Contribution

La sortie de crise pour bientôt ?

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Madjid MALLEM Publié 16 Avril 2021 à 18:56

Par : Madjid MALLEM 
Cadre à l’Onou

Procéder à certains ajustements ou, tout simplement, une réorganisation pour améliorer la situation. Il est vrai que le contexte social actuel n’est pas propice à une telle réforme. La finalité serait de réussir, cette fois-ci, le pari de transcender toutes les difficultés qui freinent le secteur des œuvres universitaires.”

En réaction à la publication d’une précédente contribution consacrée aux œuvres universitaires et au projet de réforme initié par le ministre de l’Enseignement supérieur pour tenter de réhabiliter le secteur, paru dans le quotidien Liberté le 15 mars 2021, certains de mes collègues ou ceux qui s’intéressent à la question des œuvres universitaires m’ont reproché le fait d’avoir occulté le mal sournois qui ronge les œuvres universitaires, s’agissant des déperditions de toutes sortes dont la presse fait régulièrement les choux gras ou encore les cas les plus graves révélés par la justice.  

En effet, ce n’est un secret pour personne que ce phénomène a pris des proportions alarmantes portant un grave préjudice aux efforts de l’État et pouvant sérieusement mettre en péril l’aide destinée aux étudiants. De notre point de vue, il est bien de parler de ce mal qui gangrène le secteur et dont personne ne peut nier l’existence, mais le plus important à notre sens, c’est comment arrêter l’hémorragie et rompre définitivement avec ces pratiques douteuses qui ternissent l’image des œuvres universitaires.

D’autres ont soulevé la question de l’enveloppe budgétaire allouée au secteur jugée trop élevée avec un impact faible sur le niveau des prestations, ce qui est également très juste. D’où l’urgence de rétablir la situation en améliorant la qualité des prestations de telle sorte que le niveau de la dépense soit justifié. Cela n’empêchera pas de prendre les mesures nécessaires dans le sens de peser efficacement sur la baisse de la dépense.  

Des économies de bouts de chandelle, dites-vous ?
Dans notre propos, il n’a jamais été question d’une quelconque augmentation de la subvention de l’État, cela n’a pas effleuré un seul instant notre esprit. Bien au contraire, le but de notre approche reposait justement sur une rationalisation drastique des dépenses de l’État. La subtilité réside dans le fait d’augmenter le poste des bourses au détriment de celui de l’alimentation dont l’écart sera résorbé par une nouvelle tarification des repas. Est-ce sérieux de maintenir le prix du repas à 1,20 DA, alors que les pièces de 1 DA et de 20 centimes ont disparu de la circulation ? En fait, c’est une simple histoire de vases communicants entre le chapitre de la bourse et celui de l’alimentation dont l’effet attendu sera double : donner une valeur réelle à la ration alimentaire et stopper l’hémorragie du gaspillage qui sévit dans les restaurants universitaires. Il arrive très souvent que pour un dessert, on se fait resservir et jeter le reste du plateau. Il n’y a qu’à constater les quantités astronomiques de pain quotidiennement entassés à même le sol. Si on y prend sérieusement garde, il est question de faire une économie non négligeable sur le poste de dépense restauration. Plusieurs exemples de même nature peuvent être cités pour tous les produits alimentaires, il suffit juste de rester vigilant et d’appliquer vigoureusement la réglementation.

L’esprit d’une maîtrise des dépenses pourrait être également étendu au volet des approvisionnements des denrées alimentaires, en prenant soin de veiller, lors de la réception, à la qualité et à la quantité de ces produits. À ce niveau, il faut que les responsabilités des uns et des autres soient clairement établies. Il revient à l’organe prestataire, la direction des œuvres universitaires, la charge de la réception des produits en question et non aux responsables de la résidence. Il lui incombe alors le soin de désigner une commission compétente pour éviter toute décision controversée ou des intentions malveillantes. Les résultats vont rapidement apparaître sur la moyenne de la feuille de consommation journalière. Maîtriser les commandes, c’est en fait réduire le coût de la dépense. Veiller à l’application de ces règles courantes de gestion permettrait d’engranger une baisse substantielle de la facture alimentaire pouvant atteindre 10 à 15%, durant l’année.

Pour ce qui est des transports universitaires, le ministère de l’Enseignement supérieur n’a pas à se substituer à celui des transports. Une simple coordination à établir entre les deux départements ministériels suffit à régler le transport des étudiants. L’Office des œuvres universitaires (Onou), par le biais des différentes délégations, doit assurer juste les dessertes entre les résidences universitaires et les lieux pédagogiques. La question du transport suburbain aussi ne devrait pas relever du ressort des œuvres universitaires. Aujourd’hui, les capacités d’hébergement sont largement suffisantes pour prendre en charge les étudiants résidant à moins de 50 km et les étudiantes à moins de 30 km, comme il est stipulé dans la réglementation. Il conviendrait de réfléchir à un plan de transport qui prendrait en considération les besoins réels et les spécificités des villes universitaires en prenant en ligne de compte l’apport du transport classique. En parallèle, faciliter l’accès aux moyens de transport disponibles en établissant des conventions avec les entreprises concernées (SNTF, Etusa, métro et tramway).  Le défi à réaliser est double : soulager la saturation du réseau routier et éviter les doubles emplois. Il faudrait également des contrôles réguliers pour amener les prestataires à respecter le nombre de rotations exigées et éviter les arrêts prolongés à travers les artères des différentes villes. 

La démarche consiste à mettre fin à une politique caractérisée par une anarchie totale dans la répartition du nombre de bus à travers les villes universitaires et rompre définitivement avec les décisions populistes de ces dernières années. L’application de toutes ces mesures de bon sens, mises bout à bout, aboutirait à réduire sensiblement l’enveloppe consacrée au transport au moins du quart, de 20 à 25%. 

Quels impacts auront les changements sur le secteur des œuvres universitaires ?
Il faut que les lecteurs sachent que dans la nomenclature budgétaire de l’Office national des œuvres universitaires (Onou), avec la section 1, relative aux salaires et traitements(*), les deux postes alimentation et transport constituent l’essentiel de la subvention de l’État. Et si l’on parvient à réduire les dépenses rien que pour ces deux postes, l’enveloppe budgétaire consacrée au secteur serait réduite d’au moins 20%. Ce qui représente en termes de chiffres un montant non négligeable. Il n’y a qu’à consulter la répartition des montants alloués aux chapitres concernés pour se rendre compte de l’importance de ces montants.
Voilà au fond l’intérêt de notre contribution : arriver à susciter une réflexion où tous les partenaires du secteur pourront émettre leurs avis. 
Élargir la base de concertation serait le meilleur moyen de parvenir à une vision exhaustive permettant d’assainir le secteur, de mettre fin à la gabegie actuelle et de lui redonner le sens de sa raison d’être. 

Et c’est, à notre sens, l’objectif assigné à la commission de réflexion sur la réforme des œuvres universitaires qui doit rendre les conclusions de son travail à la fin du mois de mars et dont le ministre a évoqué les grandes lignes lors de sa dernière interview à El Watan du 25 mars 2021, bien qu’il ait convenu que “les prestations sont faibles au vu de l’effort de l’État”. Il serait question de proposer “un nouveau système permettant une meilleure organisation, une meilleure gestion et une meilleure prestation concernant l’hébergement, la restauration, le transport et la bourse”. Comprendre par là, procéder à certains ajustements ou, tout simplement, une réorganisation pour améliorer la situation. 

Il est vrai que le contexte social actuel n’est pas propice à une telle réforme. La finalité serait de réussir, cette fois-ci, le pari de transcender toutes les difficultés qui freinent le secteur des œuvres universitaires. En clair, la démarche du ministère ne s’éloigne pas tellement de ce qui a été préconisé dans notre contribution. Avancer avec prudence, il y a trop d’enjeux en place.
Bien qu’il soit encore prématuré de porter un jugement de qualité sur cette démarche et surtout spéculer sur les conclusions de la commission qui va présenter son texte ces jours-ci. La copie attendue devrait, en principe, prendre réellement en charge les insuffisances aujourd’hui connues de tous. Le cas échéant ce sera un nouveau coup d’épée dans l’eau sans aucune prise sur les scandales à répétition des “Cous”.

 

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