L’Actualité Les habitants racontent le drame qui a frappé leur localité

Meknassa sortie de l’ombre par la tragédie

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Ahmed CHENAOUI Publié 10 Mars 2021 à 22:54

Des éléments de la Protection civile en opération de recherche des corps emportés par les crues. © Sofiane Zitari/Liberté
Des éléments de la Protection civile en opération de recherche des corps emportés par les crues. © Sofiane Zitari/Liberté

Les fortes pluies qui se sont abattues sur la région de Meknassa, à l'ouest du chef-lieu de la wilaya de Chlef, et qui ont fait 10 morts, resteront gravées dans la mémoire de la population.

“Nous sommes des dizaines de familles à occuper des habitations de fortune, comme vous le voyez, le long des 10 km que parcourt l’oued dans notre région. Celui-ci a toujours été un danger imminent pour nous et particulièrement à l’arrivée de l’hiver. Et s'il n’a pas fait de victimes par le passé, il a toujours causé de sérieux dégâts à nos habitations, à nos cultures et à nos bêtes (ovins, bovins et volaille), racontent avec une grande émotion des habitants de la région, toujours rassemblés sur les lieux du drame au moment où les recherches se poursuivaient pour trouver la 10e victime de la catastrophe.  

Pour les habitants de la petite localité de Meknassa traversée par le maudit oued qui tire son appellation du même douar (Meknassa) dans la commune d’Oued Sly, l’élan de solidarité impulsé après le drame et la compassion manifestée à travers le pays demeurera également inoubliable. Mais pour les citoyens qui ont vécu la catastrophe, le drame est plus humain que naturel. Selon des témoignages recueillis auprès des habitants de Meknassa, le drame était prévisible car ce n'est pas la première fois que l’oued connaît une crue aussi importante et dangereuse. 

“Combien de fois, par le passé, tout ce qui se trouvait à l’intérieur de nos maisons a été emporté par l’oued qui charriait tout sur son passage. Et si cette fois-ci, les crues ont été plus importantes et mortelles, c'est tout simplement à cause de la négligence et du laisser-aller de certains responsables de notre commune qui n’ont pas assumé leurs responsabilités. Comment se fait-il qu'on autorise des centaines de camions à jeter, à longueur d’année, des tonnes et des tonnes de décombres le long du lit de l'oued en question, ainsi que des déchets que certains individus, inconscients de la gravité de leurs actes, déposent régulièrement au point que l'oued n'arrive plus à recevoir les eaux pluviales de l’hiver. Ce sont ces décombres que les crues ont emportés la semaine dernière,  qui ont violemment renversé les véhicules, ainsi que leurs occupants qui se trouvaient juste à proximité du pont qui a subitement été englouti par les eaux”, témoignent-ils. Pour ces riverains de l'oued Meknassa, cela fait bien longtemps qu'ils attendent à être transférés loin de ces dangereux lieux qu'ils qualifient de maudits. Selon eux, toutes les demandes adressées aux autorités locales compétentes sont demeurées lettre morte. 

“Il a fallu attendre que la récente et fatale catastrophe nous tombe sur la tête pour que les responsables s’engagent, devant les quatre ministres venus à l’enterrement des victimes des inondations, à prendre en charge, cette fois-ci, notre cas au sérieux”, font savoir les mêmes habitants.

Pour Bouabdellah M., un spécialiste en hydrologie qui travaille dans le secteur des ressources en eau, l'oued Meknassa demeure un important point noir en matière d’inondation qui vient s'ajouter aux 31 autres recensés dans l’ensemble du territoire de la wilaya. Selon ce même spécialiste, une étude technique et de faisabilité s’avère indéniablement nécessaire et indispensable sur les lieux, afin d’éviter de nouveaux drames susceptibles de surgir à n’importe quel moment et surtout à la moindre averse dans la région. “Ces travaux commencent d'abord par le déblaiement et le curage de l'oued, afin qu'il retrouve son lit initial. Il faut ensuite éloigner toutes les habitations se trouvant le long des berges.

Et enfin, ne pas jeter dans l’oued des détritus ou autres pour pouvoir réaliser des digues ou des murs de soutènement et autres moyens de protection qui pourront contenir à l’intérieur de l’oued les crues qui proviennent d’endroits lointains et élevés. Viendront par la suite d'autres réalisations qui canaliseront une fois pour toutes les eaux. Pour ce faire, il faut que la collectivité locale concernée, à savoir l'APC d'Oued Sly, puisque l'oued Meknassa se trouve sur son territoire communal, s’y astreigne”, explique notre spécialiste, qui souhaite que de cette catastrophe une leçon soit tirée.

Mais du côté de l'APC d’Oued Sly, qui a connu ces dernières années diverses crises internes qui se sont soldées par la dissolution de l’Assemblée, la responsabilité de certains citoyens est entièrement engagée quant à la situation de l'oued Meknassa avant la tragédie. “Nous n'avons pas les moyens nécessaires de surveiller 24h/24 tous les nombreux camions qui, quotidiennement et même la nuit, viennent déverser leurs décombres dans l'oued. Tout le monde a une part de responsabilité dans cette tragédie”, concluent des sources communales d’Oued Sly.

AHMED CHENAOUI

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