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Hommage et reconnaissance au défunt Hamid Zouba

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M'hamed ABACI (*) Publié 15 Février 2022 à 08:59

Par : M’hamed Abaci 
Financier et auteur

 

 

 

 

 

Quand le passé n’éclaire pas l’avenir, le présent marche sur les ténèbres”, disait Alexis de Tocqueville, écrivain et philosophe français.

En ce deuil du football national, nous ouvrons une très belle page de l’histoire du football algérien, riche en événements d’une autre époque qui mérite d’être remémorée aujourd’hui en hommage de l’adieu de reconnaissance et d’affection au moudjahid et footballeur Si Hamid Zouba, l’enfant d’Alger et l’ancien défenseur de l’équipe du FLN, décédé le mercredi 2 février. Il jouissait d’un très grand respect sur la scène sportive nationale et internationale. Son nom est intimement lié à l’histoire de la glorieuse équipe de la Révolution, pour le rappeler à ceux qui auraient oublié cette grande figure du monde footballistique, qui a marqué le football national et international. Il vient de nous quitter en toute douceur dans la quiétude et la sérénité de la foi, de la génération des valeurs humaines du siècle qui fut le sien, pour la transmission des valeurs du 1er Novembre et la poursuite de l’écriture de l’histoire, parce que cette génération a marqué le monde footballistique et un pan de l’histoire du sport franco-algérien durant l’épreuve de la lutte de Libération nationale. En effet, cette génération d’ambassadeurs de l’Algérie combattante a fièrement hissé l’emblème national lors des compétitions sportives internationales. 
Invité du forum El Moudjahid en date du 13 avril 2018 qui coïncidera avec le 60e anniversaire de la fondation de l’équipe FLN de football, Si Hamid Zouba a rappelé que “l’équipe FLN a joué le football avec des objectifs purement politiques. Nous avons visé trois objectifs, à savoir le message adressé à la France entière, un signe d’encouragement pour notre jeunesse et son engagement dans la lutte de libération, ainsi que faire entendre la voix de la révolution algérienne”.
Ce grand moment de deuil du football national nous rappelle assurément le souvenir de la glorieuse équipe de la Révolution algérienne des anciennes gloires historiques, celle de la patrie pour la cause de l’indépendance de l’Algérie. Cela constitue un précieux capital historique politique et sportif incontestable. Ils furent notamment d’authentiques footballeurs-militants, tant leur engagement était exceptionnel, parce qu’ils ont marqué le monde footballistique et un pan de l’histoire du sport franco-algérien durant l’épreuve de la lutte de Libération nationale, qui ont fièrement hissé l’emblème national lors des compétitions sportives internationales. L’équipe de football de la révolution a joué un rôle politique ; c’est le symbole d’une Algérie indépendante. En effet, le sacrifice de ces joueurs a permis de porter haut la voix de l’Algérie à travers le monde pour faire connaître la juste cause algérienne. L’Algérie doit être fière aujourd’hui d’une génération magnifique, symbole de patriotisme et de sacrifice, car ces footballeurs ont prouvé ainsi leur poids et leur rôle dans la glorieuse révolution du 1er Novembre 1954, qu’ils constituaient un second souffle pour le combat contre le colonialisme et pour notre indépendance. Leurs noms resteront à jamais célèbres et collés à l’histoire du football algérien pour la cause nationale. L’argent n’avait jamais constitué un préalable à cette génération pour porter le maillot de la première équipe nationale et servir la cause nationale que pour les locaux les héritiers de l’équipe de la révolution et celle de la postindépendance, des années 1963 à 1990, qui étaient un modèle de football et un monument de l’histoire sportive qui servira à toutes les générations du pays.

Une vie au service du pays
Cet hommage illustre la fidélité à la mémoire de l’immense footballeur que fut le regretté Si Hamid Zouba. Il a sacrifié sa vie entière à servir son pays à travers le football, pour porter haut la voix de l’Algérie à travers le monde, pour faire connaître la juste cause de l’Algérie combattante. Nous n’avons pas à le présenter, son histoire footballistique parle pour lui, mais nous trouvons assez triste qu’on ne puisse pas parler des noms d’une génération d’hommes historiques, des premiers sportifs-militants qui ont fait la promotion de notre glorieuse Révolution à laquelle ils ont consacré leur jeunesse et leur vie, alors que rien n’inquiétait ces sportifs tout comme ils ne manquaient de rien en France. N’est-ce pas que Ferhat Abbas, alors président du GPRA, avait dit un jour que l’équipe FLN a fait avancer la révolution algérienne de dix ans ? En effet, leur sacrifice a permis de porter haut la voix de l’Algérie à travers le monde pour faire connaître la juste cause algérienne. Parmi eux, il y en a quelques-uns qui ont sombré dans l’anonymat. Beaucoup sont décédés et n’ont plus droit de cité.
Si Abdelhamid Zouba est parmi ceux qui ont consacré une vie et une jeunesse au service de la cause nationale durant la révolution et après l’indépendance, le football national en particulier. Il faisait partie de la glorieuse équipe de football de la Révolution algérienne dans cette période parmi les plus difficiles de l’histoire de notre pays. Il a tenu son engagement envers la cause nationale en portant l’Algérie au cœur par son talent sans jamais rien demander. Il est resté fidèle, modeste et intègre, faisant prévaloir la cause de l’Algérie sur ses intérêts et sa carrière internationale jusqu’à sa mort. Pourtant, Si Abdelhamid Zouba ne manquait de rien en France, c’était un homme exceptionnel du point de vue moralité, il avait beaucoup de classe et jouissait d’un très grand respect sur la scène sportive nationale et internationale. Son nom restera à jamais célèbre et collé à l’histoire du football national et international. Il représentait une fierté pour l’Algérie avec, bien sûr, une référence que l’on doit à ce grand homme nationaliste dans l’âme et un footballeur de valeur mondiale, lui qui avait décliné avec beaucoup de fierté de rejoindre après l’indépendance son club d’origine en France. 
Sommairement, Hamid Zouba, né le 2 avril 1935 à Alger, avait débuté une carrière de professionnel en France au sein du club de Niort (1955-1958), avant de rejoindre la glorieuse équipe de football du FLN. Après l’indépendance, il a joué dans plusieurs équipes, avant de raccrocher les crampons et d’embrasser la carrière d’entraîneur. Comme entraîneur, Hamid Zouba avait dirigé la barre technique de plusieurs clubs en Algérie et à l’étranger. Il avait connu son heure de gloire en menant le MC Alger vers un triplé historique en 1976 : Championnat-Coupe d’Algérie-Coupe d’Afrique des clubs champions. Il avait fait partie du staff technique de l’équipe nationale en tant qu’adjoint et ensuite sélectionneur à quatre reprises : 1969-71 
(adjoint), 1982, 1996 et 2001.
Nous trouvons assez triste qu’on ne puisse pas parler des noms d’une génération d’hommes historiques, des premiers sportifs-militants et aussi rendre hommage et reconnaître à ces footballeurs le symbole de patriotisme et de sacrifice, qui ont fait la promotion de notre glorieuse Révolution de libération nationale. Ils ont consacré leur jeunesse, leur vie et leur carrière de footballeur professionnel à l’étranger, et tout ce qu’elle pouvait leur apporter pour répondre à l’appel de l’Algérie combattante, alors que rien n’inquiétait ces sportifs tout comme ils ne manquaient de rien en France. En effet, ils quittent leurs clubs français de divisions 1 et 2 dans le plus grand secret pour rejoindre Tunis où siégeait le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA) pour créer une équipe de football d’Algérie sous la direction de Mohamed Boumezrag, l’ancien latéral droit de Bordeaux, l’enfant d’El-Asnam, l’actuelle Chlef, où il fut désigné par la suite directeur technique et entraîneur de l’équipe FLN. C’est dans ces grands moments durs et pénibles qu’est né le football algérien, le 13 avril 1958. D’autre part, nous trouvons assez regrettable aujourd’hui que cette génération de footballeurs ne soit pas tellement mise en exergue, car son modèle de football est un monument de l’histoire sportive qui servira, à notre humble avis, à toutes les générations de l’Algérie.

Sportifs-militants
Ils ont laissé leur empreinte dans l’histoire du football planétaire, eux qui ont décliné avec beaucoup de fierté une carrière de professionnel et une sélection en équipe de France pour jouer la Coupe du monde. Ils ont préféré faire partie de l’équipe FLN, celle de la patrie. Il s’agissait de : Mekhloufi, Boumezrag, Arribi, Bentifour, Zitouni Mustapha, Amara, Kermali, Hamid Zouba, Maouche, Boubekeur, Rouai, Bouricha, Oudjani, Mazouza, Arab, Brahimi, Kerroum, Benfadha, Oualiken, Bourtal, Chabri, Haddad, Boucha, Doudou, Bekhloufi, Defnoun, Hedhoud, les frères Soukhane, Ibrir, Benfaddah, Bouchouk et tant d’autres.
 L’histoire retiendra aussi que cette génération de footballeurs qui a poursuivi le combat politique après l’indépendance en apportant une pierre à l’édifice de l’évolution du développement sportif d’une manière significative, à l’essor du football national et au développement des valeurs éthiques et morales du sport en général. À cette époque, nos clubs avaient un niveau mondial, ils se sont donnés corps et âme à la fierté de l’indépendance du pays en apposant leur supériorité dans les espaces Maghreb arabe et Afrique en remportant plusieurs titres et coupes à l’Algérie. Ils ont contribué grandement à l’essor du football algérien. En effet, l’équipe nationale s’est qualifiée deux fois consécutives à la Coupe du monde (1982 et 1986) et a remporté une fois la Coupe d’Afrique, deux médailles d’or, l’une aux Jeux méditerranéens (1975), l’autre aux Jeux africains (1978) et plusieurs fois qualifiée à la phase finale de la CAN, classée 3e en 1984, 1988 et 4e en 1982.
C’étaient les fruits d’un dur travail de performance et de formation menée successivement sous la direction de : Mekhloufi, Abdelhamid Zouba, Soukhane, Maouche, Kermali, Amara, Mustapha Zitouni, Lemoui, Khabatou, Ibrir, puis Khalef et Saadane… Nous devons nous rappeler que ces hommes ont marqué également de leur empreinte la formation et la production de grands joueurs de haut niveau dans l’histoire de l’équipe nationale postindépendance, celle de la très belle légende des années 1963 à 1990, symbole du football national, une riche histoire en performance. À l’exemple de ces célèbres footballeurs, entre autres : Lalmas, Abrouk, Kalem, Nassou, Hadefi, Freha, Ouanes, Belatoui, El-Ouazani, Bensaoula, Tahar Benfarhat, Krimo, Amirouche, Assad, Khedis, Seridi, Atoui, Beloumi, Cerbah, Mansouri, Zenir, Abdi Djillali, Ali Messoud, Merzakane, Salhi, Ighil, Guendouz, Matem, Koussim, Ouchen, Madjer, Megharia, Betrouni, Benchikh, Beloucif, Gamouh, Arab, Kouici, Selmi, Aouadj, Berroudji, Achour, Draoui, Melaksou, et la liste est encore longue. 
Hélas, de nos jours, le sacrifice, l’intelligentsia et la dignité nationale ne sont plus à l’ordre du jour. Car force est de constater que la politique et l’argent l’ont vidée de toute sa substance, à savoir de ses valeurs sociétales. Étant donné que le football national a accusé une sérieuse régression qu’on ne saurait expliquer que par cette inflation vertigineuse des salaires et des primes des joueurs soi-disant professionnels et entraîneurs et les recrutements à coups de milliards de centimes, rien n’a changé. En effet, nous avons un championnat classique et fortement subventionné par l’État. Exit donc l’investissement, la formation et, enfin, l’élévation du niveau de notre football. Notre équipe nationale est formée de plus de 90% de joueurs évoluant dans des clubs à l’étranger, y compris l’entraîneur. 

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