L’Actualité ÉVOLUTION DE LA COVID-19

L’urgence de numériser le secteur de la santé

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Samir OULD ALI Publié 28 Juillet 2021 à 23:03

© Archives Liberté
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De nombreux professionnels de la santé avaient tiré la sonnette d’alarme et remis en cause les bilans officiels concernant les cas de contamination et le nombre de décès enregistrés quotidiennement à travers le territoire national.

Et si les rapports de situation sur l’épidémie de Covid-19 ne correspondaient pas à la réalité ? Et si les autorités sanitaires algériennes ne disposaient pas d’instruments leur permettant pas de collecter correctement l’information ? De plus en plus de professionnels de la santé, se trouvant en première ligne de la lutte contre la pandémie, le pensent et le font savoir. 

Il y a quelques jours, le professeur Rachid Belhadj, directeur des activités médicales et paramédicales au CHU Mustapha-Pacha, Alger, avait reconnu dans un entretien à la radio Chaîne III qu’il était “très difficile d’avoir les vrais chiffres concernant les contaminations” avant d’affirmer que le nombre des cas est “plusieurs fois supérieur aux chiffres annoncés”. 

Rachid Belhadj avait expliqué que le secteur de la santé n’avait pas encore été numérisé, que certains services d’urgences inscrivaient encore les admissions sur des registres et que la plateforme numérique du ministère de la Santé n’était pas alimentée de manière régulière. Pour ces raisons, a-t-il ajouté, il n’est pas possible d’avoir “les vrais indicateurs, en matière de chiffres, sur le nombre de malades contaminés, le nombre des décès… L’informatisation de la santé reste aussi une priorité importante pour nous”. 

Avant lui, début juillet, Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie, avait, lui aussi, indiqué à Liberté que les chiffres communiqués par les autorités “ne reflètent pas le nombre réel des contaminations” en attribuant cette anomalie au fait que seuls les résultats des tests PCR étaient pris en compte.

Or, coûteux et inaccessibles au grand nombre, les médecins hésitaient à les prescrire à la population. Kamel Djenouhat rejoignait ainsi le professeur Abdelaziz Tadjeddine, chef du service épidémiologie et médecine préventive à l’hôpital pédiatrique de Canastel, à Oran, qui, en juillet 2020 déjà, avait émis les mêmes réserves sur les rapports de situation de l’épidémie :

“L’information est mal collectée parce que les autorités sanitaires veulent à tout prix que seuls les PCR positifs décédés soient comptabilisés alors que l’on sait que les PCR positifs ne représentent que 10% des véritables contaminations.” 

Le Pr Tadjeddine avait indiqué que “des cas de décès de personnes présentant un tableau clinique très évocateur avec le contexte épidémiologique qu’on connaît ne sont pas comptabilisés parce que ces personnes n’ont pas été testées”, a-t-il, notamment, expliqué.

S’il subsistait de rares doutes sur l’échec du système de santé algérien, la pandémie de Covid-19 les a proprement effacés : la saturation des établissements hospitaliers qui se sont révélés incapables de prendre en charge le flux des malades ; le scandale du manque d’oxygène qui révèle l’imprévoyance des autorités sanitaires face à un virus fulgurant qui, il est vrai, a pris de court toute la planète ; l’absence d’un dépistage de masse seize mois après l’apparition du  coronavirus ; l’incapacité des autorités à communiquer des données statistiques fiables sur la situation épidémique ; et d’autres indicateurs encore ont définitivement mis à nu la réalité de la faillite de notre système de santé. Plus que jamais, un changement radical s’impose.
 

S. OULD ALI

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