L’Actualité Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste

“La situation sociale s’est détériorée à grande vitesse”

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Lyes MENACER Publié 13 Avril 2021 à 09:09

© Archives Liberté
© Archives Liberté

Liberté : Aurait-il été possible d’éviter cette grève de deux jours, après avoir discuté avec le ministère de tutelle ? 

Messaoud Boudiba : Ce que nous voyons d’abord et en ce qui nous concerne, c’est que nous n’avons pas recouru à la grève depuis deux ans concernant des revendications socioprofessionnelles. En raison de la situation politique et sanitaire, nous avons gelé nos revendications. Mais, aujourd’hui, nous avons constaté que le temps était suffisant pour que les autorités mettent en place une stratégie afin d’éviter la dégradation de la situation sociale. Malheureusement, la situation sociale s’est détériorée à grande vitesse et a laissé les enseignants, qui appartiennent à cette couche moyenne qui devrait normalement jouer à l’équilibre social, sentir qu’ils sont dans un état socioprofessionnel catastrophique. C’est ce qui ne nous permet pas aujourd’hui d’attendre encore plus. D’ailleurs, aux mois de janvier et février, nous avons annoncé notre intention de revenir à la revendication de nos droits, parce que les choses ne se passent pas normalement. Et cela a été décidé, lors des assemblées générales de nos sections et bureaux de wilaya, après un long débat et une concertation. Ainsi, nous nous sommes rencontrés en conseil national le 3 avril et avons décidé, comme un signal et un début, de cette grève de deux jours.

Qu’est-ce qui bloque avec le ministère de tutelle ? 

Nous avons été invités au ministère pour une rencontre de travail le 7 avril 2021, que nous avions souhaitée comme un signal pour l’avenir, c’est-à-dire pour un dialogue sincère et sérieux. Nous n’avons rien vu ou entendu de nouveau, malheureusement, n’étaient les mêmes pratiques, les mêmes comportements, les mêmes réponses que nous avons eus dans le passé. Cette rencontre a pris l’allure d’une formalité à laquelle les responsables du ministère n’ont pas donné d’importance. Nous avons senti que ce qui les intéressait, c’était juste le fait de se rencontrer et non pas les résolutions pouvant déboucher sur des solutions. Ils savent d’avance que le Cnapeste n’allait pas surseoir à sa grève avec les réponses qu’ils avaient. Et nous leur avons répondu sur place que nous n’avons rien entendu de nouveau et de positif pouvant nous convaincre de suspendre notre mouvement de grève.

Après cette grève de deux jours, le Cnapeste compte-t-il mener d’autres actions, surtout que nous sommes à la veille des examens trimestriels et de fin d’année (cinquième, BEM et bac) ? 

Pour ces deux jours de grève, il y a au niveau des établissements des assemblées générales de nos adhérents au niveau national. Des procès-verbaux seront établis et une appréciation sera faite au niveau des conseils de wilaya sur ces deux jours de grève et les discussions en cours, ce qui va nous permettre d’élaborer notre stratégie à court et à moyen terme concernant nos futures actions de contestation, en prenant en considération tous les paramètres et en préparant les conditions de leur bon déroulement, pour arracher nos revendications. En tant que syndicat autonome, le Cnapeste organise ses propres actions, mais travaille aussi en concertation avec d’autres syndicats, dans le cadre de l’intersyndicale de l’éducation nationale, et nous travaillons aussi avec la Confédération des syndicats algériens.

Ce travail entre également dans notre stratégie. Nous comptons d’ailleurs organiser une journée d’étude sur le pouvoir d’achat durant la deuxième semaine du mois de Ramadhan et une autre action le 1er mai, en collaboration avec les autres syndicats et la Confédération des syndicats algériens, dans le cadre de notre stratégie à court terme.

Votre retour à la contestation, en cette période de reprise du Hirak et à la veille des législatives du 12 juin prochain, ne risque-t-il pas d’être interprété comme une pression politique ? 

Ce genre d’interprétation ne date pas d’aujourd’hui, et nous avons eu à le vivre à chaque fois les années précédentes. Nous avons organisé notre grève après concertation et délibération du conseil national du Canpeste. Donc, les éventuelles interprétations qui pourraient y avoir ne nous intéressent pas. Le travail syndical est un droit et il n’y a pas de temps précis pour le faire, tout comme la stratégie syndicale. Nous sommes liés à ces rendez-vous, et celui qui y est lié est libre de penser et est en droit de penser ce qu’il veut. Ce qui importe pour nous, ce sont l’année scolaire, les intérêts de l’enseignant et le travail du syndicat pour faire aboutir nos revendications.

 

 

Entretien réalisé par : L. Menacer

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