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Pour un observatoire de chartes architecturales

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Yahia OUARET Publié 06 Novembre 2021 à 22:40

Par : YAHIA OUARET

L'Algérie, à l’image  des  pays qui se  cherchent encore sur tous les plans, connaît un mouvement très dense autour du secteur du bâtiment ou de la construction en général.

D’ailleurs, ce  dernier  est  celui  qui  fait  travailler  un  très grand  nombre d’Algériens en dehors des secteurs des hydrocarbures et de l’administration, mais malgré cela, il reste très peu valorisé, voire contre-productif. Contre-productif, oui ! Aujourd’hui, un domaine névralgique tel que celui de la construction est en train de hisser des nations vers la prospérité et l’aisance financière à travers la plus-value générée tant sur l’économie que sur le climat social, l’interculturalité, le tourisme, l’éducation…, et j’en passe. 

N’est-il donc pas important de se poser les questions suivantes : où en est l’Algérie dans tout cela ? Pourquoi n’arrivons-nous pas à produire qualitativement ? Souffrons-nous, en tant que nation ou population, d’une allergie au beau ? Comment se fait-il qu’à l’approche de 2022, nous constatons encore qu’il y a des formules d’habitat telles que l’AADL, les LSP, les LPP ou encore les LPA avec un aspect des plus laids architecturalement et urbanistiquement parlant ? Sommes-nous conscients que nous sommes en train de faire fausse route et de perdre des années et des générations ?

L’Algérie ne mérite-t-elle pas qu’on la dessine proprement sans qu’on en fasse un sale brouillon ? Je répondrai par un non, j’estime que nous avons les capacités et les moyens de faire mieux, mais nous avons ce sentiment qu’il y a comme une sorte de force jouant à contre-courant qui arrive à se plaire dedans et surtout à gagner du terrain et à se l’approprier. Je parlerai bien des médiocres. 

Les exemples ne manquent pas pour illustrer notre incapacité à faire naître des produits aux normes répondant aux exigences du XXIe et à respecter surtout des délais précis de réalisation. C’est un constat, on ne peut se mentir ! 

Hormis les exemples concrets qui peinent à sortir du sous-sol, nous avons en amont des instruments d’urbanisme défaillants, non contextualisés, absents parfois et si existants, ils sont non respectés, bafoués et outrepassés. À qui la faute ? Le débat serait long et ce n’est pas le sujet. 

La profession d’un architecte, d’un urbaniste ou d’un paysagiste est au-delà de ce que l’Algérie est en train d’infliger à ces nobles métiers, qui, devraient être le cœur et le maillon fort dans l’échiquier pour bâtir une nation, un pays, une ville, des citoyens et enfin une histoire commune qui traversera des générations et voyagera en dehors des frontières.

La ville étant un amalgame de beaucoup de corrélations s’entrelaçant les unes dans les autres est déjà un système assez complexe pour ajouter davantage de problèmes exogènes et c’est bien le cas de l’Algérie. Par ailleurs, il s’avère que l'architecture et l'urbanisme sont des génitrices de solutions en amont et en aval et sont complémentaires pour relever un véritable défi en mettant en lumière une ville homogène, harmonieuse avec un tissu urbain qualitatif. 

Cette qualité recherchée passe par une réelle envie de changement du sommet de l’État vers le bas. Les pouvoirs publics devraient donc impérativement se poser la question suivante : où vont les villes algériennes à ce rythme ? les réponses peuvent être multiples étant donné que le constat est connu de tous, mais des solutions tangibles doivent être entreprises en urgence afin d’arrêter ce massacre auquel nous assistons impuissants. 

Devant des services administratifs dépassés et parfois nonchalants à travers lesquels des permis de construire sont délivrés et au vu du nombre important de dépassements enregistrés dans le traitement des dossiers, il est, aujourd’hui, à mon sens, primordial de créer un organisme indépendant de toute l’administration chargée actuellement de l’établissement des autorisations d’aménager afin de veiller au respect de la qualité du produit qu’on veut réaliser. 

Cet organisme pourra être un observatoire de l’architecture et de l’urbanisme siégeant dans chaque wilaya. Ce dernier doit avoir les prérogatives d’approuver ou de désapprouver des projets avant même le dépôt des dossiers de permis de construire. Il s’agit ici de ne donner l’aval qu’aux projets porteurs de certaines qualités recherchées selon chaque ville et ses spécificités. 

Cet observatoire aura pour mission d’établir une charte d’architecture et d’urbanisme opposable au tiers, il veillera à ce que n’importe quel projet, avant délivrance de n’importe quelle autorisation, soit en adéquation avec la charte en question en passant vers l’étape de la recherche de la qualité architecturale et urbanistique tant voulue.

La création d’espaces adaptés au bien-être et l’épanouissement du citoyen sera le cheval de bataille de cet observatoire. Il ne s’agit, ici, que d’un jet d’idée qui pourrait être développé et plus élaboré au fil de l’aboutissement d’un tel projet, si celui-ci est pris en considération. 

Cette proposition ne pourra être remarquable et concrétisable que si d’autres solutions sont mises en œuvre en parallèle et là, nous pouvons citer : 
• l’organisation des ateliers de travail sur la réglementation régissant le secteur de la construction déjà existante en essayant de la réévaluer, de l’enrichir et de l’améliorer de fond en comble suivant les exigences du monde actuel ; 
• la mise en place des brigades spécialisées de contrôle pour le suivi et l’application des lois en vigueur ; 
• le renforcement des staffs techniques dans les directions techniques chargées de l’étude des dossiers en les dotant des moyens humains et matériels suffisants pour l’accomplissement de leurs missions ; 
• revoir la composante des commissions ayant le pouvoir décisionnel dans l’établissement des différentes autorisations de construction ; 
• revoir les codes des marchés ; 
• établir une cartographie actualisée des différents secteurs urbains ; 
• aller vers la numérisation totale du secteur ce qui facilitera les échanges entre les différents acteurs de la ville ; 
• inciter tous les acteurs de la ville à l’utilisation des derniers moyens technologiques ; 
• créer un fonds d’aides destiné à l’accompagnement des entités attestant des efforts fournis et déployés dans le développement de leurs activités économiques ; 
• mise en place d’un nouveau système de classement des entreprises ; 
• mise en place de titres honorifiques pour les meilleurs projets à l’échelle de chaque wilaya afin d’encourager la concurrence. 

Il est à signaler qu’en fin de compte, ce n’est sans doute pas les solutions qui manquent dans un pays comme l’Algérie, mais c’est la volonté de voir les choses évoluer et aller vers le mieux. L’Algérien mérite de vivre dignement et surtout dans un cadre agréable loin de la laideur actuelle que dégagent nos villes.

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