SECONDE VIE DEMATOUB LOUNÈS

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Samir LESLOUS Publié 25 Juin 2021 à 22:14

© D. R.
© D. R.

Vingt-trois années se sont déjà écoulées depuis le lâche assassinat du chanteur et chantre de l’amazighité et de la démocratie, Matoub Lounès, mais en Kabylie, c’est toujours comme si c’était hier. Des milliers de personnes se sont mobilisées dans la région pour lui rendre hommage en ce vendred 25 juin. 

Il est 9h, et  à Tala Bounane, lieu  où  un  groupe  d’individus  a  tendu  une embuscade meurtrière au Rebelle qui était sur la route des Ath Douala en cet après-midi du 25 juin 1998, il y avait déjà foule. Les nombreux présents attendaient l’arrivée des membres de la fondation pour inaugurer une nouvelle stèle à la mémoire de cet homme devenu le symbole de l’engagement et l’incarnation du combat pour l’identité et la démocratie en Algérie.

Sur la route de Beni Douala, il était aisé de deviner la destination de la plupart des véhicules qui circulaient en cette matinée du vendredi. Ils sont ornés de portraits de Lounès et de l’emblème amazigh.  

Au village natal du chanteur, à Taourirt Moussa, la ferveur populaire n’a rien à envier à celle des premières années qui ont suivi sa mort. Il n’est que 10h et il est déjà difficile de trouver une place de stationnement.

Des deux côtés de la route, des bus et des véhicules légers sont déjà alignés sur plus d’un kilomètre. Et ils sont venus de partout (Alger, Béjaîa, Bouira, Bordj Bou-Arréridj, Sétif, Khenchela, Oran, Batna, Biskra...).

Sur la placette qui abrite le tombeau de Lounès, il est difficile de se frayer un chemin parmi tous ces jeunes, hommes et femmes qui se bousculent pour y déposer des fleurs, se prendre en photo ou se recueillir à la mémoire de ce symbole.

Devant le garage où est exposé le témoin muet et criblé de balles qu’est la voiture (Mercedes) de Lounès, c’est carrément la bousculade parmi tous ceux qui la scrutaient comme s’ils attendaient qu’elle témoigne sur ce qui s’est passé ce jour-là, et ainsi faire éclater toute la vérité que la Kabylie continue de réclamer.

Au-dessus du garage, sur la terrasse d’où Matoub s’est adressé à la foule le jour où il a été relâché par ses ravisseurs en 1994, des baffles placées sur des trépieds diffusaient en continu  des chansons de Lounès.   

Plus bas, dans la cour intérieure de la demeure familiale des Matoub transformée en siège de la fondation, de nombreux visiteurs s’impatientent pour accéder au hall pour visiter ou revisiter l’exposition qui retrace la vie et l’œuvre de cet immense artiste dont les expressions et les chansons s’adaptent au contexte actuel du pays.

Pour beaucoup de visiteurs, c’est aussi l’occasion de se recueillir sur la tombe de Nna Aldjia qu’ils découvrent pour la première fois depuis son inhumation, dans le jardin familial, en novembre 2020.

Dans cette cour, l’on rencontre de nombreux jeunes qui ont passé la nuit sur place en compagnie d’artistes de l’École régionale des beaux-arts d’Azazga, venus réaliser des fresques et autres œuvres d’art à la mémoire de l’idole de tout un peuple, plus que jamais déterminés à perpétuer sa mémoire. Il n’est pas encore midi, et les alentours de la demeure des Matoub étaient déjà noirs de monde. Le traditionnel recueillement des différentes délégations ne devait pourtant avoir lieu qu’à 13h. 

À rappeler que l’hommage à Lounès avait débuté la veille, jeudi, au théâtre Kateb-Yacine de Tizi Ouzou, avec un concert artistique organisé par la société Saoudi Prod et auquel ont participé une trentaine d’artistes chanteurs et de jeunes talents qui ont superbement interprété des chansons de Matoub. 
 

Samir LESLOUS

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