
“Le verdict rendu aujourd’hui par la justice confirme que le premier jugement par défaut était un jugement arbitraire et que l’arrêté portant ma suspension à titre conservatoire, établi par le wali, est arbitraire”, a réagi le P/APC.
Prévu initialement pour le 28 janvier dernier et reporté au 18 février avant qu’il ne le soit une seconde fois, le procès de Sofiane Oumellal, le président d’APC, d’obédience RCD, d’Afir, dans la wilaya de Boumerdès, a eu lieu, hier, au tribunal de première instance de cette même wilaya.
Le verdict dans cette affaire que d’aucuns considéraient comme “montée de toutes pièces” a été rendu en fin de journée par le juge du tribunal qui a finalement prononcé la relaxe du maire.
Une décision accueillie avec un grand soulagement par les avocats de la défense et avec joie par les nombreux militants, élus et citoyens venus de plusieurs wilayas pour organiser un rassemblement de soutien devant le tribunal.
Le soulagement était d’autant plus grand que le réquisitoire du procureur a été des plus lourds. En effet, avant l’entame des plaidoiries des cinq avocats de la défense, le procureur de la République a requis trois ans de prison ferme à l’encontre de ce maire qui a été poursuivi, selon Me Salah Brahimi, sur la base de l’article 33 du code de procédure pénale.
Concrètement, ce plus jeune maire d’Algérie a été poursuivi pour avoir autorisé une famille à utiliser, durant quelques heures, la salle de restauration de l’école primaire à l’occasion d’une fête de mariage qui a eu lieu durant l’été 2019.
L’opinion publique a, pour rappel, pris connaissance de cette affaire en octobre dernier lorsque le wali de Boumerdès a notifié à ce jeune maire la suspension de ses fonctions au motif qu’il a fait l’objet d’une condamnation par contumace.
Ce n’est qu’à ce moment-là que le maire a, lui-même, découvert ahuri, qu’il avait été condamné, disait-il, sans avoir fait l’objet d’un procès et, pis encore, sans avoir reçu la moindre convocation de la justice ou des services de sécurité.
“Une décision qui s’inscrit en droite ligne dans la poursuite des pressions et harcèlement judiciaire à l’encontre de toutes les voix qui rejettent les politiques du pouvoir de fait”, a condamné, à l’époque, le bureau régional du RCD à Boumerdès qui, pour étayer sa déclaration, avait énuméré la série d’attaques dont a fait l’objet le parti durant la même période.
Si quelques mois plus tard, l’acharnement contre le parti s’est quelque peu estompé, le maire de la commune d’Afir, lui, n’a visiblement pas été lâché même si ses avocats disaient êtres convaincus que “son dossier était vide” et qu’ils ont donc plaidé l’acquittement.
“Nous sommes confiants quant à l’issue du procès”, nous a déclaré un membre du bureau régional du RCD à Boumerdès avant même que le verdict ne soit rendu. Au prononcé du verdict, Sofiane Oumellal a estimé que désormais justice est faite dans cette affaire.
“Le verdict rendu aujourd’hui par la justice confirme que le premier jugement par défaut était un jugement arbitraire et confirme que l’arrêté portant ma suspension à titre conservatoire, qui a été établi par le wali est un arrêté arbitraire sans fondement juridique”, nous a déclaré le maire d’Afir, Sofiane Oumellal, avant d’annoncer avoir, sans attendre, poursuivi le wali de Boumerdès devant tribunal administratif pour l’annulation de son arrêté.
“À la base de cette relaxe, je compte introduire une action au tribunal administratif afin d’obtenir l’annulation de l’arrêté du wali portant ma suspension”, nous a-t-il affirmé.
Samir LESLOUS