Culture LA CASBAH OU CITADELLE DE ANNABA

Entre découvertes archéologiques et urgence de restauration

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BOULEDROUA-CHIHAB FATIMA ZOHRA Publié 04 Janvier 2022 à 16:28

© D. R.
© D. R.

À forte valeur historique et mémorielle, la Casbah ou Kasbah de Annaba, communément appelée la citadelle hafçide, est depuis quelques mois le centre d’intérêt de plusieurs acteurs culturels bônois.

Dans cette effervescence sans précédent, la société civile joue un rôle de taille. Constituée d’associations culturelles et de bénévoles indépendants, ce noyau central a pu attirer l’attention de la population en même temps que celle des autorités publiques pour effectuer des visites et faire connaître et valoriser ce bien culturel mobilier classé, dont la situation était devenue jusqu’à lors alarmante. 

La dernière action en date entamée début décembre dernier, et qui se poursuit à ce jour, a permis de découvrir fortuitement lors d’une action de désherbage ce qui semblerait être des ruines archéologiques. Interviewé par Liberté, M. Amar Nouara, directeur du musée et site antique d’Hippone, explique : “Nous avons saisi par écrit le ministère de la Culture et des Arts pour nous envoyer des spécialistes en archéologie islamique dans le but d’évaluer ce que nous avons trouvé. Nous n’avons pas effectué de fouilles, nous avons découvert par hasard ce que nous pensons être les restes du mihrab de la mosquée sud de la citadelle hafçide.”

Il ajoute : “Selon le manuscrit historique El Hadaya el Malakya décrivant la ville au XIIIe siècle, la citadelle hafçide se composait, entre autres, du palais de l’émir, de la mosquée nord et de la mosquée sud. L’on suppose donc que ce sont les restes du mihrab de la mosquée sud que nous avons trouvés.

Nous attendons les spécialistes pour confirmer ou infirmer l’hypothèse émise.” Une autre découverte historique a été révélée par M. Amar Noura : “Une bâtisse contenant des arcs est devenue visible suite à un effondrement de terrain au centre de la casbah.”

La citadelle ne semble pas avoir livré tous ses secrets ; il conclut : “Nous avons découvert des inscriptions indiquant des noms de prisonniers, en plus de celles que l’on connaissait déjà relatives à la guerre de révolution. La date 1864 y est marquée, ce qui nous pousse à penser que la citadelle fut une horrible prison depuis l’époque de la résistance populaire du cheikh Zaghdoud.” 

Action de valorisation 
La Casbah de Annaba fait l’objet d’une opération de valorisation depuis le 28 novembre dernier : nettoyage, désherbage, abattage et taille des arbres. Un élan de solidarité s’est enclenché entre société civile et directions sectorielles.

M. Abdelkim Larguèche, enseignant chercheur et président de l’association Médina pour la préservation du patrimoine, explique : “La principale urgence est la maintenance du lieu. Nous devons remédier en premier au problème de la végétation. Les arbres ont poussé à l’intérieur des murs et risquent de les faire tomber. Pour ce faire, nous avons réussi à travailler en collaboration avec plusieurs structures pour mener à bien cette opération. Il reste encore à faire.”

“Plusieurs acteurs ont participé à cette opération de valorisation ; nous citons : la direction de la culture et des arts de la wilaya de Annaba, le musée d’Hippone, l’APC, la direction des forêts, l’entreprise régionale du génie rural, la daïra, la wilaya, la population et des opérateurs privés”, ajoute M. Abdelkrim Larguèche. Tout porte à croire que les efforts consentis commencent à porter leurs fruits, mais les urgences restent nombreuses.

“Nous devons impérativement préserver les inscriptions à l’intérieur des cellules de la bâtisse qui servait de prison ; ils sont en train de s’estomper à cause de l’humidité”, martèle M. Abdelkrim Larguèche.

Pour rappel, l’association Médina pour la préservation du patrimoine est devenue l’acteur principal dans ce mouvement. L’on y organise depuis deux ans des conférences et des sorties sur le terrain au niveau de tous les sites historiques et des sites classés. Ses membres accordent une importance particulière à la casbah.

“La casbah est un patrimoine culturel et naturel. C’est l’une des raisons qui nous ont poussés à créer l’association. C’est une casbah unique, car elle n’est pas reliée à la médina ; sa situation particulière lui permet un panorama visuel de 360 degrés sur toute la ville de Annaba. Un atout qu’on ne retrouve pas ailleurs”, argumente le président de l’association. 

Il est à noter que la Casbah de Annaba fut construite sous le règne des Hafçides entre 1284 et 1300. Elle culmine sur Djebel Abed en plein centre-ville à 109 m de hauteur, en face de la vieille ville. Elle devient une prison entre 1945 à 1962. Abandonnée depuis 1964, elle est restée fermée et inexploitée. Elle s’est délabrée par manque d’entretien malgré son classement patrimoine national depuis 1978. 

Ce qui était une forteresse n’est autre qu’une énorme richesse pour Annaba.  Les Bônois sont décidés à redorer son blason. Cependant, une question importante mérite d’être posée : à quand la levée du gel par le ministère de la Culture et des Arts du projet de restauration de la Casbah (citadelle) de Annaba ? 
 

BOULEDROUA FATIMA ZOHRA

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