L’Actualité Selon la défense, plusieurs accusés sont bloqués à l’étranger

Vers le report du procès de l’autoroute Est-Ouest

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Mohamed MOULOUDJ Publié 20 Janvier 2021 à 21:58

C’est aujourd’hui que s’ouvrira le procès de l’autoroute Est-Ouest au pôle criminel de la cour d’appel d’Alger. Prévu pour aujourd’hui, sur décision de la Cour suprême de réexaminer le dossier dans lequel 15 personnes et 7 entreprises ont été impliquées, l’audience devrait être ajournée.

“Le procès sera reporté à une date ultérieure”, nous informe un avocat de la défense. “Plusieurs accusés sont actuellement bloqués à l’étranger, de ce fait, la justice sera dans l’obligation d’ajourner le procès”, a-t-il indiqué. Jugé une première fois en mai 2015, des avocats et des accusés ont estimé que “la justice a seulement survolé le dossier”, pourtant, “des informations nécessaires pour situer les réelles responsabilités ont été fournies à la justice”. Pour rappel, c’est en 2006 que le marché de réalisation de l’autoroute a été attribué au groupe chinois Citic-Crcc, avec un coût de 6 milliards de dollars. Sauf qu’avec plusieurs réévaluations, le projet a coûté 13 milliards de dollars, sans pour autant être livré définitivement. Le projet phare du long et coûteux règne de Bouteflika n’était pas blanc comme neige. C’est en 2009 que les soupçons de versements de commissions à des tiers commençaient à apparaître. Ce qui a poussé les services du DRS à s’y intéresser. Dans leur rapport global remis au procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs en octobre 2009, les services spécialisés du Département de renseignement et de sécurité (DRS) dans la lutte contre le crime économique ont mis en avant les “multiples” interventions de plusieurs acteurs, afin d’influencer la décision d’octroi des marchés de l’autoroute.

Le même rapport explique, essentiellement, que “le projet du siècle était une opportunité pour l’exercice de toutes sortes de manigances pour s’attirer des commissions payées rubis sur l’ongle par des entreprises étrangères à des intervenants”. Chani Medjdoub, établi au Luxembourg, Bouchama Mohamed, ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics, le défunt colonel Khaled, les frères Bouzenacha, Mohamed Khelladi, ex-responsable à l’Agence nationale des autoroutes (ANA), Adou Sid-Ahmed, propriétaire de l’Eurl Marpack, le fils d’Abou Djerra Soltani, ancien ministre et ex-président du MSP, Amar Ghoul, ex-ministre des Travaux publics, un certain Lhadj Kouidri, Hamdane Salim-Rachid, ancien directeur de la planification et de la coordination au ministère des Transports,… sont autant de personnes citées dans le rapport du DRS remis à la justice. Le rapport explique comment une toile a été tissée pour “détourner” des sommes colossales en devises.

Ce qui a provoqué des réévaluations du coût du projet. Le procédé, tel qu’expliqué dans le rapport, évoque des “interventions” tous azimuts de plusieurs personnes auprès des responsables d’institutions, notamment l’ANA, le ministère des Travaux publics et celui des Transports, pour “décrocher” des projets “à des sociétés d’amis”. Rien ne se faisait sans pots-de-vin. Les chiffres donnés dans le rapport évoquent plusieurs fois des sommes allant de 40 000 euros à 460 000 euros, sans les “pourcentages” prélevés sur chaque projet “raflé”. “La mise atteignait parfois plus de 2,5% du coût global des projets”, comme pour certains projets de téléphériques et du tramway.

Des entreprises comme la chinoise Citic-Crcc, la française Alston, les italiennes Astaldi, Pizzarotti, et Inco du groupe Anas, les tunisiennes Coba et Setauroute, la canadienne SNC Lavalin, les françaises Igis, Alstom et Keolis, l’espagnole Esolux, la suissesse Garaventa, la portugaise TPF Planege sont les autres sociétés étrangères citées dans le rapport. La plupart de ces entreprises ont dû recourir “à des hommes de main” pour obtenir des projets. À rappeler que lors du jugement de l’affaire, d’aucuns parmi les avocats et les observateurs ont dénoncé “la célérité” du traitement, qui n’était autre, selon eux, que “le résultat de la volonté de la justice de fermer un lourd dossier”. 

Mohamed Mouloudj

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