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Peut-on espérer une nouvelle politique locale ?

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M'hamed ABACI (*) Publié 12 Décembre 2021 à 08:20

Par : M'hamed ABACI
Ancien cadre financier à Sonatrach

La réussite de la décentralisation ou de la gouvernance locale impose de donner un pouvoir et d’accorder une grande responsabilisation aux élus locaux. Aujourd’hui, tout doit être repensé et revenir à la loi de 1967 qui accordait de larges prérogatives aux APC dans les domaines économique et social.

Considérée comme le dépositaire de la légitimité populaire, la commune est l’institution représentative c’est-à-dire élue, qui fait fonction d’organisation territoriale à caractère politique, administratif et économique. Il faut l’implication effective des élus (APC) dans la création de richesse, de l’investissement et de l’emploi, garants d’une bonne politique socioéconomique relative aux revenus fiscaux, à la valorisation des ressources, à l’efficacité et à la rationalité de la dépense publique et à la rentabilité du patrimoine de la commune. Cependant, la réussite de la décentralisation ou de la gouvernance locale impose de donner un pouvoir et d’accorder une grande responsabilisation aux élus locaux, car on gouverne et on contrôle bien et mieux de près, ils seront aux avant-postes de la relance économique. À vrai dire, il n’y a pas de politique qui soit efficace sans la mise à contribution des hommes à la valeur grand H, notamment un président d’APC ou d’APW doit être d’abord une personnalité et un homme de foi, de civilité, de grande compétence et de sagesse, qui plus est respectueux de la population. L’élu devra pouvoir mettre en avant plusieurs projets fondamentaux qu’il aura déjà menés à bien et démontrer ainsi une constante de sa carrière politique, professionnelle ou intellectuelle. En somme, un militant d’honneur. 
En effet, la commune constitue l’acteur direct de l’Algérie profonde et revêt une importance stratégique dans la bonne gestion des ressources locales, pour le développement des localités et des régions. Ainsi, la commune est une sous-branche de l’économie nationale, son champ d’intérêt devait constituer le poumon de la gouvernance locale pour le renforcement de l’édifice républicain, la démocratie et le développement d’économies locales et régionales diversifiées pour faire face aux réformes structurelles et aux nouvelles mutations de la société algérienne et aux évolutions du progrès des sociétés dans le monde.
La commune conçue comme le fondement de la construction de l’État est l’organe délégué du gouvernement. Sa mission consiste à veiller à la réalisation des politiques publiques, l’animation économique, le budget, le maintien de l’ordre public. Aujourd’hui, tout doit être repensé et revenir à la loi de 1967 qui accordait de larges prérogatives aux APC dans les domaines économique et social, ce qui devait constituer aujourd’hui le poumon même des collectivités locales du fait que de nos jours force est de constater que la gouvernance des communes repose en grande partie sur l’administration locale, particulièrement les chefs de daïra, dont l’influence est prépondérante dans la politique et la gestion locale. Autrement dit, l’administration locale est appelée aujourd’hui à axer ses prérogatives sur la planification stratégique et sur la régulation tout en s’interdisant toute interférence dans la gestion opérationnelle des APC. Son rôle consistera surtout à définir les grandes orientations nationales, laissant la responsabilité de la gestion des communes aux élus qui donnent eux-mêmes naissance à l’autonomie et à la décentralisation, d’où la nécessité donc de rétablir les missions fonctionnelles et opérationnelles. En effet, les quatre piliers de la politique locale qui vont donner à la commune sa véritable place sur l’échiquier socio-économique, ouvrant les opportunités pour les entreprises pour que son territoire devienne une ressource et le levier du développement économique harmonieux 
sont : la décentralisation et la régionalisation (espaces économiques et de mobilisation des élites locales), la démocratie, la participation de la société civile et les notables.
Ainsi, la question de la morale en politique qui est absolument vitale, il faudrait que les partis politiques aient des élites compétentes porteuses d’idées et d’idéaux qui tendent vers l’assurance d’un avenir politique et économique du pays qui a besoin de grands changements à l’instar des pays développés. Oui, tout élu se doit d’accomplir ses devoirs envers la société et d’exercer ses responsabilités en vrai militant pour le programme pour lequel il a été élu et posséder les capacités d'anticiper, d’innover, de redresser ou d’améliorer la situation. En effet, une commune se fait et se développe avec l’action, le propre de l’homme de la vision, de la forte personnalité et du terrain. Oui, assumer un mandat d’élu pour gouverner une commune est désormais hissé au rang de priorité majeure. C’est, en priorité, réhabiliter l’esprit du bien public qui a disparu, de construire un vrai programme pertinent et réaliste ayant pour base l’économie et la société, le maillon fort pour améliorer le cadre et les conditions de vie des populations sur les plans du pouvoir d'achat et de l'emploi. Ce qui va attester de la bonne santé et le renforcement de nos partis politiques dans le processus démocratique et la vie socio-économique qui plaide pour une Algérie nouvelle. Jusque-là, rien n’est venu interpeller nos APC/APW dans leurs fonctions premières à l’ère de l’exercice de la démocratie et du pluralisme politique pour promouvoir une politique locale et du bon usage de l’argent public. Le constat n'est, certes, pas généralisable, mais la plupart des élus n’ont pas honoré la confiance placée en eux. En effet, c'est l’homme qui fait la fonction et non pas la fonction qui fait l'homme, et le pays en a besoin aujourd’hui pour insuffler une dynamique à la vie locale. Un parti politique fort et respecté suppose la présence en son sein d’hommes, de jeunes et de femmes crédibles, intègres et dotés de compétences au service de la nation et du peuple. Aujourd’hui, l’aspect humain est un facteur des plus précieux dans le développement et le progrès d’une nation, c’est l’homme qui organise, crée, développe et gère sa communauté. Ainsi, l’homme est la seule source de richesses d’un pays. En effet, la force d’un pays ne réside pas aujourd’hui dans l’importance de l’abondance des budgets, mais bien plus dans l’habileté et la méthode avec lesquelles il gère et contrôle ses ressources. Cela pose de manière tout aussi récurrente la question de la gestion et du contrôle des finances publiques de nos régions, chères à la population à laquelle il est urgent de remédier et de proposer des solutions pérennes, car les choses sont devenues plus compliquées face à la crise de confiance entre les élus, l’administration locale et les populations à l’origine de la pression de la rue notamment, sur fond d’un constat peu reluisant sur la gestion et la gouvernance locale, quand on voit la détresse des populations à travers ces protestations et émeutes causant des pertes matérielles considérables et, parfois, dramatiques en vies humaines.
En effet, l’Exécutif des APC doit s’assurer du bon emploi de l’argent public (fonds propres et financement local). Là également intervient le concept du contribuable intéressé à l'importance de l'utilisation et du contrôle de l'argent public et de la rentabilité des finances publiques dans le développement local et d’informer le citoyen de sa destination en rendant, chaque trimestre, le bilan de la gestion et des résultats réalisés. Pour cela, leur mandat devra impérativement être soumis à un contrat de performance. Cette obligation est d'intérêt public. “Ne dit-on pas que la confiance est bonne, mais le contrôle est meilleur.” Or, contrairement à ce qui se fait dans les pays démocratiques, on constate que la plupart de nos partis politiques versent davantage dans la culture du pouvoir que dans la culture de stratégie d’État-nation. Autrement dit, nous n’avons pas encore d’hommes d’État, mais nous avons des hommes ou des élus du pouvoir qui ne servent pas les intérêts réels de la nation. Tel est le mal, à notre sens, qui ronge le système électoral et la bonne gouvernance du pays, qui prive le peuple d’une meilleure représentation, et donc, de meilleurs représentants dans les institutions. On observe, aujourd’hui, que les collectivités locales en Algérie sont au centre d’une préoccupation majeure, notamment au cœur de la problématique de la gouvernance locale, que vit aujourd’hui le pays, dont notamment l'indifférence et le mépris affichés à l'égard des citoyens qui ont souvent abouti à des situations désastreuses, car l'administré ne pouvant trouver l'écoute, la réponse à ses requêtes et le droit d'égard. Cela a donné naissance dans la gestion locale à l'absence d'esprit civique et dans presque chaque wilaya la chaîne de contestations qui a ébranlé nos collectivités locales. Jusque-là, rien n’est venu interpeller nos APC/APW dans leurs fonctions premières à l’ère de l’exercice de la démocratie et du pluralisme politique pour promouvoir la fiscalité locale dans une économie de marché. Cette fiscalité est loin de contribuer à l'équilibre du budget de la nation ou d'ouvrir de grandes perspectives économiques pour remettre les jeunes au travail. Sachant que l’APC se trouve en première ligne face à une population jeune : 70%, ayant moins de 30 ans. Cela a occasionné une crise de confiance et morale avec les populations et causant émeutes et manifestations en tous genres. En effet, nombre d'élus locaux ou députés issus de toutes tendances politiques sont passés aux commandes des APC-APW-APN sans que cela ait apporté un quelconque projet de développement socioéconomique avec, comme résultat, une valeur ajoutée ou la création de richesse et d’emplois complémentaires aux plans de relances initiés par l'État, grâce aux recettes des hydrocarbures. 
En conclusion, l’économique doit trouver son compte, particulièrement pour participer à la restructuration du PIB du pays (hors hydrocarbures), à l’accroissement de la productivité qui reste parmi les plus basses au monde et à la promotion de la fiscalité locale qui est loin de contribuer à l'équilibre du budget de la nation. Il n’y a pas, à notre connaissance, une commune qui ne possède pas de potentialités petites, moyennes ou grandes qu’il faut mettre au service de l’investisseur et de l’entreprise, ou encore ceux qui émargent aux dispositifs de l’État (Andi, Cnac, Angem...), voire les banques au moment où près de 45% de la masse monétaire circule en dehors des circuits bancaires et où le taux de bancarisation est réduit à moins de 60%. Dans les faits, la commune constitue le cadre idéal où s’expriment les aspirations de la collectivité locale. D’où l’impérieuse nécessité de multiplier l’organisation de rendez-vous de l’économie et de la finance au niveau local. En effet, d'un côté, nos APC continuent à fonctionner au rythme d'une administration fortement bureaucratisée, encombrante et limitée à une mission d'état civil et d'hygiène, de l’autre, elles sont confrontées à un important déficit en capacités managériales et d'anticipation, difficile à assumer face aux nouvelles mutations socioéconomiques du pays.

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