Il ne se passe pas une année sans que la wilaya connaisse des crues mortelles. Celles de mardi ont causé d’énormes dégâts et la disparition de six personnes.
Les oueds de plusieurs communes ont débordé et entraîné l’inondation des voies d’accès, paralysant ainsi le trafic routier, selon la Protection civile. Les eaux en furie ont tout charrié sur leur passage. Trois personnes qui étaient au niveau de l’oued Mitter, dans la commune de Boussaâda, à 68 kilomètres au sud du chef-lieu de la wilaya de M’sila, sont portées disparues. Leur véhicule a été retrouvé, mais pas les occupants.
Des secouristes de la Protection civile, aussitôt l’alerte donnée, ont été mobilisés toute la nuit à la recherche des disparus. Des brigades cynophiles de Médéa et de Djelfa sont arrivées en renfort. Hier, dans la matinée, des hommes-grenouilles de la Protection civile sondent un par un les points d’eau tout au long de l’oued. Selon des proches, T. A., un homme d’une cinquantaine d’années, résidant dans la commune de Slim, localité sise à 128 kilomètres au sud du chef-lieu de M’sila, n’a plus donné signe de vie depuis mardi soir. Les autorités n’ont ni confirmé ni infirmé sa disparition.
Les deux autres personnes dont on est sans nouvelles sont un homme et son fils. Les services de la Protection civile de M’sila ont déclaré qu’ils ont effectué 30 interventions. Selon une déclaration du même département, les pluies qui sont tombées à partir de 20h, ont inondé les rues, des maisons et des locaux commerciaux, notamment dans les communes de Sidi Ameur, d’Aïn El-Melh, de Ben S’rour, de Djebel Messaâd, de Khetouti Sed El-Djir, de M’djadel, de Tarmount, de Boussaâda et de M’sila, engendrant une grande frayeur chez les habitants.
Selon le premier bilan de la Protection civile de M’sila, une dizaine de personnes ont été sauvées par les éléments de la Protection civile. À Sidi Ameur, deux personnes et deux véhicules pris dans les eaux de l’oued Sidi Ameur ont été repêchés. À Aïn El-Melh, trois personnes qui étaient sur la rive de l’oued ont été secourues. Dans la commune de Ben S’rour, deux personnes dans un véhicule, dans les eaux de l’oued Laâris, ont été également secourues et leur véhicule dégagé.
Dans la commune de Khetouti Bir El-Djir, trois familles ont été évacuées de leurs maisons envahies par les eaux. Dans la même commune, pas moins de 15 maisons ont été inondées par la crue de l’oued Garsa, dans la localité de Kharouba, où se sont effondrés trois murs, heureusement sans faire de victimes. Selon notre source, le niveau de l’eau a atteint, dans certains quartiers de la commune de M’djadel, 50 cm, suscitant la panique parmi les habitants. Ce qui a nécessité l’intervention des éléments de la Protection civile pour pomper l’eau.
À M’sila, plusieurs pompages d’eau ont été réalisées aux cités 40 et 50-Logements et dans d’autres quartiers de la ville. Des véhicules submergés ont été retirés des flots de l’oued Arâar, dans la commune de Djebel Messaâd. Les vents violents qui ont accompagné cet orage ont causé des chutes d’arbres et des coupures d’électricité dans plusieurs communes dont M’sila, Mettarfa, Ouled Madi, Hammam Dalaa, M’cif. “Les éléments de la Protection civile étaient sur le terrain dès l’annonce du BMS. Nous avons réquisitionné tous nos agents et moyens pour informer, sécuriser et sauver des vies. Vu l’ampleur des crues, nous avons été épaulés par des renforts venus de Médéa et de Djelfa pour rechercher les disparus”, nous a déclaré le lieutenant-colonel Abdellah Benkhelifa, directeur de la Protection civile de la wilaya de M’sila, qui ajoute qu’un “poste opérationnel avancé est installé à Boussaâda pour chapeauter l’opération de recherche des disparus et être près des zones touchées”.
Selon le groupement de Gendarmerie nationale de la wilaya de M’sila, des routes sont aussi coupées au trafic comme la RN45 au lieudit Baniou, les CW6, 9, 25, 40 et 60. Le trafic routier est également perturbé sur certains axes. Dès les premières heures de la matinée, le wali, Mohamed Djellaoui, s’est rendu sur les lieux sinistrés où il a assisté à la recherche des disparus, tout en appelant la population à la prudence et au respect des consignes de sécurité.
Un bulletin météorologique spécial (BMS) avait été émis par les services de l'Office national de la météorologie (ONM), mettant en garde contre une activité pluvio-orageuse, qui affectera plusieurs wilayas du pays, avec un niveau de vigilance “orange”. Pour rappel, la wilaya de M’sila a connu, en mai dernier, des inondations qui ont causé le décès de pas moins de 6 personnes et provoqué d’importants dégâts. Notons aussi que malgré la vaste campagne de curage et de nettoyage des oueds, des cours d’eau et des avaloirs, lancée il y a plus d’une semaine, dès qu’il pleut un peu, la wilaya frôle la catastrophe.
Des axes routiers deviennent inaccessibles, provoquant des embouteillages monstres et des quartiers sont entièrement envahis par les eaux. En milieu urbain, les avaloirs bouchés et jamais nettoyés, les constructions anarchiques, les décharges sauvages de déchets lourds sont généralement à l’origine de ces inondations, mais le véritable problème serait, en fait, l’absence d’un véritable plan de prévention contre ce phénomène, sachant qu’en saison hivernale, la situation empire. Pour ce qui est des crues des oueds de la région, outre les lits obstrués par des objets hétéroclites, c’est le vol de sable qui vient aggraver la situation.
Pour les habitants de ces régions, ce n’est ni la première ni la dernière fois que ces localités connaissent des crues. “Nous nous attendons à ce genre de crue car les oueds sont détournés et le sable et les matériaux alluvionnaires pillés. L’oued Mitter de Boussaâda est l’exemple type d’une catastrophe contre l’environnement”, dénonce un habitant, qui lance un appel aux autorités concernées pour agir rapidement et sauver les habitants et l’environnement. Notons que les opérations de recherches, entreprises depuis mardi soir, se sont poursuivies hier pour retrouver les trois personnes qui auraient été emportées par les eaux en furie de l’oued Mitter à Boussaâda.
Chabane BOUARISSA
