Culture SOUFFLES…

Ce peuple de vote !

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Amin ZAOUI Publié 16 Juin 2021 à 22:03

© D. R.
© D. R.

Pour comprendre les élections en Algérie, il faut repenser le rapport de l’individu et de la communauté à  l’Histoire et  à  la  religion. Depuis les premières élections de l’histoire de l’Algérie indépendante, le citoyen est dans une comédie théâtrale. Il est comédien malgré lui, spectateur ronfleur dans l’obscurité de la salle ou sujet de divertir pour ladite pièce ! Condamnation. 
Le vote n’est pas un simple bulletin glissé dans une urne sans fond et sans forme. Le vote n’est pas une grimace singée et autosatisfaite face à la caméra d’une télévision sombre ! Le vote est un acte plus compliqué et plus complexe. Une décision. Une conscience. 
L’électeur n’est pas une carte ni un nombre dans une communauté, ni une main applaudissant un parti tombant de la dernière pluie ou un représentant d’une tribu ou d’un âarch, il est le faiseur d’une décision historique. 
L’électeur n’est pas un bulletin ni un butin !
L’abstentionniste, par son absence responsable, est producteur d’un acte politique réfléchi, repensé et pesé. L’abstention n’est pas la grasse matinée politique et le pique-nique le jour du vote. L’abstention est le silence crieur. L’abstention est la présence par l’objection. L’abstention est un front politique, consciente de son rôle et de son action alternative. 
Tant que l’Algérien n’a pas réglé son problème avec deux éléments fondamentaux qui façonnent son imaginaire, sa soumission et son aliénation, à savoir l’Histoire et la religion, cet Algérien n’arrivera jamais à accéder au statut d’électeur citoyen. Il demeurera la proie d’une manipulation idéologico-religieuse continue.
Il n’y a pas de vote civilisationnel en l’absence de la citoyenneté participative comme projet de concurrence politique. La concurrence politique loyale n’est pas une question d’âarch, de dynastie ou d’Allah. 
Dans une société prise en otage entre le religieux et le nationalisme enrhumé, les résultats de toute élection sont connus d’avance. Ils sont partagés entre ceux porteurs du discours religieux fanatique et ceux coursiers du discours vantant l’Histoire nationale d’une façon puriste ou fanfaronne. Les deux approches, la religieuse et la nationaliste démesurée, sont similaires. Elles versent dans la sacralisation et la diabolisation. Les deux approches se rejoignent, elles sont, philosophiquement parlant, religieuses. De ce fait, les élus sont chargés d’une mission théâtrale. Quiconque veut fasciner l’Algérien lambda use du discours religieux ou du discours d’historique mensonger sur la révolution. Ces deux discours sont faits pour repêcher les dupés ou les égarés de société.
Comme à chaque rendez-vous politique, cela perdure depuis l’indépendance, les discours se ressemblent et se répètent. Les mêmes joueurs se succèdent sur la même scène dans une comédie théâtrale sans fin. Les spectateurs de la pièce théâtrale votent pour Allah ou pour les représentants d’Allah. D’autres votent pour les pseudo-Larbi Ben M’hidi, les pseudo-Ziroud Youcef, les fausses Djamila Bouhired…
Heureux les martyrs qui n’ont rien vu de notre réalité !
Sans la culture libératrice comme partage citoyen, il n’y aura pas de vote civilisationnel, politiquement correct. Un peuple qui ne va pas au cinéma ne peut pas voter juste et libre. Une société qui ne fréquente pas le théâtre ne peut se prendre en charge librement. Un citoyen qui n’a jamais lu un roman ne peut pas imaginer un avenir autre que celui imposé par les “clowns de la politique” politicienne. Une société qui ne sait pas la signification d’une “galerie d’art”, d’une toile, ne comprendra jamais le sens d’une urne. Et pour cela, nous tournons en rond ! 
Une école qui formate les nouvelles générations, génération sur génération, en faisant de nos enfants les talibans de demain, ne permettra jamais à comprendre le sens du mot “voter”. “Voter” est un concept relevant du temporel et notre école est noyée dans le charlatanisme et le fanatisme. “Voter”, c’est se sentir libre et aider l’autre à se sentir de même.  Une université algérienne, avec ses douktours qui renforcent le sale boulot de l’école en enseignant l’Histoire falsifiée, ne peut que produire, que reproduire, une aliénation sociétale chronique. Cette université ressemble à la chaîne de production d’un produit manufacturé, un citoyen, avec un trouble d’identité. Le peuple qui nie son Histoire, qui ne comprend pas les dessus-dessous de son Histoire, qui ne connaît pas son Histoire ne peut pas aller voter pour construire son futur éclairé.
 

A. Z.
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