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Plaidoyer pour un projet de presse libre et indépendante

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M'hamed ABACI (*) Publié 23 Octobre 2021 à 20:05

Par : M'HAMED ABACI
ANCIEN CADRE FINANCIER À SONATRACH

La presse en Algérie a fait un long chemin. Elle s’est mise aux côtés du peuple en mettant sa plume au service de la patrie, des mouvements populaires ainsi que des chômeurs et des démunis. Elle a été le porte-voix des Algériens, des chômeurs, des démunis et des sans-voix, ainsi que des travailleurs, des fonctionnaires et des militants des droits de l’Homme.

L’occasion doit être donnée pour se concerter sur la situation de la 
liberté d’expression et discuter de la possibilité d’élaborer un projet de presse libre et indépendante en Algérie en réfléchissant notamment sur les actions présentes et futures à mener pour améliorer le paysage et 
l’environnement des médias.
Un important événement qui marquera l’actualité nationale de cette semaine, la Journée nationale de la liberté de la presse, coïncidant avec le 22 octobre de chaque année. D’abord, on se remémore, à cette occasion, en souvenir de tous les gens de la plume qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur noble métier ou qui ont été victimes de leur devoir d’informer. Nous avons vis-à-vis d’eux un devoir de mémoire. En effet, nous rendons hommage à ces journalistes qui ne sont plus de ce monde, dont certains sont victimes du terrorisme ou de la pression du pouvoir ou encore de la mémoire de nos martyrs tombés au champ d’honneur en héros pour une Algérie libre et indépendante. 
D’emblée, la presse nationale en Algérie est une somme de symboles et d’acquis qui font désormais partie de notre histoire politique, intellectuelle et culturelle plurielle dans un environnement politique hostile et complexe. Oui et encore oui, nous considérons que la presse a aidé le pays à ne pas s’effondrer dans le temps de la décennie noire et rouge (qui tue qui ?). Elle a beaucoup souffert à cet effet des affres du terrorisme ; elle en compte plusieurs martyrs, nous leur rendons ici un hommage particulier et appuyé. 
Mais cela ne l’empêchera pas d’être présente tous les jours sur les étals des kiosques et d’être, ainsi, aux côtés du peuple en perpétuant la flamme de la liberté d’expression et le droit d’informer avec patriotisme pour comprendre avec objectivité l’actualité politique, socioéconomique et culturelle. “Un peuple bien informé en vaut deux.” C’est un pas important qui restera dans l’histoire du pays de faire évoluer les rapports entre les structures de l’État, les Algériens et la société en tant qu’acteurs directs de l’Algérie profonde. Là, également, intervient la liberté de la presse qui véhicule l’information et contribue au développement de la société et qui a un grand rôle à jouer dans la démocratie et la lutte contre la corruption. 
Elle doit retenir davantage l’attention des pouvoirs publics en vue d’un meilleur développement et de la promotion d’une presse libre et indépendante incontournable et vitale dans l’exercice et le processus démocratique pour construire une Algérie nouvelle. Le pays, plus que jamais, vit aujourd’hui une situation des plus difficiles et traverse une phase cruciale de son histoire pour surmonter la paralysie économique et politique de l’Algérie qui fait obstacle aux réformes structurelles indispensables pour libérer le pays de sa dépendance de la rente pétro-gazière et améliorer les perspectives socioéconomiques pour les jeunes qui stagnent dans le chômage, le désespoir et la “harga”.
Ce qui nous unit, ce sont l’avenir du pays, son économie réelle et son indépendance économique. L’Algérie, c’est un territoire de 2 381 741 km2, le plus vaste d’Afrique (cinq fois le territoire français) et, enfin, un grand pays de gisements de matières premières et d’énergies renouvelables, de potentialités agricoles et industrielles, et qui peut sans problème développer son industrie pour rétablir l’avenir socioéconomique de l’Algérie.
À notre humble avis, et nombreux sont ceux qui le partagent, beaucoup reste à faire pour qu’elle joue le rôle qui lui est dévolu. En effet, la presse constitue aujourd’hui l’organe et l’assise de base de l’exercice de la démocratie participative pour la bonne gouvernance territoriale. L’Algérie célèbre sa Journée nationale de la presse, coïncidant avec le 22 octobre de chaque année. C’est une halte nécessaire pour faire le bilan de ce qui a été fait et de ce qui ne l’a pas été, c’est aussi le moment de se remettre en cause et de se demander ce qu’il y a lieu de faire pour être au diapason des attentes des lecteurs et des Algériens. Le débat en est là aujourd’hui, où chaque idée ou solution est plus importante que l’argent ou le prix du baril de pétrole.
Nous tenons aussi, en cette heureuse occasion, à présenter nos sincères félicitations aux journalistes et correspondants, en particulier à ceux qui ont participé à l’aventure qui a permis l’existence de notre presse. Bien que chaque lecteur soit différent de l’autre, la presse nationale a pu trouver la formule pour intéresser un large public. 
De notre point de vue, la presse en Algérie a fait un long chemin et a contribué grandement et pleinement à la vie générale nationale et locale. Comme aussi la corporation journalistique s’est mise aux côtés du peuple en mettant sa plume au service de la patrie, des mouvements populaires ainsi que des  chômeurs et des démunis. 
Elle a été le porte-voix des Algériens, des chômeurs, des démunis et des sans-voix, ainsi que des travailleurs, des fonctionnaires, des associations humanitaires, des démocrates, des militants des droits de l’Homme et de la société civile pour faire la lumière sur les conditions de vie et les attentes des citoyens auprès des autorités du pays. La société civile, l’élite intellectuelle et tous les Algériens en général vous saluent pour votre devoir et le droit d’informer car vos défis étaient à la hauteur de l’amour du pays et de l’engagement nationaliste pour la sauvegarde des valeurs de la République algérienne. Là, il va sans dire que c’est une presse qui est assez ouverte à l’expression citoyenne et au cœur de l’Algérie profonde, notamment de l’information locale, nationale et internationale. 
Mais ce ne sont pas tous les journaux qui ouvrent leurs colonnes aux citoyens et aux fidèles lecteurs désireux d’exprimer une idée, une opinion ou un avis quelconque. Il y a de la sélection. Nous ne dirons pas laquelle, chacun l’aura compris. 
Il est cependant primordial de signaler que, pour améliorer le contenu de nos médias, tout le monde doit contribuer à écrire l’avenir de notre presse nationale. En effet, cette Journée nationale nous interpelle en permanence pour s’élever et s’adapter à un monde de communication bouleversant. C’est une occasion pour se concerter sur la situation de la liberté d’expression et discuter de la possibilité d’élaborer un projet de presse libre et indépendante en Algérie en réfléchissant notamment sur les actions présentes et futures à mener pour améliorer le paysage et l’environnement des médias. 
En dépit des difficultés, les journalistes locaux et nationaux honorent leur mission d’information, à l’instar des journaux El Watan, Liberté, Le Soir d’Algérie, El Khabar, Le Quotidien d’Oran, l’Express Algérie, Crésus, Chélif, pour ne citer que ceux-là, qui ont chacun des journalistes ou collaborateurs animés d’une très forte volonté et de beaucoup de motivation pour donner du contenu et du sens à ce qu’ils écrivent. Aujourd’hui, son plus grand soutien est la confiance de ses lecteurs. 
Les journalistes sont appelés à jouer leur rôle prépondérant au service d’une l’Algérie démocratique pour instaurer l’Algérie nouvelle (2e République). 
Les journalistes essayent tant bien que mal d’honorer leur rôle de trait d’union entre la société et les autorités nationales et locales. Comme aussi bannir les entraves politiciennes et combattre la corruption et la médiocrité. Aussi, en soutenant la presse nationale réellement, car la presse devrait être libre et démocratique au service d’une mission d’intérêt public, nous contribuons certainement au renforcement des bases de l’État de droit pour faire avancer la société dans la vie démocratique politique et économique. La presse et les médias en général doivent véhiculer l’information et les idées qui participent à l’évolution de la pensée plurielle, à l’épanouissement culturel et au développement de la société en général. Donc, la presse a un grand rôle à jouer dans la construction de la démocratie, de la citoyenneté et de la lutte contre la corruption dans notre pays. Cela dit, la presse doit désormais retenir davantage l’attention dans cette transition capitale et décisive. Je pense qu’un peuple bien informé en vaut deux. Pour avancer dans le bon sens, rien ne vaut une bonne autocritique démocratique et inclusive, éviter le moindre dépassement si l’on veut réparer cette fracture entre le peuple et le pouvoir. Ne dit-on pas que la presse est le quatrième pouvoir ? 
En débattre serait très long, mais cette même presse doit s’adapter à l’évolution sociale et technologique. Il faut savoir que nous sommes toujours et encore dans une période de transition et de questionnements sur notre avenir. L’on doit discuter sérieusement du rôle de la presse, de ses agissements actuels et de ses dépassements. 
Il faut un diagnostic tout comme pour les autres secteurs. Il y a lieu de se pencher sérieusement sur l’avenir de la presse écrite et la manne publicitaire publique qui ne profite, hélas, qu’à quelques titres. La publicité étatique ou institutionnelle et les subventions, les avantages fiscaux, la possibilité de recruter dans le cadre de l’emploi de jeunes, d’organiser des sessions de formation que l’État devrait accorder, obligatoirement, à la presse, constituent le nerf de la guerre de l’information. 
Il y a lieu de constater que presque tous les grands titres de la presse privée jouent péniblement leur survie pour servir la société et la démocratie réelle et plurielle. 
Pour cela, on ne cesse de rappeler le rôle important que joue la corporation journalistique dans le développement local, national et la communication de l’information en temps réel sur les insuffisances constatées dans les quatre coins du pays. 
Il s’agit surtout d’écouter les citoyens et de débattre avec eux du rôle et de la place de la presse dans l’Algérie nouvelle et la société. Les citoyens, quelle que soit leur tendance politique, ont besoin aujourd’hui d’une presse crédible et intègre pour faire vivre la démocratie réelle qui les aidera à se positionner dans la vie politique, socioéconomique et culturelle. 

 

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