L’Actualité Entreprises et banques publiques

Le Pari des privatisations

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Ali TITOUCHE Publié 10 Août 2021 à 09:52

© Archives /Liberté
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Le soutien aux entreprises publiques, tantôt au moyen de rachat de leurs créances par le Trésor, tantôt à travers la mobilisation de l’épargne des banques fait peser d’importants risques budgétaires en période d’amenuisement des ressources. 

Le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a instruit, dimanche, d’ouvrir le capital des sociétés publiques, y compris les banques, de trouver des solutions efficaces et de s'éloigner de la gestion administrative pour développer le secteur industriel. C’est ce qu’on peut lire dans un communiqué sanctionnant les travaux du dernier Conseil des ministres, tenu avant-hier dimanche. L’idée d’ouvrir le capital des entreprises et des banques publiques remonte à la mi-2020, lorsque Ferhat Aït Ali et Aïmene Benabderrahmane, alors respectivement ministre de l’Industrie et des Finances du gouvernement Djerad intervenaient, tantôt pour expliquer qu’il s’agit d’une piste censée “insuffler une nouvelle dynamique aux groupes publics à travers le recours à l’épargne”, tantôt pour présenter le projet comme étant une des réformes-clés du système financier algérien.

La privatisation partielle de certaines entreprises et banques publiques était annoncée pour l’actuel exercice. Depuis cette annonce faite en marge de la Conférence nationale pour le plan de relance, tenue à la mi-août 2020, le projet n’a pas évolué d’un iota, et les groupes, tout comme les banques publiques, ne sont pas allés se bousculer au portillon de la Bourse d’Alger. Le Conseil des participations de l’État (CPE), qui devait statuer sur les aspects techniques et juridiques de cette privatisation partielle des entreprises publiques, ne s’est pas réuni depuis près de deux années. Le pari de la Bourse était censé affranchir les entreprises publiques du soutien financier permanent du Trésor, dont le déficit prévisionnel de l’actuel exercice devrait caracoler à plus de 3 600 milliards de dinars. La qualité des portefeuilles des banques s’était, en revanche, nettement détériorée ces dernières années en raison des difficultés rencontrées par certaines entreprises publiques qui se sont vite propagées aux banques publiques et/ou à l’administration.

Le soutien aux entreprises publiques, tantôt au moyen de rachat de leurs créances par le Trésor, tantôt à travers la mobilisation de l’épargne des banques fait peser d’importants risques budgétaires en période d’amenuisement des ressources. L’encours de la dette publique interne s’est établi à plus de 9 300 milliards de dinars à fin décembre 2020.

Clairement, les créances sur certaines grandes entreprises publiques étaient devenues une source de risque pour certaines banques publiques, particulièrement après que la crise des liquidités a refait surface dès la fin de 2019. Ainsi, d’une pierre deux coups, le projet d’ouvrir le capital des entreprises publiques se veut une bouée de sauvetage aussi bien pour les groupes privatisables que pour les banques ayant renoué avec les insuffisances de liquidités.

Une chose est sûre, l’État ne peut plus emprunter auprès de la Banque centrale pour répondre à ses besoins de financement croissants, étant donné les risques budgétaires que fait peser la planche à billets et qui pourraient déboucher sur une instabilité macroéconomique. Il reste à savoir si les entreprises et les banques publiques candidates à une ouverture du capital sont privatisables en l’état. Il serait préférable de procéder, d’abord, à un assainissement des bilans après audits et réévaluation des actifs. Si le projet de privatisation partielle de certaines entreprises et banques publiques revient sur le devant de la scène, pour la énième fois, faut-il le souligner, c’est parce que, de l’avis du gouvernement, la piste serait incontournable pour la survie de certains groupes publics.

Ali Titouche

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