Culture COMÉDIEN, DIRECTEUR DE THÉÂTRE ET METTEUR EN SCÈNE

Hadj Smaine, le fondateur du théâtre constantinois tire sa révérence

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Yasmine AZZOUZ Publié 06 Septembre 2021 à 19:35

© D. R.
© D. R.

De la télévision au cinéma, en passant par le théâtre, Hadj Smaïne était une figure incontournable de la première génération de comédiens professionnels dans l’Algérie post-indépendance. Son passage à la tête du TR de Constantine de 1977 à 1992 signera l’âge d’or du 4e art de cette ville. Le pari gagnant de Smaïne est de former une jeune troupe dynamique, passionnée et authentique.

Hadj Smaïne Mohamed Seghir quitte la scène de la vie après à 91 ans ; autant dire une carrière et un parcours bien remplis consacrés dès sa prime jeunesse à l’art et à la comédie. Celui qui fut tour à tour acteur, directeur de théâtre, comédien, technicien et régisseur tire sa révérence dans la ville de Los Angeles, où est établi son fils, le réalisateur Anouar Hadj Smaïne, apprend-on du comédien Hakim Dekkar. Le défunt a pris part à de nombreuses œuvres cinématographiques considérées comme majeures dans l’histoire du 7e art algérien. 

La Bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo, Chroniques des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina, les feuilletons El Harik et El Intihar de Mustpaha Badie pour la télévision, Les Enfants de Novembre de Moussa Haddad sont les quelques œuvres dans lesquelles il s’est illustré aux côtés d’autres mastodontes, tels Sid Ali Kouiret, Brahim Haggiag ou Hassan El Hassani. Au théâtre, il s’était illustré dans les années 1950-1960 dans des adaptations de pièces classiques et contemporaines de Brecht, d’Ionesco, de Sartre, de Cordreaux, etc. 

En 1952, il rejoint l’éphémère troupe “Ahl El Kahf” (Les gens de la caverne) de Toufik Kheznadar pour la représentation de la pièce Les Oiseaux voraces, une adaptation de la comédie Volpone du dramaturge anglais Ben Jonson, confiait-il à nos confrères d’El Watan en 2017. Son amour pour les planches le mènera quelque temps plus tard à Paris, après l’obtention d’une bourse attribuée par un organisme culturel appelé “Éducation populaire”.

Fort de cette expérience acquise en France au Théâtre de la Renaissance et au Théâtre national de Paris où il occuperan tour à tourn le poste d’animateur, de comédien, assistant et régisseur, dira Dekkar, Hadj Smaïne revient au pays et intègre le Théâtre national algérien. Les années d’or de cette institution se feront avec lui et la génération des Hadj Omar, Mustapha Kateb, Allel El Mouhib.

Dans l’Algérie postindépendance, Hadj Smaïne est une figure incontournable. Des années 1960 à 1970, il prend part à des pièces et productions avec Rouiched, Nouria, Kelthoum et tant d’autres.

Vers la fin des années 1970, il forme la jeune troupe du TRC (Théâtre régional de Constantine) composée de jeunes diplômés de l’ex-Institut national des arts dramatiques et chorégraphiques (Inadc) de Bordj El-Kiffan.

Hakim Dekkar dira à propos de la création de la troupe : “Avec Salim Merabia, qui en était le directeur artistique, ils ont fait du Théâtre de Constantine un théâtre populaire, qui représentait la réalité et les contradictions de notre société.”

Sur le passage de feu Hadj Smaïne à la tête du Théâtre régional de Constantine entre 1977 et 1992, le comédien dira : “C’était un directeur très intelligent doublé d’un bon gestionnaire. Un artiste qui, avant tout, ne s’est jamais contenté de son rôle purement administratif. Parfois, son instinct reprenait le dessus, et participait à monter des pièces de théâtre.

Parallèlement au 4e art, il travaillait aussi pour le cinéma et des réalisateurs comme Laskri avec Patrouille à l’Est, Le Moulin de monsieur Fabre et bien d’autres films. Il avait de la classe, un style unique et, surtout, une culture et une intelligence hors normes”, a-t-il ajouté. 
 

Yasmine AZZOUZ

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