L’Actualité LE SITE NÉCESSITE UN PLAN DE RESTAURATION D’URGENCE

Le Fort de Yemma Gouraya tombe en ruine

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Kamal OUHNIA Publié 12 Janvier 2021 à 22:14

© Liberté
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Site naturel et hautement historique surplombant la ville de Béjaïa à 672 mètres d’altitude, l’imprenable forteresse de Yemma Gouraya ne cesse de se dégrader au fil des ans, sous le regard indifférent des autorités publiques.

C’est l’un des sites les plus populaires et les plus visités en Algérie, mais la négligence des hommes conjuguée aux  caprices  de  la  nature ont fini par l’éroder  au  fil  des  ans.   En  effet,  des  pans  entiers  du  mausolée  de la légendaire  sainte  patronne  Yemma  Gouraya,  qui  fait  partie  de  cet inestimable patrimoine  culturel  et  historique  de  l’ancienne  capitale des Hammadites, se sont effondrés à la suites des intempéries.

Des murettes en pierre de taille lézardées, des cloisons  ployant  sous le poids des ans, des amas de décombres composés de débris de pierres et de briques…, c’est l’image désolante, dans toute son  étendue, qui  s’offre au visiteur. Des pans de l’histoire d’une ville plusieurs fois  millénaire  qui tombent ainsi en ruine dans l’indifférence totale. 

Hormis les réactions de quelques  citoyens  qui  ne  cessent  de  tirer  la sonnette d’alarme  à  travers  les réseaux  sociaux, tout en dénonçant la passivité des pouvoirs publics, aucune action concrète n’a été jusque-là entreprise sur le terrain : ni par le mouvement  associatif ayant pourtant vocation de sauvegarder et de promouvoir le riche patrimoine historique de la ville séculaire de Bougie, ni par les élus locaux et  encore moins par les représentants de l’administration.

Interrogé hier par nos confrères de la  radio  Soummam  sur  les  éventuelles mesures que devrait entreprendre son institution, le directeur de la culture et des arts de la wilaya de Béjaïa, Omar Reghal s’est contenté de rappeler que l’Assemblée populaire communale de Béjaïa a déjà dégagé une somme de 60 millions de dinars dans le  cadre  de  son  budget  supplémentaire de l’année écoulée, afin de prendre  en  charge  les  travaux  de  consolidation  et  de restauration de trois sites historiques de la ville dont le Fort de Gouraya.

Outre  ce  fort,  dont  le  lancement  des  travaux  de  confortement  et  de sécurisation des  lieux  constitue une urgence, le premier  responsable du secteur de la culture à Béjaïa cite les deux tourelles, Bab el-fouka et la Porte sarrasine, qui nécessitent, elles aussi, des opérations de réhabilitation. Mais cette information donnée par M. Reghal est, toutefois, à prendre avec des pincettes, puisque les responsables de l’APC de Béjaïa affirment que, pour le moment, aucune enveloppe financière n’a été allouée officiellement. 

“I l était  question  de  dégager  une  importante  somme  d’argent  pour la restauration de certains sites historiques de la ville, mais la proposition de notre  assemblée  n’est  pas  encore  approuvée.  Donc,  c’est de  la  pure spéculation”, a déclaré, hier à Liberté, Mme Saïda Hamma, vice-présidente de l’APC de Béjaïa, chargée de la culture et du sport. 

“À vrai dire, ce genre d’opération  n’est  pas à la charge de l’APC. Les travaux de restauration et de rénovation des monuments historiques doivent être pris en charge par  la  direction  de  la  culture, mais  si  cela  ne  se fait pas, nous serons obligés de mettre la main à la poche.

Car, nous ne  pouvons  laisser  notre  patrimoine  culturel et historique se dégrader sous l’effet des intempéries”, soutient-elle. “Bien  que le Fort de Gouraya soit situé  à  l’intérieur  de  notre réserve  de biosphère, nous ne sommes  pas  habilités  à  engager  des  travaux  de  restauration ou  de confortement de ce site naturel et historique. Il est du ressort  de la direction de la culture ou, à un degré moindre, de l’APC de Béjaïa”, précise Rabah Boutekrabt, un cadre du Parc national de Gouraya (PNG).

Selon  notre  interlocuteur, les  mauvaises  conditions  météorologiques, principalement la pluie  et le vent, demeurent l’un des facteurs de dégradation de ce site hautement historique. Des facteurs qui, selon des experts en la matière, accélèrent le phénomène d'érosion éolienne et hydrique.

Classé patrimoine national par le ministère de la Culture en 2009, le Fort de Gouraya date de la période médiévale. Construit par les Espagnols au XVIe siècle sur des vestiges de la capitale hammadite, le site a été par la suite réaménagé par les Turcs et les Français. Il a constitué un point de vigie par excellence qui veille sur toute la région.

Selon la légende populaire, ce  promontoire abrite  la  sépulture de la sainte patronne de la ville de Béjaïa, Yemma Gouraya  (protectrice de la montagne), la  sœur  de  Yemma  Mezghitane,  sainte  patronne  de  Jijel, et  de Yemma Timezrit, sainte patronne de Timezrit. Il faut dire que la mise en œuvre d’un plan de restauration de ce site, qui constitue un véritable point de chute pour les touristes, est plus qu’urgent.

Plusieurs monuments historiques et sites archéologiques  de  la wilaya de Béjaïa  sont, aujourd’hui, laissés  à  l'abandon.  Parmi  ces  vestiges  en décrépitude, on peut citer les sites berbéro-romains situés dans la daïra d'El-Kseur, tels que l'aqueduc de Toudja ayant plus de 2000 ans d'existence, la ville antique de Tubusuctu (Tiklat) et la citadelle médiévale de Temzizdekt (Lessouar).
 

KAMAL OUHNIA

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