L’Actualité L’économie algérienne face aux chocs exogènes

Les voies de la résilience

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Meziane RABHI Publié 24 Janvier 2022 à 11:22

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Pour optimiser la résilience de l’économie algérienne, il faudrait réussir la diversification des sources de croissance économique, potentiellement assez nombreuses, estiment deux économistes.

L’économie algérienne dispose-t-elle des capacités de résilience permettant l’absorption des “chocs” externes (baisse prolongée des prix des hydrocarbures sur le marché international et impacts du coronavirus) ? Dans une communication publiée dans les Cahiers du Cread, Kouider Boutaleb, de la faculté des sciences économiques et de gestion de l’université de Tlemcen, et Oussama Boutaleb de Simon Kuznets Khakiv National University of Economics (Ukraine), font remarquer que “comme toutes les économies rentières l’économie algérienne est dépendante quasi exclusivement d’une seule ressource, à savoir les recettes des exportations des hydrocarbures”. Cette situation, estiment-ils, prédispose le pays aux chocs extérieurs et accentue par conséquent la vulnérabilité de l’économie algérienne aux chocs exogènes. 

Dans leur communication, les deux économistes font ressortir que la structure des échanges extérieurs de l’Algérie est la principale source de vulnérabilité. “L’indice Herfindahl-Hirschman, qui permet d’apprécier le degré de diversification par concentration des échanges, s’approche le plus souvent de 1, traduisant une forte concentration des exportations autour des hydrocarbures”, relèvent les économistes. Pour les deux économistes, “la résilience de l’économie algérienne nécessite par conséquent des réformes structurelles urgentes”. Le problème demeure entier, soulignent-ils, tant que la diversification des sources de richesse ne sera pas réalisée. L’objectif de diversification hors ressources naturelles, “bien que réaffirmé unanimement depuis des décennies, est loin d’être atteint”, constatent les deux économistes. Selon eux, “le développement de capacités, à même de tempérer les effets des chocs extérieurs est faisable”. 

Il est conditionné, ajoutent-ils, “par des réformes structurelles et de gouvernance, nonobstant l’élaboration et la réalisation de politiques industrielles, agricoles et commerciales rigoureusement menées, périodiquement évaluées et corrigées”. Les deux économistes indiquent que le problème, “encore une fois” ne se pose pas en termes de “que faut-il faire ?”, mais de “comment et qui peut assurer la mise en œuvre effective des réformes ?” Kouider et Oussama Boutaleb évoquent l’urgence d’engager, “aujourd’hui et pas demain”, deux grandes réformes : celle de l’impôt et celle du régime des subventions. La réforme du l’impôt, expliquent-ils, permettra de remettre en cause les rentes de situations (antinomique au fonctionnement d’une économie de marché) et serait d’un gain considérable pour le Trésor public. 

“Il s’agit non seulement, de revoir l’ensemble des taxes et redevances au plan local, régional et national, mais aussi d’optimiser le recouvrement en luttant efficacement contre la fraude fiscale”, soulignent-ils. Les deux économistes plaident, également, pour la réforme du régime de subventions généralisés, pour introduire des subventions ciblant ceux qui en ont le plus besoin et venant en complément des filets de protection sociale existants. “Selon certaines évaluations, la moitié la moins aisée de la population reçoit 28% des subventions totales ; le reste, soit 72%, va à la moitié la plus aisée”, font-ils remarquer. 

Les deux économistes recommandent, aussi, la réduction du train de vie de l’État et la rationalisation des dépenses publiques. Il s’agit, par conséquent, de s’engager résolument dans des réformes permettant à terme, d’asseoir les ressorts des équilibres macrofinanciers hors fiscalité pétrolière. Pour optimiser la résilience économique de l’économie algérienne, il faudrait réussir la diversification des sources de croissance économique, potentiellement assez nombreuses, tourisme, agriculture, industrie…). 

Mais pour cela, “il faudrait se départir de l’improvisation et de l’empirisme qui gouverne l’action des gouvernants”, estiment Kouider et Oussama Boutaleb, suggérant “la création d’un grand ministère de l’Économie ou d’un ministère de la Planification”. 

 


M. R

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