Contribution

“Un incubateur de la pensée révolutionnaire au sein de la diaspora”

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Rédaction Nationale Publié 16 Octobre 2021 à 10:53

En ces temps d’agressivité officielle et de racisme déclaré envers nos compatriotes de France ; terre d’asile quand il le fallait et d’exclusion quand la métropole n’a plus besoin d’eux ; j’ai choisi de placer cette modeste contribution sous le signe de la dignité et de l’honneur, de celles et de ceux qui ont défié il y a soixante ans, jour pour jour, par leur engagement révolutionnaire, leur discipline et leur sacrifice, les plus hautes institutions de la Cinquième République. Soixante ans après, le “Temps de Tartuffe”, pour reprendre l’éditorial de Témoignage Chrétien signé par Hervé Bourges, témoin oculaire des actes barbares de la “gestapo française”, ce temps-là semble avoir encore de beaux jours devant lui. Faisant du déni une philosophie, la France d’aujourd’hui à l’image de celle d’hier n’hésite pas à recourir à la conspiration pensant pouvoir mettre à profit la crise que traverse notre pays pour se repositionner.

C’est faire fi des leçons d’Histoire dont celle qui a eu pour théâtre la capitale parisienne un certain 17 Octobre 1961. Plus que jamais, le général Giap, vainqueur des Français et des Américains, avait raison de dire que le colonialisme français était un mauvais élève. Les massacres de cette nuit, longtemps portée disparue du paysage français par la grâce de ses bourreaux, fait partie intégrante du combat libérateur engagé par le FLN historique, un 1er Novembre 1954. La métropole française a constitué depuis la création de l’Étoile nord africaine en 1926 une arrière base active pour les luttes politiques de notre émigration. Les luttes syndicales étaient inséparables des luttes politiques qui se menaient en Algérie pour son indépendance. Abdellah Filali, responsable de la Fédération de France PPA-MTLD avait pour consigne d’affirmer l’idée de l’indépendance de l’Algérie auprès de l’émigration algérienne. Ce sera, faut-il le rappeler même si au final l’Histoire en décidera autrement, le combat engagé par Messali Hadj dès 1926. La lutte pour le contrôle de l’émigration devenait un impératif. Créée en 1955 la Fédération FLN de France aura pour chefs successifs Mohammed Boudiaf et Mohammed Lebjaoui et Omar Boudaoud.

Ce dernier sera chargé, à l’automne 1957, par Abane Ramdane au nom du CCE, de porter la lutte armée en métropole, de faire régner un climat d’insécurité pour contraindre le gouvernement français à maintenir un maximum de troupes en métropole, mais aussi d’établir de solides rapports avec les milieux français et de les éclairer sur la cause nationale. Les groupes de choc, structurés dans l’Organisation Spéciale ou la Spéciale, porteront des coups durs à l’économie de la France. Il est dénombré “56 sabotages et 242 attaques contre 181 objectifs” d’entreprises économiques, militaires, politiques dont la plus stratégique, les dépôts de carburant à Mourepiane près de Marseille, exécutée dans la nuit du 25 au 26 août 1958. C’est une véritable catastrophe économique commente alors la presse française. De 1960 à 1961, sont ciblés les agents de force de police auxiliaire et les harkis emmenés dans les bagages du préfet Igame de Constantine, Maurice Papon rappelé par De Gaulle en mars 1958 en qualité de préfet de police de Paris devenu “capitale du FLN”.

Revenu au pouvoir De Gaulle n’entend pas négocier avec le FLN, ou du moins c’est ce qu’il laisse entendre. Tout l’appareil politico-policier est mobilisé pour combattre le FLN. C’est dans ces conditions que deux couvre-feux sont décrétés par Papon. Le premier le 1er septembre 1958 pour les Nord-Africains. Il ne sera pas respecté. Le second le 5 octobre 1961 concerne les seuls “Français musulmans d’Algérie”, auxquels “il est conseillé de la façon la plus pressente… de s’abstenir de circuler la nuit dans les rues de Paris entre 20h30 et 5h30…”.

La suite est connue. Une véritable chasse au faciès est organisée. Couverts par Papon, sous influence des parties de droite et d’extrême droite et de l’OAS métropole, les policiers se défouleront sur les “ratons”, les “bougnoules”, etc. Paris était devenue en une nuit, un véritable champ de bataille et la Seine un cimetière à ciel ouvert. L’Algérie est devenue pour le président De Gaulle “un terrible boulet”, dira-t-il à Alain Peyrefitte. “Il faut le détacher. C’est ma mission. Elle n’est pas drôle… Mais c’est peut-être le plus grand service que j’aurai rendu à la France” (in. A. Peyrefitte. C’était De Gaulle. La France redevient la France, 1994, p.59).

Le reste n’était plus qu’une question de temps. Réda Malek décrit dans ses mémoires l’ambiance qui régnait à Évian. Le chef de la délégation française “cheveux hirsutes, en bras de chemise qui venait d’avoir le général De Gaulle au téléphone” semblait pressé d’en finir. Le dossier Algérie venait d’être bouclé et De Gaulle libéré du “boulet”. Le 17 Octobre a été un véritable accélérateur de l’Histoire, un incubateur de la pensée révolutionnaire au sein de toute la diaspora algérienne en France. Un élément déterminant, tout comme les manifestations de Décembre 1960 en Algérie, dans l’issue finale d’un combat libérateur.

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