Culture “Aramel” de la metteuse en scène Chahinez Neghouache

Époustouflante Nadjla Tarli

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Kamel GHIMOUZE Publié 29 Mars 2021 à 20:58

La pièce “Aramel” de Chahinaz Neghouache. © D. R.
La pièce “Aramel” de Chahinaz Neghouache. © D. R.

Auréolée de sa double consécration au dernier Festival national du théâtre professionnel, la bande à Chahinez Neghouache, la metteuse en scène d’Aramel (veuves), n’a pas démérité pour son retour sur scène.

Ce n’est d’ailleurs pas un fait du hasard si les organisateurs de la neuvième édition du Printemps théâtral de la ville de Constantine l’ont sélectionnée pour donner le la à cette manifestation qui crée déjà l’évènement culturel dans la ville des Ponts suspendus et suscité l’intérêt des adeptes du quatrième art aux quatre coins du pays. 

Une sorte de reconnaissance value par un spectacle et à même d’assurer un auguste baptême du feu à ces journées. Longuement applaudies par le public, Mouni Boualam (Assia), Yasmine Abassi (Yasmine) et surtout la lauréate du prix de la meilleure interprétation féminine au dernier FNTP, Nadjla Tarli (Ahlam), furent les complices d’un bel enchaînement scénique totalement détaché des chuchotements des travées de la majestueuse bâtisse du théâtre régional de Constantine.

Un spectacle captivant néanmoins pour des spectateurs qui ont réagi aux répliques et gestuelles de la servante tantôt naïve et parfois insidieuse Ahlam. Adaptation de l’œuvre L’école des veuves du dramaturge, cinéaste et poète français Jean Cocteau, Aramel raconte le veuvage tumultueux d’Assia qui décide par amour et par fidélité de suivre son défunt mari dans la mort et se mit au jeûne volontaire comme premier pas vers l’au-delà.

À sa grande stupéfaction, elle découvre par l’entremise de sa servante Ahlam que son défunt mari n’était pas l’homme aimant et fidèle qu’elle croyait. Tentée dans un premier temps de suivre sa maîtresse dans son projet suicidaire, Ahlam se ravise et entreprend, non sans peine, des approches de dissuasion en direction de sa souveraine.

De révélations pernicieuses lâchées maladroitement par la servante, veuve elle aussi, à l’arrivée sur le lieu de l’échange amer sur l’infidélité et la brutalité des hommes, de la secrétaire aventurière du défunt, le lot de divulgations s’amplifie. L’échange n’absout pas Assia de la présomption de culpabilité. Elle qui aurait mis à contribution sa fortune pour séduire et épouser un homme qui flirtait déjà avec le succès et la célébrité de par son activité d’auteur aspirant à l’honorabilité.

Séquences entrecoupées par la narration limpide de la conteuse Yasmine qui participe à l’assimilation de la trame au moment où les envolées aux tonalités changeantes d’Ahlam, l’époustouflante Nadjla Tarli en l’occurrence, permettaient des intrusions distanciées du décédé et du gardien du cimetière qui, au-delà de la compassion, manifestait un intérêt particulier à la veuve.

La serveuse, qui fit miroiter les plaisirs charnels de la vie pour dissuader sa patronne, parviendra enfin à annihiler l’intention funeste d’Assia qui finit par se parer  de ses plus beaux atours pour aller à la rencontre du vigile des caveaux. Une pièce qui raconte l’amour et la fidélité mais que la réalisatrice conçoit comme un hymne aux plumes féminines incarnées pourtant par le troisième rôle dévolu à Yasmine, la cantatrice de cette histoire qui n’est autre que la détentrice du prix du meilleur espoir féminin au FNTP.

Un spectacle qui évoque, selon sa réalisatrice Chahinez Neghouache, la problématique posée par la maîtresse de maison et sa servante, veuves toutes les deux, à savoir comment la femme qui donne et façonne la vie d’un homme peut-elle devenir son propre souffre-douleur si elle n’est pas elle-même victime des hypocrisies conventionnelles auxquelles elle se soumet ?

 

Kamel GHIMOUZE

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