L’Actualité 123e VENDREDI DE MOBILISATION POPULAIRE À TIZI OUZOU

Le Hirak sous les chants de Matoub

  • Placeholder

Samir LESLOUS/L. OUBIRA Publié 25 Juin 2021 à 23:27

© Liberté
© Liberté

Les marches du Hirak ne cessent de croiser des dates symboles qui lui donnent  une  empreinte  particulière.  C’est  le  cas  de  celles  d’hier qui ont  coïncidé  avec  le   23e  anniversaire  de  l’assassinat  du  chantre  de l’amazighité,  le  défenseur  vaillant  d’une  “Algérie  meilleure”.  

La marche du 123e vendredi de l’insurrection populaire qui a coïncidé, hier, avec le 25 juin qui marque le 23e anniversaire de l’assassinat du chantre de l’amazighité et de la démocratie, Matoub Lounès, a été, sans aucune surprise, un hommage à son sacrifice et au rôle de l’éveilleur des consciences qu’il fut de son vivant et même après sa mort. 

Les milliers de manifestants qui ont pris part à cette marche d’hier, vendredi, ont annoncé la couleur dès le début de leur rassemblement, à 13h, sur l’esplanade du stade du 1er-Novembre où des dizaines de portraits du Rebelle, et de nombreuses pancartes, sur lesquelles sont portés des extraits de ses chansons et de ses déclarations, ont été brandies.

“C’est le sang de ceux qui ont été traînés dans la boue qui éclaire le visage de la liberté”, “Je vous ai passé le flambeau, prenez soin de notre identité, de notre langue et de nos valeurs”, lit-on sur certaines de ces pancartes. Très souvent accolées à d’imposants portraits de Matoub.   

À 13h30, l’immense foule, qui s’est formée après l’arrivée de l’habituel imposant groupe en provenance du centre-ville, s’est ébranlée aux cris d’“Assa, Azekka, Lounès Yella Yella”. Comme pour tranquilliser Matoub dans son repos éternel, la foule scandait ensuite : “À Lounès, à Lounès, mazalagh d’Imazighen”.

À mesure de leur avancée vers le centre-ville, les carrés de la marche reprenaient également en chœur des morceaux, parfois des chansons entières de leur idole. À l’arrivée de la marée humaine sur le boulevard Abane-Ramdane, une minute de silence a été spontanément observée par les manifestants à la mémoire de ce symbole auquel tout le monde dans la région s’identifie.

Tizi, capitale du Hirak 
Lors de cette marche à laquelle ont participé de nombreux manifestants venus de plusieurs wilayas du pays dont Alger, Tipasa, Khenchela et Djelfa, comme l’indiquaient plusieurs pancartes, les manifestants n’ont pas perdu de vue les autres revendications habituelles portant sur le départ du système pour laisser place à une transition démocratique et la construction d’un État moderne, civil, de justice et de démocratie.

Sur  certaines  pancartes, les  manifestants  continuaient  à  dénoncer  les dernières élections législatives.“Avec un taux de 23,03%, l’Assemblée ne peut être ni populaire ni nationale”, lit-on sur l’une d’elles. Tout au long de l’itinéraire de la marche, les manifestants scandaient également des slogans appelant à l’arrêt de la répression et de l’emprisonnement des manifestants, et d’autres encore en faveur de la libération des détenus d’opinion dont de nombreux portraits émergeaient de la foule.

À rappeler qu’à Tizi Ouzou, une vague de répression sans précédent s’abat depuis quelques jours sur les activistes du mouvement populaire qui sont accusés, pour la plupart, d’attroupement et d’empêchement des élections. 

À Béjaïa, les chants du Rebelle assassiné ont également rythmé la marche du Hirak.  une mobilisation citoyenne dédiée à sa mémoire. Pour preuve, les portraits du défunt Rebelle brandis par les manifestants et qui ont largement dominé la marche. Et ce, pour que nul n'oublie le sacrifice de Matoub pour tamazight et les idéaux démocratiques. 

Ce sont des milliers de citoyens, venus des quatre coins de la wilaya de Béjaïa, qui ont battu le pavé dans les rues du chef-lieu de wilaya en ce 123e mouvement populaire du 22 Février 2019, en hommage à Matoub.

Comme toutes les précédentes marches du Hirak, celle d’hier n’a pas dérogé à la règle en termes de mobilisation et de détermination de la population de la région à continuer son combat jusqu’au “changement radical du système”.

Dès 12h, les premiers groupes de manifestants commençaient à converger vers l’esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche. Les manifestants, rassemblés sur cette esplanade, scandaient des slogans chers à leur mouvement et hostiles au pouvoir, et entonnaient des chants patriotiques avant l’entame de la marche.

Sous les cris “Ulac smah ulac” (Pas de pardon) et “Assa, azekka, Lounès yella yella” (Aujourd’hui, demain Lounès sera toujours là), la marée humaine s’est ébranlée, à 13h, pour parcourir l’itinéraire traditionnel des marches de leur mouvement.

Outre les slogans scandés en hommage et à la gloire du Rebelle, les manifestants ont repris aussi ceux du Hirak dénonçant, notamment, l’emprisonnement arbitraire des manifestants, le musellement de la presse, la justice aux ordres et la mascarade électorale du 12 juin dernier.  Ainsi, ils ont scandé haut et fort : “Libérez les détenus d’opinion”, “Presse libre et justice indépendante” et “Zéro vote, députés à la poubelle”.

À l’arrivée de la marche au rond-point le Printemps noir, sis à la cité CNS, les manifestants ont observé une minute de silence à la mémoire de Matoub avant que la voix du Rebelle ne retentisse des baffles qui diffusaient la fameuse chanson Aghourou (La trahison), une parodie de l’hymne national version Matoub. Les manifestants reprenaient en chœur la chanson tout en formant le “V” de la victoire. 

À la fin de la chanson, les manifestants ont scandé : “Pouvoir assassin” et “Assa, azekka, Lounès yella yella” avant de reprendre leur marche jusqu’à El-Qods, point de chute de toutes les marches, après avoir traversé la rue de la Liberté et arpenté le boulevard Amirouche. 
 

Samir LESLOUS/L. OUBIRA

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00