L’Actualité Trois jours après l’abject meurtre de Djamel Bensmaïl

Larbâa Nath Irathen peine à s’en remettre

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Samir LESLOUS Publié 15 Août 2021 à 10:18

© D.R
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En attendant les conclusions de l’enquête, que le parquet a promis de livrer à l’opinion publique, la population continue d’exiger de la justice que toute la lumière soit faite sur cette douloureuse affaire qui a endeuillé la région et tout le pays.  

“La Kabylie se démarque de cet événement.  Évitez la discorde… Djamel Bensmaïl est un martyr de la nation, de la région des martyrs.” Ce message est transcrit sur une imposante banderole accrochée par les habitants de Larbâa Nath Irathen à proximité de la statue d’Abane Ramdane, au centre-ville. Le choix de cette place pour délivrer ce message n’a, évidemment, rien de fortuit. C’est cette même placette qui a été, mercredi dernier, le théâtre de l’abject meurtre dont a été victime Djamel Bensmaïl, ce jeune artiste et volontaire venu de Miliana prêter main-forte à la population locale qui faisait face à des incendies meurtriers. à travers cette initiative symbolique, la population locale exprime à la fois sa peine et sa démarcation de l’horrible drame qui s’est déroulé sur cette place où le fantôme de la victime continue de hanter les esprits. La place portait également, hier, des traces de bougies allumées à la mémoire de ce volontaire accusé à tort d’être pyromane dans un contexte de psychose qui s’est emparée de la population de la région. 

Ces bougies ont été allumées la veille, vendredi, par les citoyens qui se sont rassemblés sur les lieux après une courte marche silencieuse improvisée à la mémoire de celui que tout Larbâa Nath Irathen considère désormais comme son propre fils. Ce geste spontané se veut une nouvelle initiative visant à appuyer l’apaisement auquel avaient appelé la veille, Nourredine Bensmaïl, le père de la victime puis encore la société civile locale. Mais pas seulement !

L’initiative se veut aussi une manière de s’excuser et de se démarquer de l’acte moyenâgeux sur le lieu même de son déroulement pour démontrer si besoin est qu’il n’engage que ceux qui l’ont commis et non pas toute la population de Larbâa Nath Irathen qui, elle, continue d’ailleurs à faire montre d’hospitalité et de reconnaissance à tous ceux qui, malgré cette affaire, continuent de s’y rendre chaque jour pour acheminer les dons et leur  exprimer leur solidarité après ce double deuil. Sur les réseaux sociaux, la population continue, cependant, à rendre des hommages individualisés par milliers à cet artiste dont le destin tragique a ému au-delà des frontières du pays et poursuit, aussi, les concertations pour arrêter les nouvelles actions à entreprendre pour perpétuer sa mémoire.    

Hier encore, dans cette ville de haute montagne, l’atmosphère était toujours pesante. La plupart des magasins étaient toujours fermés et peu de personnes osaient mettre le nez dehors en ces temps de grosses chaleurs. Doublement meurtrie par l’enfer vécu durant toute la semaine et la tragédie de Djamel, la population est visiblement dans le désarroi le plus total et surtout peine à s’en remettre. Les rares habitants qui s’aventurent à sortir ne parlent que pour commenter les incendies, exprimer leur reconnaissance à tous ceux qui ont exprimé leur solidarité et surtout pour aller aux nouvelles  concernant le drame de mercredi.

Concernant, justement, le côté judiciaire de l’affaire, rien n’avait filtré jusqu’à hier quant à l’évolution de l’enquête ordonnée jeudi par le parquet du tribunal de Larbâa Nath Irathen. Un torrent de rumeurs sur de supposées arrestations opérées par les services de sécurité ont envahi les réseaux sociaux, mais aucune source officielle ne s’est exprimée sur le sujet. Le seul élément qui s’est avéré concret est qu’un imposant dispositif des services de sécurité a été dépêché dans la région sans que sa mission soit révélée. Pour parer à d’éventuels incidents ? En prévision d’opérer des arrestations ? Pour le moment, “l’enquête suit son cours”, se contente de nous répondre une source sécuritaire. 

En attendant les conclusions de l’enquête, que le parquet a promis de livrer à l’opinion publique, à Larbâa Nath Irathen, la population continue d’exiger de la justice que toute la lumière soit faite sur cette douloureuse affaire qui a endeuillé la région et tout le pays. L’exigence de la vérité permettra de couper l’herbe sous le pied de ceux qui tentent le diable en surfant sur la vague et en jouant aux pyromanes d’un autre genre. 

 


Samir LESLOUS

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