L’Actualité DERNIER MEMBRE DU GROUPE DES “22”, OTHMANE BELOUIZDAD A ÉTÉ ENTERRÉ JEUDI

LE HÉROS DISCRET

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Arab CHIH Publié 14 Janvier 2022 à 22:51

© Liberté
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Il s’en est allé comme il a toujours vécu : dans la discrétion la plus totale. Décédé mercredi 12 janvier à l’âge de 92 ans et inhumé le lendemain au cimetière de Sidi M'hamed (Alger) et non à El-Alia mais en présence de nombre d’officiels, d’amis et de membres de sa famille, Othmane Belouizdad, dernier des 22 membres du Comité révolutionnaire d’unité et d’action (Crua) à l’origine du déclenchement de la guerre de Libération nationale, a toujours vécu dans l’ombre.

Il incarne à la perfection le militant discret et désintéressé, à tel point que son nom ne doit pas, aujourd’hui, dire grand-chose à beaucoup de gens, notamment aux nouvelles générations, qu’aucun manuel scolaire n’évoque ni aucune chaîne de télévision n’invite sur ses plateaux.

À la décharge de ces dernières, Othmane Belouizdad, discret, avait horreur des feux de la rampe. L’indépendance arrachée, il avait d’ailleurs préféré se retirer de la vie politique – excepté le petit intermède où il avait eu à gérer la kasma des moudjahidine d’Alger jusqu’en 1967 – pour mener une vie simple dans son Belcourt natal, en gérant son commerce. 

“Othmane a beaucoup fait pour la lutte. Il n’en parle pas”, avait confié Mouloud Benguesmia, un de ses compagnons de lutte, en avril 2016 au journal El Watan.

À Mohamed Khider, assassiné en 1967 à Madrid, qui venait lui proposer le poste de député, Othamne Belouizdad avait eu cette réplique, qu’il a racontée à El Watan  : “Je l’ai remercié et décliné son offre. Moi, j’ai toujours travaillé dans la mécanique et puis, dans mon esprit, je n’ai pas combattu pour le pouvoir mais pour les générations à venir. Nous, notre mission pour l’indépendance était terminée. À l’Assemblée, mon nom a été avancé sans me consulter. J’ai exigé qu’on le retire de la liste.”

C’est dire l’idée quelque peu romantique mais haute que l’homme se faisait de l’engagement politique qui est plus un don de soi qu’un investissement utile pour s’assurer un avenir.  Pourtant, il aurait pu prétendre, lui aussi, au regard de son pedigree – il appartenait à une famille de militants nationalistes et son frère aîné, Mohamed, a été le premier chef de l’Organisation secrète –, à une place au soleil dans l’Algérie indépendante. Jugez-en. 

Il avait rejoint, très jeune, les rangs du PPA/MTLD pour ensuite s’engager dans l’OS, où il avait reçu une formation. Membre parmi les 22 militants du Crua ayant préparé la Révolution, il s’était vu confier la tâche de diriger un groupe armé pour mener des attaques contre des infrastructures coloniales à Alger, dans la nuit du 1er Novembre 1954.

Son engagement révolutionnaire sera stoppé net, quelques jours plus tard, avec son arrestation. Condamné à la prison à perpétuité, il a eu tout le loisir de découvrir les affres des prisons coloniales, en Algérie d’abord puis en France où il avait été transféré en 1958.

Il ne sera libéré qu’à l’indépendance et, depuis, il s’était éloigné de la vie politique pour mener une vie de simple citoyen. Ce qui ne l’a pas empêché de sortir de temps à autre de sa “retraite”, comme en 2012 quand il s’est attaqué à la supercherie de la paternité des oulémas sur la Révolution.

“Certains disent aujourd’hui que les oulémas avaient milité pour l’indépendance. C’est un mensonge. Et on a aujourd’hui des preuves et des écrits qui démentent cette contre-vérité. Il n’y avait que Messali Hadj et son parti qui s’étaient battus pour l’indépendance”, a-t-il soutenu, dans un témoignage vidéo publié en 2012 par la Fondation Messali-Hadj. 

En signe de reconnaissance de la République, le président Tebboune a reçu, en mai 2020, ce militant de valeur qui “a accompli avec abnégation son devoir aux côtés de ses vaillants compagnons pour libérer le pays du joug colonial, refusant après l’indépendance tout poste de responsabilité au sein de l’État et préférant vivre en simple citoyen”.
 

Arab C. 

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