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Le Hirak, une autre révolution confisquée ?

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Abdelaziz RAHABI Publié 23 Février 2022 à 22:53

© Archives Liberté
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PAR : ABDELAZIZ RAHABI

Le  Hirak  est  la  plus  grande  promesse  démocratique  depuis l’indépendance de l’Algérie, car elle n’est ni le produit du hasard ni celui d’un quelconque laboratoire, mais l’aboutissement du processus historique d’un pays qui a avancé par ruptures violentes depuis le coup de force contre le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), en 1962.

Les différentes crises politiques et sécuritaires qui ont suivi ont paradoxalement conduit à une sorte de diabolisation, par les dirigeants, de la démocratie – admise partout ailleurs comme un mode de bonne gouvernance – et au rejet du changement reconnu pourtant comme un des moteurs de l’histoire et une dynamique  naturelle dans la vie des nations.

Le règne des Bouteflika, marqué par un sultanisme populaire, archaïque et corrompu, n’est qu’une étape dans ce complexe processus et a servi de facteur d’accélération dans l’avènement du Hirak du 22 février 2019. À l’évidence, les principales promesses du Hirak n’ont pas été tenues, et cela pose la question de la responsabilité de chacun dans la confiscation de cette révolution culturelle et l’immense frustration ressentie par les Algériennes et les Algériens.

Si la responsabilité de cette situation est partagée par quelques acteurs, ses conséquences sont collectives et affecteront toute une génération qui refuse de subir l’autoritarisme qui a affecté ses aînés. Ainsi, au sein de l’État, cette responsabilité réside essentiellement dans l’intransigeante rigidité du chef d’état-major de l’armée et sponsor exclusif des 4e et 5e mandats, Gaïd Salah, et son incapacité à comprendre que le Hirak était d’essence patriotique, que ses revendications ne visaient pas à affaiblir les institutions de la République mais, au contraire, à les mettre sous l’autorité de la loi, seule à même de les protéger et d’assurer leur pérennité. 

La déplorable justice médiatique contre la corruption a touché à la dignité et au respect qui définissent notre pays et était destinée à servir de sédatif au Hirak et à absorber la colère du peuple, qui n’a jamais eu le contrôle des richesses publiques. Cette opération n’a rien changé au fond du problème car le pouvoir absolu produit la corruption absolue sous tous les cieux.

Les libertés fondamentales subissent toujours les mêmes restrictions et seule la pandémie aura servi de période de grâce à une réalité politique faussement apaisée. Au sein du Hirak qui, en se prolongeant, a installé les motifs de sa vulnérabilité et ouvert ses rangs aux manipulations de la nébuleuse mondialisée des réseaux sociaux, la responsabilité est portée par des groupes et organisations d’une radicalité d’un autre âge, dont l’objectif était entièrement orienté vers l’ébranlement de l’État et l’affaiblissement du lien entre le peuple et son armée. Cela continue d’ailleurs aujourd’hui sous d’autres formes, mais avec les mêmes desseins. 

Les Algériens, qui avaient fait preuve de patience, de maturité et de sens des responsabilités dans l’organisation de manifestations massives et pacifiques sur une aussi longue durée, ont rompu avec l’image que le monde se faisait d’eux et de leur pays. Leurs marches, qui sont uniques dans l’histoire moderne de l’humanité, ne s’identifient pas à une polarisation forcée qui avait fini par pervertir les véritables enjeux du Hirak et réduire la portée des initiatives politiques et sociales destinées à favoriser le dialogue et le consensus national pour sortir le pays de la crise.

Faut-il se féliciter aujourd’hui que le Hirak, à défaut de faire entrer le pays dans la modernité politique, ait réussi à préserver son unité et sa stabilité ? Peut-être, mais l’Algérie a raté, une fois de plus, un rendez-vous avec l’histoire à cause de la vanité de certains de ses enfants qui ont cru que leur destin était plus important que celui de l’Algérie. 

 

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