L’Actualité Dr KHOMS KHALED, ANCIEN MAÎTRE-ASSISTANT EN PSYCHIATRIE AU CHU DE BATNA, SPÉCIALISTE LIBÉRAL À SÉTIF

“Un enfant ne doit pas utiliser un écran avant 6 ans”

  • Placeholder

Faouzi SENOUSSAOUI Publié 21 Novembre 2021 à 00:07

© C. E.
© C. E.

Liberté :  De  plus  en  plus d'enfants  sont  atteints  de  troubles du langage et d'autisme en raison de leur forte exposition aux écrans.  Peut-on parler de ce phénomène en Algérie ?
Dr Khoms Khaled : Oui, bien sûr. Ce phénomène (trouble du langage) est contemporain. Il existe de par le monde. Il n’est pas propre à l’Algérie. 
L’exposition pour de longues heures de la journée aux écrans des différents supports digitaux crée une forme de dépendance d’abord chez les adultes qui, normalement, doivent être auprès de leurs enfants. 
L’addiction des enfants et des jeunes aux jeux, aux images, ainsi que tout ce qui est réseaux sociaux les détachent de leur environnement social et, du coup, appauvrit leur langage. Les enfants ont besoin de jeux, de s’exprimer (jeux de rôles), cependant, les écrans arrachent cela dès la petite enfance, d’où une attitude des enfants qui peuvent paraître autistes car à ce stade, on ne peut pas parler d’autisme, mais de troubles similaires à ceux du spectre autistique. Ce sont des comportements stéréotypés.

Y a-t-il une stratégie au gouvernement pour endiguer ce phénomène et prendre en charge les enfants victimes des écrans ?
La meilleure stratégie, c’est beaucoup plus la sensibilisation. Il y a eu beaucoup de journées, de rencontres et de séminaires qui ont été organisés, cependant, ils ne sont pas assez médiatisés. Les sessions de formation organisées aux quatre coins du pays rassemblent les différents spécialistes et intervenants dont les pédopsychiatres, les psychiatres, les psychologues et même les pédiatres. Ils travaillent ensemble, mais leurs travaux et actions ne sont pas médiatisés. La sensibilisation est ainsi limitée aux gens du domaine. Il faut un travail de vulgarisation car ce phénomène prend de l’ampleur. L’absence de directives et recommandations compromet les objectifs de ces journées thématiques scientifiques qui doivent être élargies au grand public.

l'Algérie  dispose-t-elle  de  suffisamment  de  spécialistes et d'établissements spécialisés ?
Actuellement, on compte quand même trois ou quatre promotions de pédopsychiatres. Cela fait quatre ou cinq ans que l’on a commencé à parler de cette spécialité dont les praticiens sont répartis aux quatre coins du pays. De petits services de pédopsychiatrie ont été ouverts à travers 35 wilayas du pays avec un service de référence à l’établissement hospitalier spécialisé en psychiatrie Drid-Hocine à Alger. Cependant, il n’y a pas une bonne architecture stratégique ou un plan national pour la prise en charge de ce problème, car chacun travaille dans son coin. Par ailleurs, il faut noter la prise en charge de l’autisme. Il y a une stratégie et l’on a ouvert plusieurs centres. C’est une bonne chose pour les enfants et pour les parents.

À quel âge peut-on permettre à un enfant l’utilisation d’un écran ?
En Algérie, malheureusement, nous n’avons pas beaucoup d’études et de statistiques concernant ces troubles, mais nous pouvons nous appuyer sur les études mondiales. Un enfant ne doit pas être en face d’un écran pendant plus d’une heure avant l’âge de 6 ans. En effet, ce n’est qu’après cet âge qu’on doit permettre à un enfant d’utiliser un écran, soit tablette, soit smartphone... Au-delà de 6 ans et jusqu’à l’adolescence, on peut tolérer une heure par jour, le cas échéant, ce comportement aura des répercussions dramatiques sur le comportement, le langage et les acquisitions sociales.  

Les écrans, c'est aussi la télévision et elle fait partie de notre quotidien. Que faut-il faire pour éviter aux enfants un contact précoce avec celle-ci ? Quid du rôle et de la responsabilité des parents ?
Il faut quand même faire de la guidance parentale. Fatigués, les parents doivent éviter de mettre les enfants devant la télévision pour souffler un peu après une journée de travail. Il faut limiter et aussi bien surveiller le contenu des émissions, les varier, adapter les programmes selon l’âge et, pourquoi pas, en faire une récompense aux enfants qui travaillent bien à l’école et qui sont sages, afin de les encourager tout en les accompagnant. Il ne faut pas les en priver non plus, car là, ce serait un autre extrême à éviter.
 

Entretien réalisé par : FAOUZI SENOUSSAOUI

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

    • Placeholder

    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

    • Placeholder

    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00