L’Actualité APRÈS AVOIR PURGÉ UNE ANNÉE DE PRISON À ORAN

Noureddine Tounsi retrouve la liberté

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Samir OULD ALI Publié 24 Septembre 2021 à 23:43

© D. R.
© D. R.

Le lanceur d’alerte Noureddine Tounsi  a  recouvré  sa  liberté ce week-end après avoir purgé une année de prison pour “outrage à corps constitués” et “atteinte à la vie privée des personnes”.

À sa sortie de l’établissement pénitentiaire d’Oran, celui qui a été derrière la révélation de plusieurs scandales — dont l’affaire des 701 kilos de cocaïne du port d’Oran qui a contribué à la chute de l’ancien DGSN Abdelghani Hamel — a encore dénoncé le déni de justice qui l’a frappé, lui qui aurait dû bénéficier de la protection que la loi garantit aux lanceurs d’alerte.

Noureddine Tounsi a été interpellé le 21  septembre 2020 dans son quartier d’El-Hamri, alors qu’il était en compagnie de son avocat. Après une garde à vue de 48 heures, il a été  déféré  devant  la  justice  pour  différents  chefs d’inculpation dont intelligence avec l’étranger, motivée, selon le procureur de la République du tribunal Cité Djamel (aujourd’hui Felaoucène), par les liens du suspect avec la Plateforme de protection des lanceurs d'alerte en Afrique (PPLAAF).

La défense est immédiatement montée au créneau pour dénoncer une cabale destinée à faire taire un lanceur d’alerte qui menaçait des intérêts occultes. Depuis 2016, l’ancien  employé  du  port  d’Oran  avait, en  effet, défrayé la chronique  en  rendant  publiques  plusieurs  affaires   de  corruption  et  de détournement, et en appelant les plus hautes autorités à intervenir.

Dans sa croisade, Tounsi s’était même attaqué  au  fonctionnement de la justice, en accusant notamment certains magistrats exerçant à Oran de “graves dérives” qu’il disait pouvoir prouver “pour autant que la justice daigne l’écouter”.

En mars 2021, le juge chargé d’instruire  le  dossier Tounsi  décide  d’accorder un non-lieu pour espionnage et renvoie l’affaire devant le tribunal correctionnel où l’inculpé devra répondre de deux chefs d’accusation, à  savoir d’“outrage à corps constitués” et d’“atteinte à la vie privée des personnes”.

À l’issue du procès qui a lieu un mois plus tard, Noureddine Tounsi écopera d’une année de prison ferme par le juge d’audience  qui  aura  ainsi suivi le réquisitoire du procureur de la République.

“J’ai révélé des malversations, dénoncé la corruption et des atteintes au bien public qui ont abouti à des procès et à des condamnations. Au lieu de bénéficier de la protection, j’ai été accusé d’intelligence avec l’étranger (…)”, se plaindra l’accusé par visioconférence depuis la prison où il est détenu depuis sept mois.

La défense interjette appel du verdict et  un  nouveau  procès  est  programmé pour le mois de juin. Dans l’intervalle, Noureddine  Tounsi observe une grève de la faim pour dénoncer ses conditions de détention et alerter sur “la menace de mort” qui pèse sur sa tête.

Le procès en appel se tient le 10 juin, et le représentant du parquet requiert l’annulation du premier verdict et l’aggravation de  la peine  sans  en fixer la durée.

Comme  en  première  instance, les  avocats  de  la  défense  insistent sur l’absence de preuves matérielles soutenant des charges participant d’une cabale organisée par des forces occultes. Et comme en première instance, ces arguments seront sans effet  sur  le  tribunal  d’appel qui, la  semaine suivante, confirmera la première sentence, à  savoir  une année de prison ferme.

Noureddine Tounsi et les siens vivront, dès lors, dans l’espoir d’une libération à l’occasion de la grâce  présidentielle du 5 Juillet, mais  même cette “faveur” ne leur sera pas accordée.  Le lanceur  d’alerte  a  purgé  sa  peine jusqu’au bout...
 

S. OULD ALI

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