L’Actualité Lutte contre l’érosion du pouvoir d’achat

Les solutions préconisées par le gouvernement

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Ali TITOUCHE Publié 05 Octobre 2021 à 10:31

Baisser l’IRG-salaires pour soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs impose au gouvernement de quêter de nouvelles sources fiscales. © D.R
Baisser l’IRG-salaires pour soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs impose au gouvernement de quêter de nouvelles sources fiscales. © D.R

La réduction de l'impôt sur le revenu global (IRG) et l'augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique figurent dans la boîte à outils de l’Exécutif, censée aider à préserver le pouvoir d’achat des Algériens.

Passée la grande dépression du marché pétrolier de 2020, la question du pouvoir d’achat refait surface et constitue désormais un axe central dans les arbitrages budgétaires au titre de la loi de finances 2022. De surcroît, depuis 2020, se posait le coût social du choc pandémique qui s’est traduit par une forte érosion du pouvoir d’achat des ménages et une hausse nette du taux de chômage, notamment chez les jeunes catégories. Tout en reconnaissant la baisse du pouvoir d’achat des Algériens, le chef de l’État a esquissé, dimanche, les contours d’un plan de soutien en faveur des salariés, lequel devrait déboucher sur un rattrapage salarial dès 2022, dont les principales mesures seront prises en charge par la loi de finances du prochain exercice. 

Il s’agit, entre autres mesures, de la réduction de l'impôt sur le revenu global (IRG) et de l'augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique. Ces deux dispositions, suggérées dimanche, par le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, devraient figurer dans la boîte à outils de son gouvernement, censée aider à préserver le pouvoir d’achat des Algériens, laminé par le retour des tensions inflationnistes qui ont marqué 2021 et une partie de l’année précédente. Pour beaucoup de salariés pris en tenailles entre une flambée généralisée des prix et un salaire peu ou pas du tout évolutif, le compte n’y est pas. 

De ce fait, la question du pouvoir d’achat revient comme une prière dans tous les discours et revendications ; le chef de l’État allant jusqu’à employer la phrase “vivre décemment” lors d’un discours inaugural de la rencontre gouvernement-walis. Concrètement, la façon dont le chef de l’État veut augmenter les salaires des travailleurs consiste à baisser les prélèvements obligatoires sur les salaires. Il s’agit de réduire l’écart entre le salaire net et le salaire brut ; un artifice permettant de relever les rémunérations des salariés sans augmenter les salaires par la hausse de la dépense budgétaire. 

Cela signifie que l’arbitrage a été fait en faveur de la préservation du pouvoir d’achat et de la stabilisation de l’inflation, étant donné qu’un rattrapage salarial entraînant une hausse de la dépense et de la masse salariale alimenterait l’inflation qui, à son tour, éroderait le pouvoir d’achat, si celle-ci venait à s’inscrire dans la durée. Cependant, la baisse de l’IRG-salaires, dont le poids dans la structure de la fiscalité ordinaire est pour le moins important, impliquera de facto une baisse des recettes fiscales générées par les impôts directs, ainsi que des financements de la Sécurité sociale, car les prélèvements obligatoires sur le travail pèsent pour plus de deux tiers dans les produits des impôts directs et contribuent grandement au financement de la Sécurité sociale.

En 2018, l’ IRG a représenté plus de 88% du total du produit des impôts directs. De ce fait, baisser l’IRG-salaires pour soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs impose au gouvernement de quêter de nouvelles sources fiscales de nature à compenser cette baisse et à perpétuer le financement de la Sécurité sociale qui, elle aussi, participe au financement du système de retraite au moyen d’un dispositif de solidarité inter-caisses. Le président Tebboune a, d’ailleurs, ordonné à son gouvernement d’enrichir l’avant-projet de loi de finances 2022, rappelant la nécessité d'appliquer l'impôt sur la fortune après sa redéfinition avec précision dans la loi budgétaire du prochain exercice. 

En 2018, l’impôt sur le patrimoine n’a représenté que 0,02% des montants des impôts directs réalisés en 2018, a indiqué la Cour des comptes dans son dernier rapport d’appréciation. L’impôt sur le patrimoine peut constituer une bonne source de revenu fiscal pour peu qu’il soit appliqué, car la volonté politique faisant défaut jusqu’ici quant à son application. C’est dire que l’équation du pouvoir d’achat a toujours été difficile car figure en toile de fond la récurrente question de la réforme du modèle social et son financement. 

 


Ali Titouche

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