L’Actualité Procès en appel de GB Pharma de benhamadi

Sellal et Ouyahia encourent 10 ans de prison

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Lyes MENACER Publié 14 Février 2021 à 23:59

Abdelmalek Sellal. © Archives Liberté | Ahmed Ouyahia. © Archives Liberté
Abdelmalek Sellal. © Archives Liberté | Ahmed Ouyahia. © Archives Liberté

Maintenant  les  sentences prononcées  en  première instance alors que   le  parquet   avait   requis  dix  ans   pour  chacun  des  deux  anciens  Premiers ministres, la cour a laissé le prononcé du  verdict en délibéré pour le 21 de ce mois.

Le procureur général près la cour d'Alger a requis, hier, dix ans de prison ferme et un million de dinars d'amende avec saisie de tous leurs biens, à l'encontre   des  deux  anciens  Premiers   ministres  Ahmed  Ouyahia  et Abdelmalek Sellal, et trois ans de prison  ferme à  l'encontre  de  l'ancien ministre des Travaux publics, Abdelghani  Zaâlane avec saisie de tous ses biens, lors du procès en appel impliquant  le  groupe Condor de la famille Benhamadi.

Les accusés avaient été condamnés aux mêmes peines par le tribunal de Sidi M'hamed d'Alger fin novembre dernier. Les deux anciens Premiers ministres sont jugés   dans  le  dossier  de  la   société  de  fabrication  et  d'importation des médicaments GB Pharma, une filiale du groupe Condor.

Et  en  tant  qu'ancien  directeur  de  campagne  de   l'ex-président  Abdelaziz Bouteflika, M. Sellal est poursuivi dans l'affaire des comptes de la campagne électorale (qui n'a  jamais  eu lieu), dont  il  a  nié  toute  implication, même s'il affirme assumer toute  la  responsabilité  dans l'ouverture  de  deux  comptes bancaires à l'agence du Crédit populaire d’Algérie à Hydra.

Concernant  l'affaire de GB  Pharma, MM. Ouyahia  et Sellal sont accusés d'avoir accordé des avantages  injustifiés à  Condor pour  la  réalisation d'une usine de fabrication de médicaments dans la  nouvelle ville  de  Sidi Abdellah, au sud-ouest d'Alger, un projet qui n'a jamais vu le jour, mais aussi d'abus de fonction, en favorisant également le même groupe Condor dans un marché de vente de téléphones mobiles avec l'opérateur public Mobilis.

Interrogé par la juge, l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a nié tout en bloc, affirmant que la décision d'accorder des avantages fiscaux et douaniers à GB Pharma n'est pas  individuelle, mais  qu’elle  a  reçu  l'aval  du  Conseil national de l'investissement  (CNI),  dont  il  était  le  président.  M. Ouyahia  a chargé l'Agence nationale de l'investissement (Andi)  en  ce  qui  concerne  le suivi  du  projet  d'usine  de  GB  Pharma, qui  a  bénéficié  d'un  terrain  d'une superficie de 18 700 mètres carrés, et le ministère de la Santé dans le volet lié à  l'importation  des  médicaments  par  GB  Pharma, qui  a  obtenu  des autorisations d'importation non réglementaires, selon le parquet.

“J'ai quitté mon poste de Premier ministre  en  septembre 2012, soit  11 mois après l'accord du CNI”, explique M. Ouyahia, affirmant  que “c'est la loi de la République qui a chargé l'Andi, les douanes et les impôts à faire le suivi des projets”. Et de  préciser : “ Le  CNI  n'a  aucun  lien  avec  la  délivrance  des autorisations d'importation des médicaments.

Pour les crédits accordés à Condor, les banques sont autonomes dans leur gestion et sous la responsabilité de la Banque d'Algérie.” Pour l'ancien Premier ministre : “On a créé un lien de cause à effet là où il n'y a aucun lien.”

Relancé par la juge sur le fait qu'il n'avait pas cherché à s'informer sur l'état d'avancement du projet de GB Pharma, après son retour à la tête de l'Exécutif en 2017, Ahmed Ouyahia garde la même ligne de défense, rappelant qu'il n'était plus en fonction au moment où GB Pharma a eu accès aux crédits et au marché d'importation des médicaments par cette filiale du groupe Condor, disculpant au passage le défunt Moussa Benhamadi, décédé de la Covid-19 en prison. “C'est le code de l'investissement qui a accordé ces avantages”, a-t-il répondu à la juge.

Appelé à la barre, Abdelmalek Sellal  a  nié avoir  un  quelconque  lien avec le dossier de GB Pharma, expliquant qu'en tant que chef de l'Exécutif, il assurait un rôle plutôt politique qu'administratif.

“Je ne suis pas  concerné  par  cette  affaire  de  GB  Pharma”, a répondu d'emblée Abdelmalek Sellal. “Selon les lois de la République, un chef du gouvernement est  un  responsable  politique, qui  n'a  pas  la  qualité  de fonctionnaire.

Je  prends  des  décisions  politiques  à  ce  niveau  de  responsabilité”, s'est défendu Abdelmalek Sellal, chargeant les ministres concernés par le suivi de ce genre de dossiers en soulignant que c'était au président de la République de les rappeler à l'ordre ou de les interpeller. Cela n'a  pas  été  de  l'avis du procureur général lors de la lecture de son réquisitoire.

Ce dernier a rejeté aussi la requête déposée par les avocats de Sellal, qui ont demandé à ce que leur client soit jugé par la Cour constitutionnelle, en sa qualité d'ancien haut fonctionnaire de l'État. Pour sa part, la défense du groupe Condor a demandé la levée des scellés sur la société GB Pharma, affirmant que cette entreprise n'est pas poursuivie en justice et que le dossier est toujours au niveau du juge d'instruction.

Les avocats de GB Pharma ont aussi demandé, évoquant la présomption d'innocence, l'annulation de toutes les mesures prises à l'encontre de cette entreprise, affirmant qu'elle n'a même pas été avertie de la décision de sa mise sous scellés. Mais le procureur général a rejeté cette demande, estimant que “cette société est de mauvaise foi et elle a bénéficié de manière non légale du matériel mis sous scellés”.

Acquitté dans l'affaire du financement occulte de la campagne d'Abdelaziz Bouteflika, Abdelghani Zaâlane a nié toute responsabilité dans l'usage qui a été fait de l'argent collecté pour financer la campagne électorale de l'ancien président de la République, dont les 5 milliards de centimes versés par la famille Benhamadi.

Tout comme son prédécesseur Sellal à la tête de la direction de campagne de Bouteflika pour un 5e mandat, M. Zaâlane a affirmé  que sa responsabilité se limitait à la gestion de l'aspect politique de la campagne électorale.

Dans l'affaire Mobilis, Abdelmalek Sellal a rejeté les accusations quant à son intervention auprès de Mobilis pour l'obliger  à  régler des factures à Condor, via son cabinet.  Venu  témoigner,  l'ancien  DG de  Mobilis, Mohamed Salah Daas, a  affirmé  qu'il  n'a  jamais   reçu  d'ordre  d'aucun  responsable   du gouvernement  pour  contracter  des  marchés  avec  Condor,  dans  lequel l'entreprise publique de télécom a perdu plus de 50  milliards  de  centimes.
 

Lyès MENACER

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