L’Actualité ORAN, VÉRITABLE MUSÉE À CIEL OUVERT

PATRIMOINE HISTORIQUE EN PERDITION

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Samir OULD ALI Publié 04 Juin 2021 à 22:17

© D. R.
© D. R.

Chaque été, à l'occasion du lancement de la saison estivale, l'absence du tourisme culturel et patrimonial refait surface pour rappeler la situation d'abandon du patrimoine culturel matériel d'Oran.

Un gâchis que de nombreuses associations culturelles regrettent mais qui ne semble pas affecter les autorités locales.  Il y presque 20 ans, au milieu des années 2000, l’association de sauvegarde du patrimoine historique Bel-Horizon avait édité un guide dans lequel elle présente une cinquantaine de vestiges historiques pour illustrer la richesse du patrimoine matériel d’une ville façonnée les civilisations romaine, punique, fatimide, omeyyade, almoravide, zianide…, depuis sa création en l’an 903.

L’ouvrage débute par une incursion dans la préhistoire pour nous apprendre que des fouilles archéologiques, réalisées aux 19e et 20e siècles, ont révélé des traces datant d’au moins 100 000 ans. Ainsi, des grottes du paléolithique et du néolithique ont été découvertes à Kouchet El Djir et à Eckmühl, indique le guide, qui ajoute que plusieurs sites recensés à travers le territoire de la wilaya situent la présence romaine dans la région de Bethioua alors que des vestiges de la civilisation punique se retrouvent à l’ouest, plus précisément aux Andalouses où se trouvent une vaste nécropole et de nombreux objets d’artisanat.

Le guide fait ensuite le tour des fortifications qui témoignent des différentes présences militaires française, espagnole, turque (Santa Cruz, Mers El Kebir, Rozalcasar, Fort Lamoune…), et les places et édifices remarquables comme la place d’Armes, la place Kléber, l’Opéra, l’Obélisque de la Victoire ailée, l’Hôtel de ville, la gare, l’hôpital Baudens, les Bains turcs…

Le livre s’intéresse également aux édifices de culte des trois religions monothéistes : les mosquées la Perle, Pacha, Mohamed El Kebir, Malek Ibn Anas…, aux mausolées et marabouts tels Sidi El Houari, Sidi M’hamed Benaouda, Sidi Blel… mais aussi aux églises comme la Cathédrale du Sacré cœur, Saint Louis, Saint Esprit, Saint Eugène… et de la synagogue de boulevard Maata, reconvertie en mosquée Ibn Salem.

L’ouvrage se termine par la présentation des sites naturels qui, de la promenade Ben Badis (plus connue sous l’appellation de la promenade De Létang) aux îles Habébas en passant par le parc naturel des Planteurs, la forêt de M’sila et le complexe des zones humides, constituent un écosystème forestier lacustre et marin d’un intérêt tout particulier.

Sans être exhaustif, le guide sur les monuments historiques et sites naturels rappelle l’existence de trésors archéologiques rares, à préserver impérativement aussi bien pour leur valeur historique et mémorielle que pour l’impact que le tourisme culturel et patrimonial a fini par avoir sur l’économie ces dernières années (près de la moitié du tourisme international reposerait sur le voyage culturel et patrimonial). 

“Une bonne stratégie de préservation et de promotion du patrimoine historique pourrait convaincre les potentiels touristes de s’intéresser à l’Histoire et à tous les vestiges que les civilisations passées ont légués à la ville”, ont toujours plaidé les spécialistes et défenseurs du patrimoine oranais. Javier Galvàn, chargé de l'assistance technique espagnole pour la réhabilitation du centre historique de la ville d’Oran dans les années 2000, avait également souligné la “valeur patrimoniale mondiale” de la capitale de l’ouest qu’il a qualifiée de “musée architectural unique au monde”, rassurant sur les potentialités incontestables de la wilaya et appelant à la mise en valeur du tourisme culturel.

Malheureusement, les appels à la mise en place d’une stratégie de promotion du patrimoine archéologique oranais ont toujours buté sur l’indifférence des autorités locales pourtant toujours promptes à louer les vertus du tourisme culturel. Hormis la restauration annoncée en ce début d’année de la porte du Caravansérail (1848), située à Sidi El Houari, et les fouilles envisagées à Portus Magnus de Béthioua, le précieux parc archéologique d’Oran se meurt en silence.
 

S. OULD ALI 

 

 

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