L’Actualité Ils devaient rejoindre des universités québécoises

Le calvaire des étudiants algériens refoulés du Canada

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Yahia ARKAT Publié 15 Janvier 2021 à 22:36

© D. R.
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La sous-déclaration de ressources financières, le changement de programme d’études et la non-maîtrise du français ou de l’anglais sont parmi les causes à l’origine du renvoi des étudiants.

Des étudiants algériens nouvellement inscrits dans des universités québécoises ont été expulsés par les services frontaliers du Canada à leur arrivée à l’aéroport de Montréal. Si certains étudiants arrivés fin décembre ont pu passer entre les mailles du filet non sans se faire confisquer les passeports, en attendant de se conformer aux conditions d’entrée sur le sol canadien, ce n’est pas le cas d’au moins une vingtaine d’étudiants dont les familles ont investi temps et argent pour pouvoir leur offrir des études universitaires au Québec.

Ces étudiants ont été expulsés la semaine dernière par les agents canadiens qui auraient décelé des incohérences et autres contradictions dans leurs déclarations. Une partie a été rapatriée via un vol d’Air Algérie. Mais quelque douze étudiants ont été refoulés lundi à bord d’un vol de Royal Air Maroc vers Casablanca où ils ont transité en partant d’Alger.

Comme les frontières sont fermées et les vols suspendus en raison de la pandémie de Covid-19, ils sont coincés sur place ne sachant à quel saint se vouer. Depuis, ils vivent un véritable calvaire, se contentant d’une aide de la représentation consulaire.

Le refoulement des étudiants par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) s’explique par plusieurs raisons, selon le témoignage des étudiants concernés. Ainsi, la sous-déclaration de ressources financières, le changement de programme d’études et la non-maîtrise du français ou de l’anglais sont parmi les causes à l’origine du renvoi des étudiants.

“On m’a dit combien d’argent j’avais sur moi, j’ai dit 1 500 $, mais l’agent a vite remarqué mon trac”, a témoigné un étudiant qui a requis l’anonymat et qui, finalement, a été admis sur le sol canadien. Cet étudiant avait procédé à un changement de programmes avant d’embarquer à bord d’un vol de la compagnie nationale.

Beaucoup d’étudiants étrangers, notamment indiens, recourent au changement d’inscription. Après une inscription dans une université et l’obtention du visa, ils procèdent à une réorientation scolaire, en s’inscrivant pour un DEP (Diplôme d’études professionnelles) dans un collège, souvent privé.

Or, ils arrivent à l’aéroport avec un visa et un Certificat d’acceptation du Québec (CAQ), sésame qui donne droit au permis d’études. De plus, les universités se plaignent de ce changement. L’exemple de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est emblématique, en ce sens qu’elle est la première “victime” de ces changements. 

Des étudiants s’inscrivent à l’UQTR pour la simple raison que celle-ci possède un système d’inscription performant et moins compliqué et des frais d’admission moins chers. Mais une fois inscrits et le CAQ en poche, les étudiants changent de programmes et d’établissements. Ce que l’UQTR a dénoncé. Le ministère québécois de l’Immigration avise de la nécessité d’une nouvelle demande de sélection temporaire dans le cas d’un changement de niveau d’études.

Même les consultants en immigration déconseillent le changement de programmes d’études. Le recours à des cabinets d’avocat fantômes est aussi problématique. Le gouvernement du Québec a décidé récemment de suspendre pour une dizaine de collèges privés (études pré-universitaires) les Certificats d’acceptation du Québec, avant d’être débouté par la justice.

À l’origine de cet arrêté ministériel, pris le 30 décembre, une campagne de recrutement intensive d’étudiants à l’international par certains établissements. À titre d’exemple, plus de 6 300 étudiants indiens ont obtenu un permis d’études durant le premier semestre 2020.

Or, le nombre d’étudiants français et chinois qui représentent la première communauté universitaire étrangère ne dépasse pas les  3 000. Cette soudaine hausse du nombre d’étudiants étrangers a soulevé des soupçons de fraude qui ont abouti à la suspension par le Québec des certificats d’acceptation, suspension finalement annulée par décision de justice. Mais cela a contribué au resserrement des contrôles des étudiants étrangers par l’ASFC. 
 

Yahia ARKAT

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