De passage à Alger, le secrétaire d’état adjoint pour la région Mena, David Schenker, a défendu sans gêne le choix de Washington reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, alors que les autorités algériennes ont exhorté les Américains à observer une position “impartiale”. La première puissance mondiale pèse de tout son poids contre le droit du peuple sahraoui à son autodétermination.
Sur le dossier du Sahara occidental, les positions de l’Algérie et des États-Unis semblent irréconciliables depuis que Washington est sorti de sa neutralité traditionnelle. Un choix réaffirmé par le secrétaire d'État américain adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, David Schenker, lors de son passage ce week-end à Alger dans le cadre d’une tournée régionale. Il a affirmé que la solution préconisée par l’administration Trump est “sérieuse, réaliste et crédible”.
Ce que l’Algérie rejette catégoriquement en exhortant les Américains à adopter une position “impartiale”. Arrivée jeudi à Alger, le secrétaire d'État américain adjoint pour le Proche-Orient et l'Afrique du Nord, David Schenker, a défendu, sans ambiguïté et sans gêne, la décision de Washington reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Une reconnaissance concomitante de la normalisation des relations diplomatiques entre le royaume chérifien et l’État d’Israël. Interrogé en conférence de presse sur une éventuelle annulation de la décision de l’administration Trump par le président démocrate élu Joe Biden, il a précisé qu’il n’était pas habilité à se prononcer sur une question pareille.
Il a, néanmoins, affirmé : “Chaque administration jouit de la prérogative de définir sa politique étrangère et d’entreprendre ses propres initiatives”, sous-entendant que le président sortant Donald Trump avait parfaitement le droit de s’engager dans un double accord avec le Maroc et que son successeur Joe Biden aura tout autant la latitude de le remettre en cause, ou pas.
“Ce que je peux vous dire, c’est que les États-Unis continuent de croire que les négociations politiques sont seules en mesure de trouver des solutions au conflit entre le Maroc et le Front Polisario. Nous croyons que ces négociations doivent être menées dans le cadre du plan d’autonomie marocain.”
Accompagné de la secrétaire et du chef en Europe et en Afrique de l'US Air Force (Usaf), Barbara Barrett et le général Jeffrey Harrigia, le sous-secrétaire d’État américain pour la région Mena n’a, à aucun moment, évoqué une option différente, plus favorable au Sahara occidental, notamment l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous l’égide des Nations unies dont la tâche est dévolue à la Minurso.
Bien au contraire, il a estimé que “le statu quo ne sert aucune partie. Je suis persuadé que la décision de l’administration américaine est un premier pas vers un règlement du conflit du Sahara occidental plus sérieux, plus réaliste et plus crédible. Cette solution est induite, à mon avis, par une approche audacieuse, créative et originale”.
Il a rappelé qu’il est “nommé à une fonction sous la tutelle du secrétaire d’État Pompeo (chef de la diplomatie américaine dans l’administration Trump, ndlr)”, signant qu’il défend naturellement et logiquement la démarche de son gouvernement.
Selon l’AFP qui cite des sources diplomatiques marocaines, “les Américains prévoient d'ouvrir dimanche une représentation provisoire à Dakhla, grand port du sud du Sahara occidental, en attendant la construction du consulat prévu par l'accord signé le 22 décembre à Rabat entre les États-Unis, Israël et le Maroc”. En quittant Alger, David Schenker et sa délégation se rendront effectivement au Maroc.
Le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a, pour sa part, réitéré l’attachement de l’Algérie à privilégier une issue plus juste pour le Sahara occidental. Il a souligné, dans un communiqué rendu public jeudi, que “la nature du rôle attendu des États-Unis pour faire avancer les causes de la paix sur les plans régional et international, dans l'impartialité qu'exigent les défis actuels”.
En décembre dernier, le Premier ministre Abdelaziz Djerad a fortement critiqué le rapprochement diplomatique entre Rabat et Tel-Aviv. Il a réaffirmé le soutien de l’Algérie aux causes palestinienne et sahraouie et exprimé, dans la foulée, des craintes sur des velléités de “l'entité sioniste de se rapprocher de nos frontières”.
Sur le dossier du Sahara occidental, les positions des États-Unis et de l’Algérie ne convergeront point — elles le seront peut-être après l’investiture de Joe Biden le 20 janvier prochain. Les deux États ont, a contrario, une vision consensuelle sur la situation sécuritaire en Libye et au Sahel.
“Les États-Unis et l'Algérie entretiennent des relations très importantes et nous apprécions profondément la coopération multiforme et mutuellement bénéfique. Nous avons de nombreux intérêts communs, en particulier dans la promotion de la stabilité régionale”, a soutenu le secrétaire d’État adjoint américain.
Il a ajouté, lors du point de presse, que les deux pays plaident pour une “solution politique au conflit libyen et soutiennent le processus onusien et la concertation militaire des 5+5. Nous estimons, en outre, que le rôle joué par l’Algérie dans la lutte antiterrorisme au Mali est capital”.
Il a indiqué que les échanges économiques bilatéraux seront renforcés, au même titre que le partenariat dans le domaine sécuritaire “par des transactions militaires (vente d’armes) ; des formations militaires… et, bien entendu, par la poursuite de la collaboration exceptionnelle dans la lutte contre le terrorisme”.
Souhila HAMMADI