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“LIBERTÉ” jusqu’au dernier moment de notre souffle…

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Saîd ZANOUN Publié 13 Avril 2022 à 12:00

L’annonce de la disparition du journal LIBERTÉ, mon journal préféré, sans lequel je ne prendrai plus ma petite tasse de café matinale dans mon quartier deLa Redoute, est épouvantable. Espace préféré des intellectuels, des hommes de culture, des chercheurs et de ceux qui croient encore à une presse écrite professionnelle, LIBERTÉ a toujours été mon repère depuis sa naissance en juin 1992. Je m’en souviendrai encore de ce jeune journal qui venait de faire ses premiers pas dans le paysage médiatique national et qui avait ouvert ses colonnes à toutes le Algériennes et les Algériens pour s’exprimer librement et motiver les hommes de culture à aller de l’avant.
Vingt-neuf ans plus tard, c’était au mois d’octobre 2020, j’ai retrouvé des amis que j’ai côtoyés à la Radio nationale Chaîne II au début des années 1990. Hamid Saidani, rédacteur en chef, et Farid Belgacem, responsable de la page Le Radar de LIBERTÉ, m’ont grandement ouvert les portes du journal pour réaliser une interview, pour évoquer longuement ma carrière d’artiste, d’écrivain, d’homme de théâtre, mais surtout pour révéler mes premiers pas dans la bande dessinée et la caricature de presse. Ce jour-là, j’avais l’impression de renaître. J’ai rajeuni en retrouvant, le lendemain, l’interview complète dans mon quotidien d’information préféré. Et chaque jour que Dieu fait, je retrouve des artistes, des écrivains et des intellectuels que j’ai perdus de vue depuis des décennies dans les colonnes de LIBERTÉ.
C’est parce que LIBERTÉ avait cette capacité à chercher et à fouiner dans l’Algérie profonde pour donner la parole aux femmes et aux hommes de culture qui ont façonné l’histoire de l’Algérie contemporaine.
C’est pour ce que LIBERTÉ recèle de compétences journalistiques qu’il est aujourd’hui inconcevable qu’il baisse aussi brutalement rideau.
J’ai écrit beaucoup de pièces de théâtre et de romans policiers dans les années 1950 et 1960. J’ai imaginé les pires scénarios pour certains de mes personnages, y compris pour ceux que j’éprouvais de l’affection. Mais j’ai toujours laissé des brèches ouvertes pour tenter de les ressusciter, car rien n’est irréversible dans la vie.
Trente ans après sa naissance, LIBERTÉ aura vécu, au bout de sa longue épopée, le pire scénario que, pour le moment, je ne réalise guère : sa fermeture.
Sa fermeture pénalisera, sans doute et en premier lieu, les femmes et les hommes de culture que nous sommes. Nous serons désormais orphelins. Je n’ai jamais imaginé, depuis 1992, qu’arriverait le jour où je n’irai plus chez le buraliste de La Redoute pour récupérer le journal LIBERTÉ. Je perds un repère et pas des moindres. Abonné depuis 30 ans chez ce buraliste, je ne saurai remplacer une aussi prestigieuse habitude par une autre, quand bien même je pourrais le façonner.
Le journal LIBERTÉ n’est pas mort ! Il restera ce canard vivant dans le cœur de chaque Algérien jaloux d’une presse professionnelle qui a toujours fait rayonner la culture où qu’elle soit. Je suis si triste. Mais faudra-t-il céder devant la tristesse ? Je suis solidaire avec les journalistes de LIBERTÉ. Mais la solidarité suffira-t-elle pour exprimer ce que je ressens au fond de moi-même, à mon âge ? Je n’ai pas les mots. Sinon un seul : LIBERTÉ. Qui vivra à jamais dans nos cœurs. Jusqu’à notre dernier souffle…

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

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    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00