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Comme un mode d’emploi pour lire la Palestine

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Amin ZAOUI Publié 31 Mai 2021 à 22:06

© D. R.
© D. R.

Le confit entre Palestiniens et Israéliens n’est pas religieux. La guerre entre les deux protagonistes n’est pas religieuse. Le problème est politique relevant de la colonisation et de la décolonisation et qui fait appel à la religion pour rallumer le feu de la haine dans les deux camps. Il n’y a pas plus féroce et plus sale qu’une guerre dite religieuse ou sacrée. 
Depuis la Neqba en 1948, deux facteurs ont perturbé le parcours historique de la lutte du mouvement national de libération de la Palestine. Deux facteurs qui ont essayé de l’enterrer vivant et saignant :
1- Le premier facteur est le panarabisme dans sa version baathiste et nassériste. Dans un comportement chevaleresque, le panarabisme a étouffé la cause palestinienne dans des slogans raciaux et irréalistes. Des slogans idéalistes mensongers qui sont coupés de la réalité quotidienne politique et socioéconomique du citoyen arabe et nord-africain. Il faut préciser que l’Afrique du Nord, elle aussi, a été touchée de plein fouet par cette idéologie du panarabisme, excepté le système du président tunisien Habib Bourguiba qui a persévéré seul contre vents et marées. 
Le mouvement de libération de la Palestine fut un fonds de commerce politique juteux ; exploité par le panarabisme nassériste-baathiste pour régler ses problèmes internes politico-sociaux. Et il demeure jusqu’au jour d’aujourd’hui le fonds de commerce politique le plus rentable, conjuguant le populisme religieux, la fierté tribale panarabiste et la colère sociale. Un fonds de commerce exploité par les pouvoirs du panarabisme nassériste-baathiste pour éteindre tout mouvement d’opposition, écraser toute voix de diversité et étouffer toute tentative de changement radical. Le panarabisme nassériste et baathiste a fait deux guerres contre Israël, et en deux fois il a perdu la guerre, et en deux fois il a perdu de nouvelles terres arabes, annexées ultérieurement par Israël. Les deux défaites sont transformées en victoire phraséologique mensongère. Après la disparition du raïs Nasser, la mort de Boumediene, la mort de Hafez Al-Assad, l’exécution de Saddam Hussein, la fin de Kadhafi… le mythe fondateur du panarabisme nassériste-baathiste s’est éteint.  La faillite du panarabisme nassériste-baathiste est flagrante, sur le plan national comme sur le plan régional. Cette idéologie n’a pu régler ni le développement économique dans leurs pays ni la question palestinienne. Elle a appauvri les populations des pays arabes, semé la peur dans les milieux politiques d’opposition. Elle a ouvert des prisons pour toutes les voix opposantes politiques et culturelles.  
2- Le deuxième facteur, c’est l’islamisme. Après la défaite du panarabisme nassériste-baathiste, c’est l’avènement de l’islam politique populiste.  Profitant de la gestion catastrophique économique et politique menée par le système panarabiste nassériste-baathiste, exploitant dans l’accumulation de la colère sociale exprimée par le citoyen arabe et nord-africain pendant un demi-siècle, des années 1950 jusqu’aux années 1980, l’islamisme s’est installé comme alternative de salut. Le panarabisme nassériste-baathiste a constitué un lit confortable pour la naissance de l’islamisme. À l’instar du panarabisme, l’islamisme a brandi, lui aussi, et dès son apparition politique, l’emblème de la libération de la Palestine comme slogan central pour l’endoctrinement populiste. Mais cette-fois ci pas au nom du panarabisme racial, mais au nom de la religion : “L’islam est la solution de tous nos problèmes : de la Palestine jusqu’à la mini-jupe de la femme.”   L’islamisme a mis la main sur la société arabe et maghrébine qui se trouvait déjà dans l’impasse politique et dans la colère sociale suicidaire. Les mosquées sont devenues, sur le plan rhétorique, des bureaux de recrutement fictif et virtuel des “moudjahidine” pour la libération de la Palestine ! 
Après la victoire mensongère des deux guerres donquichoteiennes menées par le panarabisme nassériste-baathiste contre Israël, une autre guerre, cette fois-ci purement religieuse, est déclarée dans les prêches et dans les prières. Et d’un seul coup Jérusalem a remplacé la Palestine, puis la mosquée d’Al Aqsa a remplacé Jérusalem. Puis le sultanat de Gaza a remplacé la Palestine. Puis Hamas a remplacé le mouvement de libération de la Palestine. Depuis sa création, le mouvement de libération national de la Palestine a été la victime du panarabisme qui ne lui a laissé aucune marge de manœuvre nationale. Puis ce mouvement de libération nationale, petit à petit, a été noyauté par le courant des frères musulmans qui l’a coupé du monde et l’a vidé de tout soutien humaniste universel.  La question palestinienne n’est pas une question religieuse ni raciale, elle est une question de décolonisation.   
 

A. Z.

 

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