Culture “La vallée et le temps qui passe”, tome 2 de Azzouz Chidekh

El-Milia, des légendes et une histoire

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Amor ZOUIKRI Publié 21 Mars 2021 à 23:23

© D. R.
© D. R.

Quelque part dans une vallée, à El-Milia, une ville reliée par un grand cours d’eau, l’Oued El- Kébir, à la Méditerranée, au nord, et à Constantine, au sud, se déroule l’histoire de ces hommes que Chidekh Azzouz retrace à une certaine époque. L’auteur, médecin de son état, dépeint, avec encore plus de nostalgie, dans le tome II de son récit La vallée et le temps qui passe, paru aux  éditions El-Maher en février dernier, l’histoire et les hommes qui ont fait El- Milia. Il fait une immersion dans le temps et dans l’espace et fait parler les souvenirs d’une certaine époque où ces hommes vivaient humblement, mais avec sagesse, dans la contrée d’Arfa, une bourgade rurale à la périphérie de la grande vallée d’El-Milia. L’un d’eux est l’oncle Madani. Solitaire, mais sage, il dégage le souffle d’un personnage qui incarne la légende de cette grande tribu autour de laquelle s’est implantée la bourgade d’Arfa.

C’est à travers ce récit que se tissent l’histoire des archs, composés de la grande tribu des Ouled Aidoune aux racines authentiquement berbères. Dans l’un de ces passages, l’auteur s’interroge dans le sillage de son récit sur l’origine de l’accent nasillard d’un de ces arouchs, Ouled Kassem. “L’aïeul aurait-il un problème nasal ?”, s’est interrogé l’auteur qui note que cette tribu noie dans son parler le “L” dans le “N”. Au-delà de cet accent, qui intrigue jusqu’à ce jour, l’auteur de l’ouvrage continue son récit et nous emmène dans sa propre histoire qui raconte la bravoure d’un autre homme, l’oncle Lakhdar. Issu de la même tribu, il est tisserand de son état. Dans son village, dans la vallée d’El-Milia, il tenait un magasin de vente de tissu.

À une certaine période de la guerre de Libération nationale, il s’est illustré par un acte de bravoure, resté dans les anales de la mémoire locale comme étant un geste héroïque. Ce jour-là, oncle Lakhdar a sauvé par son honneur l’offense qu’ont fait subir des soldats de l’armée coloniale à des femmes de la vallée. En représailles aux actes de guerre des combattants de l’ALN, des soldats de l’armée française ont fait venir des femmes au centre du village d’El-Milia avant de les dévêtir totalement. Le crime est à son comble et l’offense à l’honneur et à la pudeur de ces femmes est à son apogée. Totalement dévêtues, c’est oncle Lakhdar qui les tire de cet épisode d’un crime, dont le souvenir odieux est resté intact dans la mémoire des habitants de la vallée.

Oncle Lakhdar intervient et va chercher furtivement ses tissus pour couvrir ces femmes et leur rendre leur honneur et leur pudeur violée par cet acte de guerre des plus infâmes. De son magasin, il ramène des tissus et les jettes sur le corps de ces femmes. Sans craindre la réaction brutale des militaires de l’armée coloniale, il s’illustre par ce geste héroïque. Par cet acte, oncle Lakhdar boucle cet épisode dans le récit de Chidekh Azzouz. D’autres personnages sont venus enrichir le récit des légendes d’une vallée aujourd’hui dénaturée par tant de transformations intervenues dans le sillage de l’exode qu’elle a connu. Aussi, c’est la mutation du rural vers l’urbain qui est notée avec regret quand le monde rural où vivaient ces hommes perd sa consistance. L’auteur nous renvoie dans les transformations de la vallée de l’oued El-Kébir. C’est dans cette vallée qu’El-Milia prit ce nom. Des gens de Mila (Mileviens) prirent rendez-vous chaque mardi avec les arouchs de la région pour se réunir de ce qui représente le marché hebdomadaire de nos jours. Ainsi s’achève un récit qui revient sur les circonstances de la création du bordj d’El-Milia en 1856 par les occupants français qui s'installent dans cette forteresse autour de laquelle se greffèrent des rues et des quartiers au tout début de l’occupation coloniale…  

Amor Z.

Azzouz Chidekh, La vallée et le temps qui passe, tome 2, éditions El-Maher, 152 pages. 500 DA. Février 2021.

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